La Biélorussie a lancé un exercice militaire près du corridor stratégique de Suwalki

Long de plus de 85 kilomètres pour 35 de large, le corridor de Suwalki relie l’enclave russe de Kaliningrad à la Biélorussie et marque la séparation entre la Lituanie et la Pologne. Ce qui veut dire que si jamais il venait à être bloqué par les forces biélorusses [et/ou russes], alors l’Otan aurait des difficultés à acheminer des renforts vers les pays baltes. D’où l’attentation particulière que lui porte l’organisation, celle-ci y ayant organisé plusieurs exercices militaires au cours de ces dernières années.

Or, depuis quelques temps, la Biélorussie, proche alliée de la Russie, fait monter la tension avec la Lituanie et la Pologne, deux membres de l’Otan [et de l’Union européenne]. Aussi, tant à Varsovie qu’à Vinius, on redoute des opérations dites « hybrides », c’est à dire conduites sous le seuil de déclenchement d’un conflit avec l’intention de déstabiliser les pays visés. Et cela d’autant plus que les forces biélorusses peuvent désormais compter sur le renfort du groupe paramilitaire russe Wagner, dont l’effectif s’éleverait désormais à au moins 3500 combattants [d’autres sources avancent le nombre de 7000].

« Il est très probable qu’ils [les combattants de Wagner] se déguiseront en garde-frontières biélorusses et aideront les migrants illégaux à pénétrer sur le territoire polonais afin de déstabiliser la Pologne », a récemment estimé Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais. Et d’ajouter : « Ils essaieront très probablement d’entrer en Pologne en se faisant passer pour des migrants illégaux, ce qui constitue une menace supplémentaire ».

D’ailleurs, le 7 août, les garde-frontières polonais ont demandé le renfort de 1000 soldats supplémentaires auprès du ministère de la Défense afin de faire face à un afflux de migrants illégaux. « 19’000 personnes ont déjà tenté de franchir illégalement la frontière polono-biélorusse, contre 16’000 l’année dernière », a justifié le général Tomasz Praga, le commandant de la Garde frontalière.

Or, le même jour, la Biélorussie a annoncé qu’elle venait de lancer de nouvelles manoeuvres militaires dans la région de Grodno, située près du… corridor de Suwalki. Et son ministère de la Défense a expliqué qu’elles s’inspireraient de l’expérience de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine et qu’elles impliqueraient « l’utilisation de drones » ainsi qu’une « interaction étroite entre les unités de chars et d’infanterie mécanisée ».

Évidemment, il n’est pas exclu que le groupe Wagner y prenne une part active. En juillet, Minsk a fait savoir que les mercenaires russes allaient entraîner ses forces spéciales « aux missions de combat sur le terrain de Bretsky », près de la frontière avec la Pologne.

En attendant, les responsables polonais et lituaniens ont déjà fait savoir, la semaine passée, qu’ils seraient prêts à faire face aux provocations de Moscou et de Minsk… après que deux hélicoptères biélorusses ont été accusés d’avoir violé l’espace aérien de la Pologne.

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