L’administration américaine autorise le Canada à acheter 16 avions de patrouille maritime P-8A Poseidon

En mars, le ministère canadien de l’Approvionnement fit savoir qu’il venait de demander aux autorités américaines davantage d’informations au sujet de l’avion de patrouille maritime P-8A Poseidon, en vue du remplacement des 14 CP-140 Aurora encore opérationnels au sein de l’Aviation royale canadienne [ARC].

Plus précisément, doté d’une enveloppe de cinq milliards de dollars canadiens, le programme « Aéronef multimissions canadien » [AMMC] vise à acquérir un avion pouvant mener des missions de commandement et de contrôle [C2], de renseignement, de surveillance, de reconnaissance et de lutte anti-sous-marine. Et il est donc apparu que le P-8A Poseidon de Boeing était le candidat le mieux placé.

Cela étant, le ministère de l’Approvisionnement expliqua que la « décision finale » d’acquérir ou non l’avion américain serait « basée sur les capacités offertes, la disponibilité, les prix et les avantages pour l’industrie canadienne ».

Justement, cette dernière lorgne aussi sur le programme AAMC. En effet, associé à General Dynamics Mission Systems Canada, le constructeur Bombardier Défense a depuis fait part de son intention de proposer un avion de patrouille maritime reposant sur l’avion d’affaires Global 6500 et équipé de « moteurs de nouvelle génération » pouvant lui donner une « longue autonomie » et une « grande endurance ». Et le tout avec une « fiabilité éprouvée ».

Pour le moment, les jeux ne sont pas encore faits… Cependant, dans un avis publié le 27 juin, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations américaines d’équipements militaires, a recommandé au Congrès d’autoriser la vente de 16 avions P-8A Poseidon au Canada, à un prix évalué à 5,9 milliards de dollars US [*]. Soit un montant supérieur à celui prévu par Ottawa pour le programme AMMC.

« Cette vente proposée soutiendra la politique étrangère et les objectifs de sécurité nationale des États-Unis en aidant à améliorer la capacité militaire du Canada, un allié de l’Otan », fait valoir la DSCA dans son avis. Elle « augmentera l’interopérabilité des forces maritimes canadiennes avec celles des États-Unis et d’autres forces alliées » et « améliorera considérablement la capacité de guerre en réseau [network centric warfare] pour les forces américaines opérant dans le monde aux côtés du Canada », a-t-elle ajouté.

À noter que la DSCA a souligné que « tout accord de compensation [industrielle] sera défini lors de négociations futures entre l’acheteur et le[s] sous-traitant[s] ». Ce qui peut faire gonfler la facture…

Quoi qu’il en soit, pour ce programme AMMC, Boeing s’est allié avec le groupe CAE [qui fédére par ailleurs 81 sous-traitants canadiens]. En outre, en avril, des deux industriels ont signé un accord visant à « améliorer les solutions d’entraînement sur l’appareil P-8 pour le Canada, l’Allemagne et la Norvège ».

Par ailleurs, si le P-8A Poseidon est sélectionné, Boeing s’engagera à « fournir un plan industriel solide qui apportera de vrais emplois garantis aux entreprises canadiennes pendant la durée du programme AMMC ».

[*] Au taux de change actuel, 1 dollar canadien vaut 0,75 dollar américain

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