La France a effectué le premier tir d’une fusée sonde emportant le planeur hypersonique VMAX

La semaine passée, la Direction générale de l’armement [DGA] avait émis deux avertissements de navigation concernant deux zones allant de son centre « Essais de missiles » situé à Biscarrosse jusqu’à la mer Celtique. Et la trajectoire ainsi définie laissait présager qu’elle s’apprêtait à faire voler le planeur hypersonique VMAX [Véhicule Manoeuvrant Expérimental] pour la première fois.

Et, le 26 juin, après 22 heures, plusieurs photographies montrant de curieuses traces dans le ciel ont été diffisuées sur les réseaux sociaux. Et il était probable qu’elles avaient un lien avec les avertissements de navigation publiés par la DGA… Le mystère n’aura pas duré bien longtemps. En effet, quelques heures plus tard, le ministère des Armées a confirmé que le planeur hypersonique VMAX venait d’effectuer son vol inaugural, après avoir été lancé par une fusée sonde depuis Biscarrosse.

« Hier, la DGA a procédé […] au premier tir d’essai de fusée sonde emportant le démonstrateur de planeur hypervéloce VMax. Bravo à l’ensemble de nos équipes qui ont œuvré pour ce tir et qui sont engagées quotidiennement sur le programme », a-t-il affirmé, via Twitter.

Et d’ajouter : « Équipé de nombreuses innovations technologiques embarquées, cet essai en vol était un défi technique inédit qui prépare l’avenir de notre feuille de route nationale hypervélocité. La France est l’un des seuls pays dans le monde à disposer d’une expertise crédible dans ce domaine ».

Pour rappel, le programme VMAX a été évoqué pour la première fois en janvier 2019, par Florence Parly, alors ministre des Armées. Par la suite, il a été confié à ArianeGroup, qui a pu bénéficier des travaux menés par l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA]. « Envoyé par une fusée-sonde, le planeur non propulsé doit ensuite rebondir sur les couches de l’atmosphère à une vitesse supérieure à Mach 5 », avait alors expliqué la DGA.

Avec cet essai du VMAX, la France reprend en quelque sorte un projet qu’elle avait abandonné au début des années 1970 en raisons de contraintes budgétaires et de difficultés à produire certains matériaux clés. Et cela alors que le Centre d’essais des Landes s’apprêtait à faire voler le planeur VERAS [Véhicule expérimental de recherches aérothermodynamiques et structurales] grâce à une fusée Diamant A.

Jusqu’à présent, seuls les États-Unis, la Russie et la Chine ont réussi à faire voler des planeurs hypersoniques [la Corée du Nord a prétendu l’avoir fait… ce qui est impossible à confirmer]. L’Inde conduit également le programme HGV-202F à cette fin.

Selon l’amiral [2S] Charles-Henri du Ché, conseiller militaire d’ArianeGroup, un second démonstrateur de planeur hypersonique, appelé « VMAX-2 », devrait voler en 2024-25, avec des performances améliorées. « Une fois que l’on aura ces deux démonstrateurs, on pourra dire que la France sera dotée de cette technologie et il appartiendra alors à l’État-major des armées d’exprimer, le cas échéant, des besoins pour la décliner en arme ou pas », a-t-il expliqué, lors d’une récente audition parlementaire.

Photo : DGA EM

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