Pour échapper aux frappes russes, les avions de combat ukrainiens opèrent depuis des autoroutes

L’an passé, le Royal United Services Institute [RUSI], un groupe de réflexion britannique, soutint que l’avion de combat JAS-39C/D Gripen répondait sans doute le mieux aux besoins de la force aérienne ukrainienne.

En effet, doté d’une suite de guerre électronique pouvant contrer les chasseurs-bombardiers et les défenses aériennes russes et pouvant emporté le missile air-air à très longue portée Meteor, l’avion de combat suédois a été conçu pour dépendre le moins possible d’une base aérienne, toujours vulnérable [même si, en Ukraine, les Russes ne sont pas parvenus à les mettre toutes hors service]. Aussi, grâce à une maintenance simplifiée au maximum [au point de n’exiger qu’une formation minimale], le Gripen peut aisément être mis en oeuvre depuis une autoroute… Ce qui facilite la dispersion d’un escadron.

D’ailleurs, c’est ce que fait actuellement la force aérienne ukrainienne, à en juger par des images diffusées via les réseaux sociaux, le 10 avril. Celles-ci montrent en effet au moins un MiG-29UB « Fulcrum  » et un Su-27 « Flanker » décoller d’une autoroute, située probablement dans la région de Dniepropetrovsk [ou Dnipro].

Un tel mode opératoire ne s’improvise pas : il faut trouver une portion d’autoroute parfaitement rectiligne et sans obstacles d’une longueur de 2 à 3 km, avec un revêtement plus épais et des infrastructures pouvant être utilisées pour abriter les avions et assurer leur maintenance. Cependant, cela suppose de mettre en place d’importants moyens logistiques [kérosène, munitions, pièces détachées, etc…] qui, eux, sont vulnérables.

Cela étant, et même si les États-Unis opposent officiellement une fin de non recevoir, l’Ukraine n’en démord pas : sa priorité est d’obtenir au moins deux escadrons de chasseurs-bombardiers F-16 [soit 24 exemplaires] pour permettre à ses troupes de faire face aux forces russes. Et afin de les mettre rapidement en oeuvre, Kiev espère recruter des pilotes expérimentés étrangers ayant volé avec ce type d’appareil.

« Les portes de la Légion internationale pour la défense territoriale de l’Ukraine leurs sont ouvertes », a ainsi lancé Oleksiy Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense, dans les pages d’Ukrainska Pravda, le 10 avril.

Pour rappel, Kiev a autorité un tel recrutement il y a environ deux semaines. « L’Ukraine ne manque actuellement pas de pilotes pour exploiter les avions de combat de l’ère soviétique mais cela pourrait changer si elle reçoit les appareils qu’elle souhaite. […] L’expérience de personnes qui travaillent depuis longtemps avec de tels équipements sera nécessaire », avait alors justifié le colonel Yurii Ihnat, le porte-parole de la force aérienne ukrainienne.

Pour le moment, l’Ukraine n’a obtenu que des MiG-29 supplémentaires, fournis par la Pologne et la Slovaquie, ainsi que des Su-25 « Frogfoot » cédés par la Macédoine du Nord. Finira-t-elle par aligner des F-16? Une décision « sera prise avant l’été », a déclaré Troels Lund Poulsen, le ministre danois de la Défense [par intérim], ce 11 avril, lors d’une visite à Kiev.

« Le Danemark ne va pas faire ça tout seul. […] Nous aurons à le faire avec plusieurs pays. Et nous devrons aussi avoir un dialogue avec les Américains là-dessus. […] Mais j’estime que nous pouvons parvenir à une décision à court terme », a expliqué M. Poulsen à la presse.

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