L’Inde affirme que la Russie peine à tenir ses engagements en matière de livraison d’armes

Selon la dernière étude de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI], l’industrie russe de l’armement a perdu des parts de marché à l’exportation entre les périodes 2013-17 et 2018-22. Et si, en la matière, la Russie a perdu du terrain par rapport aux États-Unis, elle risque de se faire dépasser par la France, celle-ci ayant vu ses parts de marchés progresser de 44%.

Cette tendance pourrait s’accentuer dans les années à venir. En effet, dans les années à venir, la priorité de Moscou devrait mettre l’accent sur le remplacement des équipements de ses forces armées détruits lors de la guerre en Ukraine, quitte à mettre des parts de marché à l’exportation.

En outre, des pays tentés par l’achat de matériels russes pourraient être dissuadés de passer commande par la menace de sanctions, comme celle que les États-Unis s’autorisent à prendre via la loi dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act]. Ce dispositif a, par exemple, fait « capoter » la vente de 11 chasseurs-bombardiers Su-35 à l’Indonésie… Ce qui a d’ailleurs profité au Rafale du français Dassault Aviation.

Cependant, la menace d’éventuelles sanctions américaines n’a pas dissuadé New Delhi de se procurer cinq batteries de défense aérienne russes S-400 Triumph pour 5,43 milliards de dollars… Cela dit, il n’est pas question pour les États-Unis de prendre une mesure susceptible de refroidir leurs relations avec l’Inde, notamment en raison de sa rivalité avec la Chine et de l’importance de son marché de l’armement.

En effet, et d’après l’étude du SIPRI, l’Inde reste « le premier importateur d’armes au monde », même si ses importations ont baissé de 11% entre 2013-17 et 2018-22 sous l’effet de la politique « Make in India » et… de la complexité de ses processus d’approvisionnement. Et l’industrie russe de l’armement est le premier fournisseur des forces indiennes.

Cela étant, et malgré l’achat de S-400, cette position est en train de sérieusement s’éroder, New Delhi ayant entrepris de diversifier ses sources d’approvisionnement, ce qui profite aux industriels américains et, surtout, français. « La France a supplanté les États-Unis en tant que deuxième plus grand fournisseur d’armes de l’Inde, après la Russie », a en effet relevé l’institut suédois.

Si l’industrie de l’armement est jusqu’ici parvenu à conserver cette première place en Inde, c’est en partie grâce au soutien logistique des matériels déjà livrés, notamment les avions de combat [MiG-29, Su-30 MKI, etc]. Mais cela pourrait ne pas durer… surtout si les délais de livraison ne sont pas tenus.

Or, c’est justement ce que reproche l’Indian Air Force [IAF] aux industriels russes. « En raison de la guerre en Ukraine, la Russie n’est pas en mesure de livrer des équipements vitaux qu’elle s’était engagée à fournir », a-t-elle en effet dénoncé dans un déclaration transmise cette semaine au Parlement indien. Et d’évoquer, sans livrer de détails, une « livraison majeure » prévue en 2023 qui « n’aura finalement pas lieu ».

Il est possible qu’il s’agisse d’une batterie S-400 – deux sur les cinq commandées restent encore à livrer – ou bien d’un lot de pièces détachées pour les Su-30 MKI, dont l’IAF possède près de 250 exemplaires. En tout cas, en raison de ces difficultés d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, celle-ci a réduit d’un tiers le montant de ses investissements dédiés à sa modernisation par rapport à l’exercice budgétaire précédent.

Une autre raison susceptible de pousser New Delhi à se détourner de plus en plus de l’industrie russe de l’armement dans les années à venir est la volonté de Moscou de renforcer significativement sa relation avec Pékin, comme l’a montré, cette semaine, la rencontre entre le chef du Kremlin, Vladimir Poutine et son homologue chinois, Xi Jinping.

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