Le renseignement militaire français aura la capacité de détecter les éléments enfouis et les cavités souterraines

La guerre du Vietnam, l’intervention israélienne contre le Hezbollah de 2006 et la bataille de Mossoul ont au moins un pointcommun : le recours de l’un des belligérants à des réseaux de tunnels pour abriter ses combattants, lancer des embuscades et harceler l’adversaire. D’où l’intérêt du projet DHSS [Détection d’Hétérogénéités du Sous-Sol] conduit sous l’égide de l’Agence de l’innovation de la Défense [AID] et confié à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA].

L’enjeu est de développer une capacité permettant de détecter les éléments enterrés et les cavités souterraines au profit de la Direction du renseignement militaire [DRM], grâce « à l’exploitation de plusieurs fréquences radar ».

À la différences des applications civiles, qui font appel à la microgravimétrie et, au besoin, à un radar à pénétration de sol [ou radar « géophysique »] ou bien encore à la tomographie sismique et électrique, le projet DHSS repose sur un Radar à synthèse d’ouverture [SAR – Synthetic Aperture Radar] aéroporté.

Pour rappel, un tel équipement permet d’obtenir des images en deux dimensions ou de réaliser des reconstitutions tridimensonnelles d’objets. Et, avec deux images radar prises selon des angles de visée différents, on peut ainsi reproduire le relief d’une zone donnée.

Selon les explications données par l’AID, il s’agit donc de développer un système d’imagerie SAR aéroporté, l’idée étant de pouvoir exploiter plusieurs fréquences radar afin de repérer des objets enfouis et des sites souterrains.

Dans son rapport d’activités 2021, l’ONERA avait dit avoir mené, avec succès, plusieurs campagnes d’essais de ce nouveau système. Celles-ci ont ainsi permis de recueillir des données en vue d’extrapoler des « scénarios opérationnels ».

« Grâce à la plateforme SAR SETHI, et en particulier ses capteurs basses et hautes fréquences à polarisation complète, la zone des cibles a été imagée sous différents angles. Une équipe de l’ONERA était également présente pendant les vols pour gérer l’étalonnage des instruments, piloter l’essai avec la Direction générale de l’armement [DGA] et mesurer l’humidité du sol et les constantes diélectriques », avait alors expliqué le centre de recherche.

Depuis, les travaux ont avancé… C’est en effet ce qu’avance l’AID dans le bilan d’activités qu’elle a récemment publié. Ainsi, en 2022, selon l’agence, les capacités développées dans le cadre du projet DHSS ont été « testées grâce à des capteurs aéroportés de l’ONERA, en bandes VHF-UHF et X sur des objets enterrés et sur des cibles d’opportunité ». Et ces essais ont permis de confirmer les « avantages des basses fréquences pour la détection d’objets enterrés, y compris sous couverture forestière ».

Il reste maintenant à voir quand le projet DHSS aura une application opérationnelle…

Photo : ONERA

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