La Corée du Nord confirme l’essai d’un nouveau missile intercontinental à propergol solide

Certaines annonces nord-coréennes en matière d’armement peuvent susciter du scepticisme, comme celle faite récemment au sujet des « drones sous-marins d’attaque nucléaire » [les Haeil-1 et Haeil-2], lesquels pourraient provoquer un « tsunami radioactif de grande ampleur », à l’image de la torpille russe « Poseidon ». Si un transfert de technologie n’est pas à exclure [Moscou et Pyongyang cultivent de bonnes relations], il est toutefois peu probable que la Corée du Nord ait les savoir-faire et, surtout, les ressources nécessaires pour développer un tel « système d’armement stratégique sous-marin ».

En revanche, il en va tout autrement pour les missiles, dans la mesure où l’on peut mesurer les progrès accomplis par les ingénieurs nord-coréens lors des – nombreux – tirs d’essais effectués ces dernières années. Ainsi, il ne fait guère de doute que la Corée du Nord dispose désormais de missiles balistiques intercontinentaux, comme le Hwasong-17, lequel aurait une portée de 15’000 km, d’après les performances qu’il a affichées lors de son troisième lancement, le 16 mars dernier.

Cependant, les missiles nord-coréens fonctionnent quasiment tous avec du propergol liquide, ce qui n’est pas forcément le mieux adapté pour des applications militaires. En effet, un engin ayant ce mode de propulsion doit être tiré dans un laps de temps très court après le remplissage de ses réservoirs. Ce qui demande une logistique lourde et fait perdre en réactivité.

D’où le developpement du missile intercontinental Hwasong-18, lequel a fait l’objet d’un essai, le 13 avril. Selon les données collectées par Tokyo et Séoul, cet engn a suivi une trajectoire « lobée » et a parcouru 1000 km avant de s’abîmer en mer du Japon [ou mer de l’Est pour les Sud-Coréens].

« La Corée du Nord semble avoir lancé un nouveau type de missile balistique, possiblement à combustible solide », a ensuite indiqué le Comité sud-coréen des chefs d’état-major interarmées [JCS]. « Les services de renseignement de la Corée du Sud et des Etats-Unis mènent actuellement une analyse détaillée et complète », a-t-il ajouté.

Les soupçons sur la nature de ce missile ont été confirmée par KCNA, l’agence de presse officielle nord-coréenne, ce 14 avril. « Le lancement d’un nouveau missile balistique intercontinental Hwasongpho-18, qui est l’une des forces stratégiques principales de la République pour l’avenir et qui est en charge de la mission importante de dissuasion de guerre, a eu lieu le jeudi 13 avril dernier », a-t-elle avancé.

Et d’ajouter : « Avec ce tir d’essai, tous les points essentiels du nouveau système d’arme stratégique ont atteint les exigences architecturales et techniques et nous avons reçu une confiance sur le fait que ce nouveau missile balistique intercontinental deviendra un moyen plus puissant des armes d’attaque stratégique au niveau de l’efficacité militaire ».

Les images du tir ce nouveau missile confirment son mode de propulsion. « Le panache d’échappement du missile est régulier », ce qui suggère qu’un « propergol solide » a été utilisé, a commenté Ankit Panda, du Carnegie Endowment for International Peace, d’après l’AFP.

La Corée du Nord cherche à developper des missiles à combustible solide depuis plusieurs années. En 2018, et d’après l’imagerie satellitaire, elle était soupçonnée de mener des travaux en vue de produire « un et peut-être deux missiles balistiques intercontinentaux [ICBM] à combustible solide dans le centre de recherche de Sanumdong », situé dans la banlieue de Pyongyang.

En outre, il avait aussi été rapporté à l’époque que le chantier d’une importante usine de fabrication de missiles balistiques à combustible solide et de véhicules d’entrée pour les ogives était sur ploint de se terminer à Hamhun.

Au niveau opérationnel, l’annonce de Pyongyang est importante. Le combustible solide pouvant être stocké pendant une longue période sans s’altérer [ce qui n’est pas le cas avec du propergol liquide], le temps de préparation avant lancement s’en trouve considérablement réduit… ce qui permet de gagner en réactivité.

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