Le marché des corvettes roumaines pourrait échapper à Naval Group… au profit du néerlandais Damen

En 2019, Bucarest annonça avoir retenu Naval Group [associé au chantier naval roumain SNC] pour livrer quatre corvettes Gowind 2500 à la Forțele Navale Române [Force navale roumaine] pour 1,2 milliard d’euros. Et cela à l’issue d’un appel d’offres qui, lancé quatre ans plus tôt, fut retardé par un recours juridique déposé par l’italien Fincantieri, lequel avait pointé des « irrégularités » dans la procédure.

Quatre ans plus tard, la première corvette n’a toujours pas été lancée… Et pour cause : arrivé en seconde position de l’appel d’offres, le néerlandais Damen a saisi, à son tour, les tribunaux pour contester le choix du ministère roumain de la Défense. Et alors que ce recours n’a finalement pas eu de suite, le contrat n’a toujours pas pu être notifié à Naval Group en raison de désaccords avec SNC, notamment au sujet de la responsabilité de la construction des navires, l’industriel français estimant qu’elle doit être assumée par son partenaire roumain…

On pensait que ce dossier allait finir par aller de l’avant avec la signature par la France, en juin 2022, d’une lettre d’intention portant sur un plan « ambitieux » de soutien à la Forțele Navale Române. Mais il n’en a rien été… Aussi, le ministre roumain de la Défense, Angel Tîlvăr, ne cache plus son exaspération devant cette situation.

D’autant plus qu’il n’est plus question d’accepter le moindre retard, compte tenu du contexte géostratégique en général et de la situation sécuritaire en mer Noire en particulier. Par ailleurs, Damen se tient toujours en embuscade, en s’appuyant sur un réseau de « consultants » issus des services de renseignement roumains…

Quoi qu’il en soit, selon le site spécialisé Defense Romania, M. Tîlvăr a posé un ultimatum à l’industriel français. « Nous attendons une réponse du côté français d’ici la fin de cette semaine », a-t-il en effet déclaré, lors d’une audition parlementaire. Faute de quoi, le contrat sera attribué à Damen, a-t-il laissé entendre. Et d’insister : « Je ne peux pas me substituer à la partie française » mais « nous savons ce que nous devons faire d’un point de vue juridique ».

Évidemment, le constructeur naval néerlandais n’attend que ça… d’autant plus qu’il a pris la peine de maintenir l’offre qu’il avait faite au ministère roumain de la Défense, celle-ci reposant sur quatre corvettes de type Sigma 10514. Et il l’a même revue à la hausse, après le début de la guerre en Ukraine, tout en assurant, rappelle Defense Romania, qu’il serait en mesure de « rattraper le temps perdu », les quatre navires pouvant être construits simultanément par les chantiers navals de Galati et de Mangalia… lesquels lui appartiennent.

Reste à voir si M. Tilvär ira au bout de son idée. En attendant, Naval Group devrait bientôt finaliser un contrat pour livrer deux sous-marins Scorpène à la Forțele Navale Române, le Parlement roumain ayant récemment autorisé cet achat, évalué à 2 milliards d’euros.

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