La République de Chypre négocie l’achat de chars israéliens Merkava Mk III

La semaine passée, lors d’un entretien accordé au quotidien économique israélien Calcalist, le Directeur de la coopération internationale en matière de défense [SIBAT], Yair Kulas, a confié que des négociations sur la vente de chars de combat Merkava d’occasion à deux clients étrangers étaient à un « stade avancé ». Et de préciser seulement que l’un d’eux était européen.

Depuis, les spéculations sont allées bon train au sujet de ces deux clients « mystères ». Sollicité pour en savoir davantage, le ministère israélien de la Défense n’a guère été plus loquace que le chef de la SIBAT. « En raison de la guerre en Europe, plusieurs pays ont manifesté leur intérêt pour des équipements israéliens, y compris des chars Merkava retirés du service il y a quelques années. Les négociations n’ont pas encore abouti », a-t-il répondu.

Cela étant, l’une des hypothèses parmi celles faites après la diffusion des propos de M. Kulas semble se confirmer. En effet, le 22 juin, le journal Haaretz a révélé que des pourparlers étaient en cours avec un membre de l’Union européenne [UE], en l’occurrence la République de Chypre. Ce que plusieurs indices laissaient supposer…

En effet, le mois dernier, rappelle Haaretz, recevant son homologue israélien, Yoav Gallant, à Nicosie, le ministre chypriote de la Défense avait souligné l’importance de la relation de son pays avec Israël en matière d’armement, évoquant un « partenaire digne de confiance » pour améliorer « notre sécurité et notre dissuasion ».

Par ailleurs, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le président chypriote, Nikos Christodoulides, ont enchaîné les contacts au cours de ces dernières semaines, afin de « discuter de questions stratégiques ». Au passage, les deux pays ont des intérêts communs dans l’exploitation du gaz naturel en Méditerranée orientale.

En tout cas, ces négociations ont été confirmées auprès du quotidien israélien par un responsable chypriote. Mais celui-ci n’a pas souhaité entrer dans les détails.

L’achat de chars Merkava MkIII par Nicosie permettrait à la Garde nationale chypriote de remplacer ses chars AMX-30 ou une partie de ses T-80 de conception russe, lesquels pourraient ensuite être livrés à l’armée ukrainienne. Cependant, des sources chypriotes ont démenti une telle intention. Pour rappel, Nicosie et Moscou ont cultivé une relation privilégiée pendant longtemps…

Pour autant, le remplacement des équipements militaires acquis auprès de la Russie est désormais une nécessité pour Chypre pour la bonne raison que leur maintien en condition opérationelle [MCO] est désormais rendu compliqué à cause des sanctions prises par l’UE à l’égard de Moscou.

Par ailleurs, un accord sur la vente de chars Merkava Mk3 à Chypre pourrait de nouveau compliquer les relations d’Israël avec la Turquie, alors que celles-ci ont été pleinement rétablies en août 2022, après des années de brouille diplomatique. En effet, en raison de sa proximité avec la République turque de Chypre du Nord [RTCN], Ankara voit toujours d’un mauvais oeil le moindre projet d’acquisition d’armes par Nicosie.

Ainsi, en septembre dernier, quand les États-Unis levèrent totalement l’embargo sur les armes qu’ils avaient imposé à la République de Chypre dans les années 1980, la Turquie estima que cette décision allait « renforcer l’intransigeance de la partie chypriote grecque, affecter de manière négative les efforts pour la résolution de la question chypriote et provoquer une course à l’armement sur l’île ».

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