Otan : La participation de l’armée de l’Air et de l’Espace à l’exercice Air Defender 23 sera minimale

L’ambition opérationnelle 2030 définie par le ministère des Armées lors de l’élaboration de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 avait fixé à 185 le nombre de Rafale devant être affectés à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] à cette échéance. Et cette flotte devait être complétée par 55 Mirage 2000D « rénovés ». Mais cet objectif ne sera pas tenu…

En effet, le projet de LPM 2024-30, adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, la semaine passée, prévoit 137 Rafale [soit 37 de plus par rapport à 2023, ndlr] et 48 Mirage 2000D rénovés à l’horizon 2030. Est-ce suffisant? Fin 2022, le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’AAE [CEMAEE] avait prévenu : en 2023, « l’activité chasse devrait toucher un point bas à la suite du retrait de service des Mirage 2000C et des 24 Rafale prélevés […] pour l’export ».

En tout cas, avec davantage d’avions de combat en parc, la participation de l’AAE à Air Defender 23 aurait sans doute pu être plus conséquente. Or, elle devrait se limiter à un E-3F AWACS…

Planifié depuis 2018, en partie en réponse à l’annexion de la Crimée par la Russie quatre ans plus tôt, Air Defender 23 réunit, depuis ce 12 juin, pas moins de 250 aéronefs et 10’000 aviateurs venus de 25 pays membres et partenaires de l’Otan, dont le Japon [un avion de transport Kawasaki C-2] et la Suède. Jamais l’Otan n’avait organisé des manoeuvres aériennes d’une telle ampleur…

Celles-ci se déroulant en Allemagne, selon un scénario reposant sur l’activation de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord [qui contient la clause de défense collective, pierre angulaire de l’Otan], la Bundeswehr a donné le détail des aéronefs engagés. Et les Rafale et autres Mirage 2000 en sont absents.

S’il « ne vise personne », Air Defender 23 a pour objectif d’envoyer un message, notamment à la Russie. C’est en effet ce qu’a fait valoir Amy Gutmann, l’ambassadrice des États-Unis en Allemagne. « Je serais très surprise qu’un dirigeant mondial ne prenne pas note de ce que cela montre en termes d’esprit de cette alliance, ce que signifie la force de cette alliance, et cela inclut M. Poutine [le président russe] », a-t-elle dit. « En nous synchronisant, nous multiplions notre force », a insisté la diplomate.

La participation minimale de l’AAE à Air Defender 23 s’explique en partie par l’intense activité de ses escadrons de chasse… qui ne peuvent pas être partout. Ainsi, cinq Mirage 2000-5 du groupe de chasse 1/2 Cigognes et autant de Mirage 2000D de la 3e Escadre viennent de terminer l’Arctic Challenge Exercise [ACE] 23, en Finlande, aux côtés de Rafale M de la Marine nationale.

Dans le même temps, la 4e Escadre de chasse a déployé 13 Rafale à Solenzara pour une campagne de tir… tandis que 10 autres avions du même type se préparent pour la mission PEGASE 2023 [Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est]. À noter que l’AAE a divisé par deux le nombre d’avions devant être envoyés dans la région Indo-Pacifique par rapport à ses intentions initiales [20 Rafale et 10 A330 MRTT Phénix, ndlr]. Et, évidemment, il faut aussi assurer les missions quotidiennes [posture permanente de sûreté aérienne, opération Chammal, etc].

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]