L’armée de l’Air et de l’Espace trouve « intéressant » un projet de drone MALE français

Si la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 a confirmé la mise en service de six systèmes « Eurodrone » d’ici 2035, les interrogations au sujet de ce programme demeurent, notamment au sujet de ses capacités, de ses caractéristiques [il affichera une masse de 10 tonnes, ndlr], de ses coûts et des délais de livraison. Lors de l’audition du général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE] au Sénat, en mai dernier [le compte rendu vient d’être publié, ndlr], le sénateur Cédric Perrin s’en est d’ailleurs fait encore l’écho.

En tout cas, le général Mille a admis que l’Eurodrone sera livré à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] avec du retard par rapport à ce qui avait été envisagé initialement. « Il arrivera à la fin de vie du [MQ-9] Reaper. Nous y voyons son successeur, avec des capacités de souveraineté et de montage des systèmes que nous déciderons d’installer à bord », a-t-il dit.

Cependant, rien n’empêche l’AAE d’être à l’affût d’autres solutions possibles. En tout cas, c’est ce qu’a souligné le général Mille.

« Nous examinons attentivement les nombreux porteurs de projets. J’ai encore reçu la semaine dernière un acteur qui est venu présenter un projet intéressant. Ces projets correspondent au secteur du drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance], de la responsabilité de l’armée de l’Air et de l’Espace, mais j’attends de voir les premiers vols » car « il s’agit de bien identifier ce qui peut passer du papier à la réalité dans des délais raisonnables », a confié le CEMAAE aux sénateurs.

Et d’ajouter : « Le constructeur en question présente l’intérêt de prendre des équipements sur étagère et de les intégrer dans une structure qu’il a développée et qui est souveraine. Nous pourrons obtenir des éléments d’information complémentaires au Bourget ».

Le drone évoqué par le général Mille ne peut être que l’Aarok, dont il a été beaucoup question lors du dernier salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. Développé sur fonds propres par le français Turgis & Gaillard, cet appareil est effectivement « ITAR Free », c’est à dire qu’il ne contient aucun composant d’origine américaine. En outre, il a été « conçu pour répondre aux normes de certification et faciliter l’utilisation d’équipements français déjà existants et qualifiés ».

Disposant d’une endurance supérieure à 24 heures, l’Aarok peut emporter une charge utile de 1,5 tonnes, dont quatre bombes dotées d’un kit AASM [Armement Air Sol Modulaire] et deux missiles anti-chars. Il peut effectuer des missions dites ISR [renseignement, surveillance et reconnaissance], de suppression des défenses aériennes ennemies [SEAD] et d’appui feu. Quant à son prix, il serait de l’ordre de 5 à 10 millions d’euros.

Pour rappel, la LPM 2024-30 prévoit d’investir 5 milliards d’euros dans le développement et l’acquisition de drones. Cette enveloppe servira à financer l’Eurodrone… mais aussi le successeur du démonstrateur nEUROn, lequel accompagnera le Rafale porté au standard F5.

Photo : Turgis & Gaillard

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