L’US Navy est en difficulté pour assurer la maintenance et la réparation de ses sous-marins d’attaque

Il aura fallu moins d’un an à Naval Group pour remplacer la proue du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Perle, qui avait été sérieusement endommagée par un incendie survenu en juin 2020, à Toulon. Et ce bâtiment aurait pu reprendre son cycle opérationnel plus tôt s’il n’avait pas fallu achever les travaux prévus dans le cadre de son arrêt technique majeure [ATM], ceux-ci ayant été interrompus par ce sinistre. Quoi qu’il en soit, l’US Navy doit sans doute envier une telle prouesse…

En effet, en octobre 2021, le SNA USS Connecticut [classe Seawolf] heurta un mont sous-marin non signalé sur les cartes, alors qu’il était en mission dans les « eaux internationales » de la mer de Chine méridionale [dont la quasi-totalité est revendiquée par Pékin, ndlr]. Ayant été contraint de faire surface, il avait pu rejoindre la base de Guam, les ballasts situés au niveau de sa proue ayant été endommagés. Trois officiers, dont le « pacha » du navire, furent relevés de leurs fonctions.

Plus tard, le coût des réparations fut estimé à environ 80 millions de dollars… Soit une somme « raisonnable » au regard du budget du Pentagone [et des trois milliards qu’aura coûté la construction de ce SNA]. Et les réparations du SNA ne devaient pas prendre trop de temps. Du moins, c’est ce qu’espérait l’US Navy… Sauf que l’USS Connecticut ne sera pas opérationnel avant 2026… Et encore, si tout va bien.

La raison? Les difficultés de l’industrie navale américaine, dont la capacité à assurer le maintien en condition opérationnelle [MCO] des navires « soulève des questions en cas de conflit », a résumé Diana Maurer, une responsable du Governement Accountability Office [GAO], auprès de l’agence Bloomberg.

D’autant plus que le cas de l’USS Connecticut n’est pas isolé : 18 SNA sur les 49 que possède l’US Navy seraient actuellement hors service, soit parce qu’ils sont en maintenance… soit parce qu’ils ne tarderont pas à l’être. Un nombre insuffisant d’infrastructures dédiées et un manque de techniciens qualifiés expliquent en partie cette situation qui n’est pas nouvelle…

Ainsi, selon un précédent rapport du GAO, rappelle Bloomberg, les sous-marins de l’US Navy ont passé 9’563 jours [soit 26 ans] de plus que prévu en maintenance entre 2014 et 2020, en raison de retards pris par les chantiers navals.

Qui plus est, et cela n’arrange rien, la construction des sous-marins américains a prêté le flanc à la polémique au cours de ces dernières années.

Ainsi, les SNA de la classe Virginia ont connu des problèmes récurrents avec leurs tuiles anéchoïques… à cause d’une colle spéciale [appelée TPAC, pour two-part adhesive coating] qui n’avait pas obtenu les « qualifications et certifications appropriées » avant d’être utilisée. Plus récemment, une employée d’un sous-traitant a été traduite devant la justice pour avoir falsifié des tests de résistance de certaines pièces en acier, ce qui a contraint l’US Navy à prendre « d’importantes mesures pour assurer la sécurité des opérations des sous-marins touchés ».

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