Le ministère des Armées a lancé des études sur un drone sous-marin océanique armé

Le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit d’investir 10 milliards d’euros [sur un montant global de 413 milliards, ndlr] au titre de l’innovation, l’enjeu étant de réussir des « sauts technologiques » tout en donnant aux armées les moyens devant leur permettre de maîtriser les nouveaux champs de conflictualité [espace, fonds marins, cyber, etc].

Via un amendement déposé le 17 mai, le gouvernement a précisé les axes d’effort prioritaires. Et, s’agissant de la Marine nationale, il est question, sans plus de détails, de mettre au point un démonstrateur de « drone sous-marin océanique »… Ce qui n’est pas surprenant puisqu’un tel projet avait été annoncé dans le Document de référence de l’orientation de l’innovation de défense [DROID] que l’Agence de l’Innovation de Défense [AID] avait publié en 2022.

Cela étant, et alors que le projet de LPM 2024-30 est toujours en cours d’examen au Parlement [le texte arrivera au Sénat dans les jours à venir], la Direction générale de l’armement [DGA] a déjà pris les devants.

En effet, lors du dernier point presse du ministère des Armées, Olivia Pénichou, la Déléguée à l’information et à la communication de la Défense [DICoD], a indiqué qu’un marché avait été notifié à Naval Group, le 4 mai, afin de préparer un programme appelé, pour le moment, UCUV [Unmanned Combat Underwater Vehicles].

« La DGA a notifié à la société Naval Group un marché destiné à étudier les cas d’usage principaux et l’architecture système d’un drone sous-marin de grande taille. Dénommé UCUV, ce drone armé aura pour principales caractéristiques une grande autonomie et une grande allonge », a en effet déclaré Mme Pénichou.

« Muni de capacités multimissions, notamment en matière de renseignement, de surveillance et de frappe, il interviendra dans la lutte sous la mer », a-t-elle ajouté.

Cette étude relative à cet UCUV doit permettre à la DGA et à la Marine nationale d’élaborer une feuille de route afin de préparer un futur programme d’armement.

S’agissant des capacités attendues, l’Agence de l’Innovation de Défense avait donné un indice dans l’édition 2022 du DROID puisqu’elle y avait évoqué un « démonstrateur de drone sous-marin océanique longue endurance pouvant être mis en œuvre et récupéré à partir d’un bâtiment de surface ».

Par ailleurs, Naval Group a déjà entamé des travaux dans ce domaine avec le DSMO [drone sous-marin océanique], dévoilé en octobre 2021. Développé sur fonds propres, avec l’appui de Thales pour les capteurs et celui de Delfox, spécialiste de l’intelligence artificielle, ce drone de dix mètres de long pour un déplacement d’une dizaine de tonnes est capable de naviguer à la vitesse de 15 noeuds, à 150 mètres de profondeur. Le tout avec une autonomie de « plusieurs semaines » grâce à une pile à combustible fonctionnant avec de l’hydrogène.

Selon l’industriel, grâce à ses capteurs, le DSMO pourrait agir comme « éclaireur » d’un groupe aéronaval ou être utilisé pour sécuriser la sortie des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de l’Île-Longue, son rayon d’action étant d’une centaine de nautiques depuis un navire-mère ou une base navale.

« On l’a conçu comme un système de renseignement », avait alors expliqué Cyril Lévy, le directeur des programmes de drones chez Naval Group, avant de préciser qu’il pourrait aussi emporter des munitions.

Photo : Naval Group / Minsitère des Armées

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