Niger : Les putschistes redoutent une « intervention militaire étrangère »

L’instigateur du putsch qui a renversé le président nigérien, Mohamed Bazoum, n’aura pas mis longtemps à sortir du bois. Lors d’une allocution télévisée diffusée quarante-huit heures après l’annonce de la création d’un « Conseil national pour la sauvegarde de la patrie » [CNSP], le général Abdourahamane Tchiani s’est autoproclamé, de fait, chef de l’État et justifié le coup d’État par « la dégradation de la situation sécuritaire », due à une approche qu’il a jugée inefficace « en dépit des lourds sacrifices consenties par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié » des partenaires de Niamey, dont la France, les États-Unis et l’Union européenne [UE].

Jusqu’à présent, le général Tchiani était à la tête de la Garde présidentielle [GP] nigérienne, un poste qu’il occupait depuis 2011. Des rumeurs sur son éventuelle éviction ont sans doute précipité les évènements. Par ailleurs, un autre n’aura pas tardé non plus à se manifester… En effet, présent à Saint-Pétersbourg pour le sommet Russie-Afrique, Evguéni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, s’est félicité du coup d’État survenu au Niger, en usant du même registre qu’il avait utilisé pour le Burkina Faso et le Mali.

Par ailleurs, et alors que le Niger tient une place centrale dans le dipositif militaire français au Sahel, la junte n’a pas mis longtemps à décocher ses premières flèches contre la France. Alors que les frontières du pays sont fermées depuis qu’elle a pris le pouvoir, elle a accusé un avion de transport A400M « Atlas » de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] d’avoir « violé » l’espace aérien nigérien. Le ton est désormais donné…

Cela étant, et même si le général Tchiani peut se prévaloir du soutien de l’état-major des forces armées nigériennes [FAN], il n’est pas question pour la France et les États-Unis de le reconnaître comme chef d’État légitime.

Depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le président Macron a dénoncé un « coup d’État […] parfaitement illégitime [sic] et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région ». Et il a appelé à la « libération » de Mohamed Bazoum, que les autorités françaises considérent comme le seul à être « légitime » car « démocratiquement élu ». En outre, il a aussi avancé qu’il restait en contact avec son homologue nigérien.

« Nous réitérons dans les termes les plus fermes les demandes claires de la communauté internationale appelant à la restauration sans délai de l’ordre constitutionnel et du pouvoir civil démocratiquement élu au Niger », a ensuite affirmé le ministère français des Affaires étrangères.

De son côté, l’Union européenne [UE] a également condamné le coup d’État au Niger… et prévenu que « toute rupture de l’ordre constitutionnel aura des conséquences » sur sa coopération avec Niamey, avec la « suspension immédiate de tout appui budgétaire ».

Quant aux États-Unis, ils ont condamné « les efforts visant à renverser par la force l’ordre constitutionnel au Niger » et « affirmé que [leur] partenariat dépend de la continuité du régime démocratique ». Et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a dit avoir « discuté avec le président Bazoum » pour lui « exprimer le soutien » de Washington.

Quoi qu’il en soit, ces réactions n’ont visiblement pas d’effet sur la junte qui, en retour, a adressé une mise en garde.

« Certains anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières, sont dans une logique de confrontation », ont dénoncé les putschistes via un communiqué diffusé ce 28 juillet. Cette « attitude belliqueuse, dangereuse et périlleuse n’aura d’autre résultat que le massacre de la population nigérienne et le chaos », ont-ils ajouté, avant de prendre « à témoin l’opinion nationale et internationale sur les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère ».

Lors de son allocution télévisée, le nouvel homme fort du Niamey a assuré que la junte a la « volonté de respecter tous les engagements internationaux » et demandé « aux partenaires et amis du Niger, en cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos forces de défense et de sécurité, garantes de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et des intérêts supérieurs de notre nation ».

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