La Marine nationale veut disposer d’essaims de munitions rôdeuses sous-marines

Ces derniers temps, en raison de leur usage intensif durant la guerre en Ukraine et des projets LARINAE et COLIBRI, lancés par l’Agence de l’innovation de défense [AID], il a beaucoup été question des drones aériens « kamikazes », encore appelés munitions rôdeuses [ou téléopérées]. Sur les mers, les embarcations téléguidées [ou autonomes] chargées d’explosifs peuvent être rangées dans cette catégorie d’armements. Cela étant, celles-ci ont montré leurs limites : peu discrètes à l’approche d’un navire cible, elles sont susceptibles d’être rapidement neutralisées.

D’où l’intérêt du système Gotors qui, développé par la jeune entreprise française Arkeocean, permet de faire évoluer un essaim pouvant compter jusqu’à 200 drones sous-marins [ou AUV pour Autonomous Underwater Véhicles / robots autonomes sous-marins]. Et cela en s’appuyant sur une technologie de guidage acoustique.

Dévoilée lors de l’édition 2022 de l’opération I-Naval, organisée par la Direction générale de l’armement [DGA] et l’Université de Toulon. celle-ci permet en effet de coordonner les mouvements d’une « meute » de robots autonomes sous-marins, grâce à un module appelé SEAKER. Et cela ouvre de nouvelles perspectives.

Ainsi, l’une des applications possibles consisterait à utiliser un grand nombre de drones sous-marins à bas coûts et chacun dotés d’un récepteur acoustique afin d’en faire une « grande antenne synthétique d’écoute discrète » pour des missions de lutte anti-sous-marine ou de protection des approches maritimes. La DGA a d’ailleurs lancé le projet PROTEUS, afin de développer un démonstrateur d’antenne sonar surfacique de 500 mètres de long et de 100 mètres de hauteur.

Mais la technologie d’Arkeocean peut être utilisée pour des actions plus « offensives ». Et c’est d’ailleurs pour cela que cette entreprise vient de se voir attribuer le label Perseus par l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] et l’ingénieur général Thierry Carlier, le numéro deux de la DGA.

Selon le communiqué diffusé par le ministère des Armées, le projet porté par Arkeocean consiste à développer un « système d’essaims de drones sous-marins » pour « neutraliser un navire de guerre ». Et de préciser qu’il est appelé à « être déployé depuis un navire de surface ».

Déjà qu’une torpille nécessite une batterie de contre-mesures pour préserver l’intégrité d’un navire, des munitions rôdeuses sous-marines évoluant en essaim ne pourront que compliquer davantage la donne… par un effet de saturation.

Selon Tamara Brizard, la gérante d’Arkeoceans, ce projet a obtenu le label Perseus après un essai ayant consisté à lancer une « attaque saturante » contre une frégate durant l’exerice HEMEX Orion 2023.

Par ailleurs, deux autres projets ont obtenu le label « Perseus ». Ainsi, NAZDAC, développé par Safran, vise à mettre au point un système de navigation qui, destiné aux embarcations ECUME des commandos marine, permettra de se passer de la géolocalisation par satellite [GPS]. Porté par Thales, SENTINEL est un « intercepteur radar » pour les frégates de premier rang. Il a déjà fait l’objet d’essais au sein du groupe aéronaval [GAN], lors de la mission ANTARES.

Pour rappel, Perseus est l’un des piliers de la dernière version de Mercator, le plan stratégique de la Marine nationale, qui estime que l’innovation technologique est « facteur de supériorité opérationnelle ». Il doit permettre d’intégrer plus vite les idées susceptibles d’aboutir à des « capacités déterminantes pour les combats futurs », en favorisant le rapprochement entre les industriels, la Direction générale de l’armement [DGA] et ses unités opérationnelles.

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