Otan : La Roumanie souhaite la présence permanente de forces allemandes sur son territoire

En janvier 2022, alors que la tension entre Moscou et Kiev allait crescendo, le président Macron fit savoir que la France était prête à être la « nation cadre » d’un groupement tactique devant être déployé en Roumanie au titre de l’Otan. Aussi, quand les troupes russes s’aventurèrent en Ukraine, le 24 février 2022, Paris lança sans tarder la mission Aigle, avec le déploiement d’environ 500 militaires sur la base roumaine « Mihail Kogalniceanu », près de Constanta.

Depuis, ce bataillon multinational, auquel contribuent les États-Unis, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Portugal, la Pologne et la Macédoine du Nord, a pris ses quartiers dans un camp construit à cet effet à Cincu. En outre, le dispositif français a pris de l’épaisseur, avec notamment le déploiement d’un système Air-Sol Moyenne Portée / Terrestre [SAMP/T ou Mamba], mis en oeuvre par une centaine d’aviateurs.

Par ailleurs, lors du sommet de l’Otan organisé à Madrid, en juin 2022, les Alliés décidèrent de « muscler » leur posture sur leur flanc oriental en faisant évoluer les huits groupements tactiques déjà déployés [Lituanie, Estonie, Lettonie, Pologne, Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie] vers des formation de la taille d’une brigade « là où et lorsque cela sera nécessaire ».

La France doit « pouvoir élever » son engagement en Roumanie « au niveau d’une brigade, si la situation le réclamait », c’est à dire déployer plusieurs milliers de soldats, affirma M. Macron à l’époque. Et cela alors que les forces françaises – principalement l’armée de Terre – étaient déjà engagées en Estonie, au sein d’un groupement tactique dirigé par le Royaume-Uni.

Mais, visiblement, le nouveau Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu en attend davantage. Lors d’un déplacement à Berlin, le 4 juillet, il a dit « espèrer » la « présence permanente » de forces allemandes en Roumanie dès que cela sera possible.

« Je connais la décision de l’Allemagne d’envoyer 4000 soldats [en Lituanie]. J’espère que, dès que possible, nous aurons des soldats allemands stationnés en permanence sur le territoire de la Roumanie », a-t-il en effet déclaré, lors d’une conférence de presse donnée au côté d’Olaf Scholz, le chancelier allemand. Et de justifier sa position par sa crainte de voir la guerre en Ukraine s’éterniser. « Il est évident que ce sera un conflit de longue durée », a-t-il dit.

Pour rappel, alors qu’elle est déjà engagée militairement en Slovaquie, l’Allemagne envisage la présence permanente de l’équivalent d’une brigade en Lituanie, où elle est « nation cadre » du groupement tactique de l’Otan qui y est déployé depuis 2017.

Cela étant, Berlin contribue déjà à la défense de la Roumanie, avec le déploiement ponctuel d’avions de combat Eurofighter EF-2000, dans le cadre de la mission « Enhanced Air Policing South » [eAPS] de l’Otan. Par ailleurs, lors du conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu à Paris à l’occasion du 60e anniversaire du Traité de l’Élysée, le 22 janvier dernier, il a été décidé que la Brigade franco-allemande [BFA] se déploierait en Lituanie et en Roumanie.

Reste que, s’il a dit soutenir l’entrée rapide de Bucarest dans l’espace Schengen, M. Scholz s’est gardé de commenter le propos de son homologue roumain… Et, selon la Deutsche Welle, il a surtout mis l’accent sur la coopération avec la Roumanie en matière d’armement.

« Des projets allemands dans le nord de la Roumanie ont été discutés. Le sujet a été abordé en passant, aucune information concrète n’a été fournie. M. Ciolacu a annoncé qu’il aurait demain [05/07] des discussions avec des industriels de l’armement allemands », a rapporté la radio publique.

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