Niger : Pour Paris, la junte n’est pas légitime pour mettre fin à la coopération avec les forces françaises

Contrairement à leurs homologues maliens et burkinabè, qui attendirent plusieurs mois avant de dévoiler leur jeu, les putschistes nigériens se sont empressés de dénoncer les accords militaires noués avec la France depuis 1977. Et donc d’inviter les forces françaises à se retirer de leur pays.

En effet, le 3 août, la junte a annoncé sa décision de mettre un terme à la coopération militaire avec la France, celle-ci étant accusée d’avoir une « attitude désinvolte » et de ne pas accepter la situation engendrée par la destitution de Mohamed Bazoum, le président élu.

Pour rappel, la France compte plus d’un millier de militaires au Niger, déployés sur la base aérienne projetée [BAP] de Niamey [laquelle met en oeuvre des drones MQ-9 Reaper et des Mirage 2000D] ainsi que, dans le cadre d’un « partenariat de combat » avec les forces armées nigériennes [FAN], dans les secteurs d’Ouallam et d’Ayorou, frontaliers avec le Mali. D’autres pays y sont également engagés militairement. C’est notamment le cas des États-Unis, de l’Italie et de l’Allemagne.

Quoi qu’il en soit, le ministère français des Affaires étrangères a dit avoir « pris note » de la décision de la junte nigérienne… et fait valoir que celle-ci était nulle et non avenue.

« La France rappelle que le cadre juridique de sa coopération avec le Niger en matière de défense repose sur des accords qui ont été conclus avec les autorités nigériennes légitimes », a en effet réagi le Quai d’Orsay, quelques heures après l’annonce faite par les putschistes. Ces autorités « sont les seules que la France, comme l’ensemble de la communauté internationale, reconnaît », a-t-il ajouté.

Cela étant, à moins d’un rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions et d’un retour à l’ordre constitutionnel, maintenir la présence des forces françaises paraît compliqué… En attendant, la France a suspendu toute coopération avec les FAN depuis le coup d’État.

D’après une source diplomatique française citée par l’AFP, Paris estime que le retour du président Bazoum est encore possible… Et de mettre en avant l’existence de rivalités au sein de la junte, le chef de celle-ci, le général Tchiani, étant en froid avec le général Salifou Mody, l’ancien chef d’état-major des FAN poussé vers la sortie en mars dernier.

« On est face à un groupe qui ne savait pas très bien dans quoi il s’est lancé, qui est probablement pris au dépourvu par la rigueur de la réaction internationale et la rigueur du président Bazoum qui a fait savoir qu’il ne démissionnerait pas de ses fonctions », a expliqué cette source. Et d’insister : « Étant dans l’impasse, le groupe tente d’impressionner et jouer l’escalade mais il reste confronté à un front très uni de la communauté internationale ».

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