Pour la première fois, des Rafale français vont participer à des manoeuvres au Japon

Les liens entre Paris et Tokyo dans le domaine de l’aviation sont anciens : le premier avion à voler dans les cieux nippons fut un Farman, piloté par Tokugawa Yoshitoshi, lequel avait obtenu son brevet en France. Puis, afin de constituer sa propre force aérienne, le Japon se procura des Nieuport [en 1912], puis des hydradravions et des SPAD de conception française.

En outre, durant la Première Guerre Mondiale, le baron Kiyotaké Shigeno s’illustra aux commandes d’un SPAD VII de l’escadrille des Cigognes après s’être engagé… dans la Légion étrangère et devint l’un des premiers pilotes militaires japonais. Et, en 1919, le gouvernement français, alors dirigé par Georges Clemenceau, nomma le colonel Jacques-Paul Faure à la tête de la « Mission Militaire Française de l’Aéronautique au Japon ». Et Tokyo commanda 40 Nieuport, 80 Salsom 2A2 et 100 SPAD XIII.

Seulement, les relations diplomatiques – et donc militaires – entre Paris et Tokyo se dégradèrent durant la décennie 1930… pour virer au conflit lors de la Seconde Guerre Mondiale, avec l’invasion de l’Indochine par l’armée impériale japonaise. Puis, ayant capitulé devant les États-Unis, le 2 septembre 1945, le Japon devint une sorte de protectorat américain. Et l’histoire franco-japonaise en matière d’aviation de combat fut définitivement éteinte…

D’ailleurs, quand il fut question de remplacer les F-4 Phantom des forces aériennes d’autodéfense nippones au début des années 2010, la France ne jugea pas utile de soumettre la candidature du Rafale, contrairement au Royaume-Uni, qui défendit, sans succès, celle de l’Eurofighter Typhoon face au F-35A de Lockheed-Martin. Mais la proposition britannique n’a sans doute pas été vaine… puisque le Japon a rejoint le projet d’avion de combat de 6e génération « Tempest » [rebaptisé « Global Combat Air Programme »].

Quoi qu’il en soit, et malgré quelques tiraillements récents avec les réticences de Paris au sujet de l’ouverture d’un bureau de l’Otan à Tokyo, les relations franco-japonaises se sont renforcées tant au niveau diplomatique que militaire au cours de ces dernières années. Au point que, en 2019, le Japon avait dit souhaiter la visite du porte-avions Charles de Gaulle en 2019… ce qui, au passage, aurait permis de célébrer le centenaire de la mission dirigée par le colonel Faure… Mais ce voeu ne put être exaucé.

Cependant, l’édition 2023 de la mission PEGASE [Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est] aura permis de renouer avec le passé… puisque deux Rafale, un avion ravitailleur A330 MRTT et un A400M Atlas de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] sont arrivés sur la base aérienne de Nyutabaru, laquelle abrite des F-15J du 305e Escadron de chasse tactique des forces aériennes d’autodéfense japonaise [JASDF].

Ce déploiement constitue une première depuis 1919… En tout cas, il sera l’occasion pour l’AAE de prendre part à un exercice aérien inédit avec son homologue japonaise.

Selon le ministère nippon de la Défense, ces manoeuvres conjointes s’étaleront sur deux jours. Elles viseront à « améliorer les compétences tactiques » de la JASDF, à « promouvoir la compréhension mutuelle » et à « approfondir la coopération » franco-japonaise au profit d’un « Indo-Pacifique libre et ouvert ».

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