Un navire « océanographique » de la marine russe s’attarde dans la zone économique exclusive des Pays-Bas

Rattaché à la Flotte russe de la Baltique, et non à la Direction principale de la recherche en eaux profondes [GUCI], le navire de recherches océanographiques « Amiral Vladimirsky » a récemment fait parler de lui pour avoir navigué pendant plusieurs jours dans Moray Firth, à environ 30 nautiques des côtes écossaises, et plus précisément au niveau de Lossiemouth, qui abrite une importante base aérienne. Ce qui n’était pas une première, la Royal Navy ayant déjà eu affaire à la marine russe dans ce secteur à au moins deux reprises par le passé.

Plus tard, il a de nouveau été question de ce navire océanographique russe dans une enquête publiée en avril dernier par plusieurs médias nordiques. En effet, ceux-ci affirmèrent que l’ « Amiral Vladimirsky » avait été repéré à proximité de grands parcs éoliens installés en mer du Nord. Ce qui suggérait que sa mission consistait à cartographier les infractructures énergétiques de la région, voire les câbles sous-marins de télécommunications, qui y sont relativement nombreux.

D’ailleurs, la Belgique avait fait savoir, quelques semaines plus tôt, qu’elle enquêtait sur le « comportement suspect » d’un « navire espion » russe repéré en novembre 2022 près de ses infractructures énergétiques sous-marines. Et cela sans préciser l’identité du bateau en question…

« La présence de navires russes en mer du Nord n’est pas interdite en soi, mais nous surveillons cela de près. Nous ne connaissons pas les motivations exactes de ce navire russe, mais ne soyons pas naïfs. Surtout s’il se comporte de manière suspecte à proximité de nos parcs éoliens, de nos gazoducs et câbles de données sous-marins et d’autres infrastructures critiques. Nous prenons d’ailleurs les mesures nécessaires pour mieux les sécuriser », avait alors expliqué Vincent Van Quickenborne, le ministre belge de la Justice.

Quoi qu’il en soit, les soupçons concernant l’ « Amiral Vladimirsky » ne changent rien à l’affaire… puisque celui-ci a de nouveau été repéré en mer du Nord, et plus précisément dans la zone économique exclusive [ZEE] des Pays-Bas, le 28 juin. Et il s’y trouve encore…

Selon les données de son système d’identification automatique [AIS], qui n’est pas forcément activé en permanence, et les interceptions de ses bulletins météorologiques quotidiens envoyés par radio, il semble que le navire russe s’intéresse particulièrement aux parcs éoliens et aux câbles sous-marins présents dans la ZEE néerlandaise. En tout cas, il ne semble pas pressé étant donné qu’il naviguerait à une vitesse comprise entre 1 et 5 noeuds.

« Un navire qui se trouve depuis si longtemps dans la ZEE néerlandaise doit attirer l’attention de la marine et des services de renseignement. La Défense ne nie pas qu’il y ait un navire russe, mais dit qu’elle ne veut faire aucune déclaration à ce sujet pour le moment », a rapporté le site spécialisé néerlandais Marine Schepen.

D’après un radio-amateur [et par ailleurs ancien de la Royal Air Force] qui compile les messages qu’il envoie par radio, l’ « Amiral Vladimirsky » se trouvait encore dans la ZEE néerlandaise au soir du 6 juillet. Mais apparemment plus pour très longtemps car sa dernière position identifiée suggère qu’il a mis le cas vers les côtes britanniques, en longeant visiblement quatre câbles sous-marins de télécommunications [Scylla, Ulysse 2, Zeus et Circe North].

La Convention des Nations unies sur le droit de la mer n’interdit pas la présence d’un navire militaire dans une ZEE étrangère… à la condition qu’il ne se livre pas à des actes hostiles. Et si Moscou affirme que l’ « Amiral Vladimirsky » mène une mission de recherche scientifique, il faudrait pouvoir apporter la preuve du contraire pour que la marine royale néerlandaise puisse éventuellement agir [et pour l’instant, elle se contente de le tenir à l’oeil, avec la frégate Zr.Ms. De Ruyter]. Cela étant, un acte de sabotage est peu probable… dans la mesure où celui qui serait tenté de le commettre ferait en sorte de brouiller les cartes pour rendre impossible son attribution.

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