La DGA a retenu KNDS, EOS Technologie et TRAAK pour le projet de munition rôdeuse « Larinae »
Lancés en mai 2022 par l’Agence de l’innovation de Défense [AID], qui relève de la Direction générale de l’armement [DGA], les projets Colibri et Larinae visent à développer des munitions rôdeuses [ou télé-opérées] capables respectivement de neutraliser un blindé situé à au moins 5 et 50 km de distance.
« Nous avons indiqué vouloir des solutions peu onéreuses, évidemment efficaces, prévoyant une autonomie en fonction de la zone considérée et livrées très vite. Nous voulons aussi que les militaires soient capables de se former très rapidement », a précisé Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA] au sujet de ces deux projets… lesquels sont susceptibles de fournir une « capacité clé » à l’armée de Terre.
En mars, parmi 19 solutions proposées, l’AID a indiqué avoir retenu deux consortiums au titre du projet Colibri, à savoir les tandems MBDA/Novadem et Nexter/Delair, afin d’explorer « plusieurs axes technologiques et opérationnels » en évaluant deux configurations de munitions rôdeuses : l’une à voilure tournante, plus facile à utiliser, l’autre à voilure fixe, mieux adaptée pour les environnements « ouverts et possiblement plus vastes ». Dans le même temps, la DGA a commandé des Switchblade 300 auprès du groupe américain Aerovironment.
Quant au projet Larinae, il vient de faire l’objet d’un marché notifié par l’AID à un groupement emmené par KNDS [ex-Nexter] et associant EOS Technologie et TRAAK.
Et la solution retenue – qui n’a pas d’équivalent, assure KNDS – va au-delà du cahier des charges puisqu’il est question de mettre au point une munition rôdeuse ayant un rayon d’action de 80 km [soit 30 km de plus que prévu], avec une autonomie de 3 heures.
Celle-ci reposera sur un drone à voilure fixe fourni par EOS Technologie. Cet appareil sera doté d’une Charge génératrice de noyau [CGN], développée par Nexter Arrowtech pour déjouer les défenses actives des blindés, et d’un système de navigation sans GPS – et donc insensible au brouillage – proposé par TRAAK.
« Innovante par sa technologie de charge génératrice de noyau, la munition téléopérée sera capable de déjouer les défenses actives de véhicules blindés avant de percer leur blindage. Sa capacité de réutilisation lui permet également de réaliser des missions de renseignement grâce à une boule optronique détectant un véhicule à 15 km de jour et 3 km de nuit », précise KNDS.
Mise en oeuvre grâce à un dispositif de décollage et d’atterrissage vertical [VTOL], cette munition rôdeuse pourra être récupérée « facilement et en toute sécurité » par son opérateur. Car, insiste l’industriel, « l’être humain restera au cœur de la boucle de décision dans tous les cas de figure, par la télémétrie évoluée de la munition ». Et d’ajouter : « La boule optronique qui l’équipe permettra en effet […] d’observer le terrain pour prendre la décision d’une frappe, qui peut être interrompue à tout moment ».
Un démonstrateur sera prêt d’ici dix-huit mois, ce qui permettra de tester rapidement de nouveaux modes opératoires.
Reste à voir quel sera le second industriel retenu par l’AID pour le projet Larinae. A priori, le tandem MBDA/Delair serait pressenti.
S’agissant des projets « expérimentaux » relatifs aux munitions télé-opérées, il « s’agit de développer des capacités de neutralisation d’une menace blindée respectivement à 5 et à 50 kilomètres, avec une autonomie de 30 à 60 minutes, à un coût abordable. L’objectif est, soyons clairs, de stimuler le tissu industriel pour rattraper le retard français dans le domaine des munitions télé-opérées », a récemment expliqué M. Chiva, lors d’une audition au Sénat, en mai dernier. « Nous avons été rapides pour lancer ces différents appels à projets, mais ils ne comprennent pas la phase d’acquisition, donc le passage à l’échelle, des différents matériels », a-t-il précisé.