La Russie a simulé des frappes de missiles Iskander-M contre des « cibles critiques » depuis Kaliningrad

Étant donné que l’Otan a désormais les moyens d’accentuer sa mainmise sur la mer Baltique, avec l’adhésion récente de la Finlande et, sans doute prochainement, celle de la Suède [qui doit encore attendre le feu vert de la Turquie et de la Hongrie, ndlr], la Russie redoute que sa liberté de mouvement soit menacée dans cette région par le déploiement de capacités de déni et d’interdiction d’accès [A2/AD], ce qui pourrait entraver le trafic maritime vers Saint-Pétersbourg et isoler davantage l’enclave de Kaliningrad.

D’où les manoeuvres navales régulièrement menées par les forces russes en mer Baltique, à l’image de celles qui, appelées « Bouclier océanique 2023 », ont été lancées la semaine passée avec une trentaine de navires et autant d’aéronefs. « Des mesures seront élaborées pour protéger les voies maritimes, transporter des troupes et du fret militaire ainsi que pour assurer la défense du littoral », a ainsi expliqué le ministère russe de la Défense.

Mais de telles manoeuvres ne sont pas seulement navales. En effet, ce 9 août, Moscou a indiqué qu’un « exercice divisionnaire » venait d’avoir lieu depuis Kaliningrad. Celui-ci a ainsi mobilisé des unités dotées de missiles Iskander-M, lesquelles ont simulé des frappes « contre des postes de commandement, des aérodromes, des noeuds ferroviaires et d’autres cibles critiques ».

Pour rappel, le système Iskander [code Otan : SS-26 Stone] utilise des missiles 9M723 d’une portée avoisinant [officiellement] les 500 km. Leur trajectoire est quasi-balistique, c’est à dire qu’elle peut être modifiée en vol afin de contrer les défenses antimissiles et/ou accroître la précision en phase terminale. Ils peuvent emporter une charge conventionnelle de 500 kg ou une ogive nucléaire.

Avant le début de la guerre en Ukraine, Moscou a surtout utilisé le missile Iskander comme une « arme politique », en annonçant son déploiement dans l’enclave de Kaliningrad en réaction aux annonces de l’Otan au sujet de la mise en place d’un bouclier anti-missile en Pologne [ainsi qu’en République tchèque].

Quoi qu’il en soit, le ministère russe de la Défense n’a pas désigné le pays contre lequel de telles frappes ont été simulées. Cela étant, en fonction de la portée des missiles 9M723, la Pologne, les pays Baltes, l’est de l’Allemagne et le sud-est de la Suède pourraient être concernés.

En juin 2022, l’Estonie avait accusé les forces russes d’avoir simulé des frappes contre son territoire. « Lorsque la Russie mène des exercices militaires, quel que soit son nom, elle s’entraîne généralement à attaquer d’autres pays », avait estimé Kalle Laanet, alors ministre estonien de la Défense.

Par ailleurs, le 8 août, Berlin a proposé à Varsovie de prolonger, jusqu’à la fin de cette année, le déploiement de trois unités de systèmes de défense aérienne Patriot dans la région de Zamosc, localité située dans l’est de la Pologne, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.

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