Renseignement : La date du lancement du satellite français d’observation CS0-3 reste encore incertaine

Lancé dans le cadre du projet européen MUSIS [Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, reconnaissance and observation], le programme CSO [Composante Spatiale Optique] prévoit de mettre sur orbite trois satellites d’observation aux performances significativement accrues par rapport à leurs prédécesseurs, à savoir Helios 2A et Helios 2B.

Les deux premiers satellites de cette constellation ont été lancés par une fusée russe Soyouz, depuis le Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou et sous l’égide d’Arianespace en 2018 et en 2020.

Ainsi, CSO-1 a été placé sur une orbite héliosynchrone phasée, à 800 km d’altitude. D’une masse de 3,5 tonnes, il s’agit d’un satellite « manoeuvrant » car il est capable de prendre des images à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge d’une même zone géographique sous plusieurs angles. Quant à CSO-2, il évolue à une altitude de 480 km afin de photographier des sites d’intérêt en « extrême haute résolution », ce qui permet d’atteindre un niveau de détail similaire à celui offert par des capteurs aéroportés.

Normalement, CSO-3 aurait déjà dû rejoindre la même orbite que celle de CSO-1. Sauf que son lancement, initialement prévu en 2021, a été retardé à plusieurs reprises, à cause de problèmes rencontrées lors de la mise au point de la nouvelle fusée Ariane 6, ArianeGroup ayant fait état, dès 2020, de « difficultés techniques imprévues » amplifiées par la pandémie de covid-19.

Pendant un temps, le ministère des Armées a envisagé d’avoir de nouveau recours à un lanceur Soyouz… Mais la guerre en Ukraine et la décision russe de suspendre toute collaboration dans le domaine spatial avec les Occidentaux l’obligèrent à revoir sa copie.

Cela étant, et selon un nouvel échéancier proposé par ArianeGroup, Ariane 6 aurait dû effectuer son vol inaugural durant le second trimestre 2022. Et le ministère des Armées s’en était accommodé pour le lancement de CSO-3. « Le décalage induit sera d’environ un an mais il n’y aura pas d’impact opérationnel à court terme », avait-il assuré, avant de souligner que CSO-1 et CSO-2 fournissaient « déjà un nombre d’images très important. »

Seulement, en octobre dernier, ArianeGroup a annoncé que la mise en service d’Ariane 6 ne pourrait finalement pas avoir lieu d’ici le 4e trimestre 2023… Et il est désormais question d’un nouveau décalage.

En effet, ce 9 août, l’Agence spatiale européenne [ESA] a fait savoir que, selon ArianeGroup, Arianespace et le Centre national d’études spatiales [CNES], le premier vol d’Ariane 6 serait a priori programmé en 2024. La décision dépendra des essais qu’il reste à effectuer.

Ainsi, prévu à l’origine le 18 juillet mais reporté à cause d’un souci technique, un court allumage [au sol] du moteur Vulcain 2.1 de l’étage principal d’Ariane 6 doit être réalisé le 29 août prochain. Puis un second allumage, d’une durée de 500 secondes [ce qui correspond à sa durée d’utilisation en vol] est prévu pour le 26 septembre prochain. Le même jour, un essai de mise à feu du moteur réallumable Vinci [destiné à l’étage supérieur du lanceur] devrait être effectué à Lampoldshausen [Allemagne].

Maître d’oeuvre des lanceurs européens, l’ESA ne pourra être en mesure de préciser la « fenêtre de lancement » d’Ariane 6 pour 2024 qu’à l’issue des tests prévus le 26 septembre, a en effet indiqué Joseph Aschbacher, son directeur général.

En attendant, la date du lancement de CSO-3, qui doit donner à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et à la Direction du renseignement militaire, une fonction de « revisite », reste incertaine… Et si un retard d’un an ne posait pas de problème au niveau opérationnel, il risque d’en aller autrement en cas d’un nouveau décalage. D’autant plus que le ministère des Armées a l’intention d’accélérer le programme IRIS, appelé à prendre la suite de CSO. Un premier satellite, doté d’une capacité dite EHRmin et de miroirs en carbure de silicium, doit être lancé avant 2030.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]