Un rapport britannique qualifie le processus d’achat d’avions d’alerte avancée E-7 Wedgetail de « folie absolue »

En 2021, la Royal Air Force [RAF] retira du service ses quatre derniers E-3D AWACS, se privant ainsi d’une capacité d’alerte avancée pourtant essentielle pour assurer la surveillance de l’espace aérien britannique. En effet, il était prévu de remplacer ces appareils par cinq E-7 « Wedgetail », commandés auprès du constructeur américain Boeing… mais à partir de 2023.

Seulement, la revue stratégique de défense publiée par Londres en mars 2021 modifia ce plan, en réduisant à trois le nombre de E-7 « Wedgetail » destinés à la RAF. Alors à la tête de cette dernière, l’Air Chief Marshal Mike Wigston critiqua a demi-mots cette décision lors d’une audition parlementaire en disant espérer que la cible initiale serait « progressivement » rétablie dans les années à venir…

En attendant, et alors qu’une mise à jour de la revue stratégique est en cours, la Chambre des communes vient de publier un rapport [.pdf] dans lequel elle étrille la façon dont est mené le programme « E-7 Wedgetail », évoquant une « folie absolue, non seulement en termes financiers mais aussi en termes opérationnels ».

S’agissant des économies devant être engendrées par la réduction de la commande initiale, elles sont marginales, relève le rapport. En effet, les cinq E-7 « Wedgetail » devaient coûter 2,1 milliards de livres sterling… Alors que le ministère britannique de la Défense [MoD] aura à débourser 1,89 milliards pour seulement trois exemplaires. Et cela pour des raisons contractuelles.

En effet, le MoD s’est engagé à payer cinq radars MESA [Multi-role Electronically Scanned Array] fournis par Northrop Grumman. Et comme il s’agit du système principal du Wedgetail, réduire la commande de deux unités ne change finalement pas grand chose… D’autant plus que les trois appareils commandés sont des Boeing B737NG d’occasion devant être convertis par STS Aviation.

Par ailleurs, la capacité opérationnelle initiale [IOC] du premier Wedgetail ne pourra probablement pas être prononcée en 2023, comme attendu… mais au mieux en 2024, voire en 2025. Et cela à cause d’un retard pris dans les négociations contractuelles entre la Defence Equipment & Support [DE&S, l’équivalent britannique de la DGA française] et Boeing.

« La DE&S négocie toujours un FBC [Full Business Case] et un contrat de support en service associé avec Boeing, qui auraient déjà dû être finalisés avec succès il y a longtemps », déplore le rapport parlementaire.

Et celui-ci souligne que la situation actuelle a été rendue plus délicate par le « fait que les E-3 Sentry, que les Wedgetail doivent remplacer, ont été retirés du service peu de temps après la publication de l’examen stratégique de 2021 ». Ce qui, poursuit le texte, a « créé un important déficit capacitaire, surtout en raison de la guerre en Ukraine ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]