La Finlande autorise les avions « espions » de l’Otan à mener des missions dans son espace aérien

Après deux incidents avec les forces aériennes russes, les missions de renseignement menées au titre de l’Otan dans la région de la mer Noire vont devenir plus compliquées… Ainsi, après la collision d’un avion de combat Su-27 « Flanker » avec un MQ-9 Reaper de l’US Air Force, la semaine passée, le Pentagone a réévalué la balance « bénéfices/risques » de telles opérations… Et décidé que ses drones voleraient désormais plus au sud de la Crimée, annexée par la Russie en 2014. Et cela « pour éviter un comportement trop provocateur », a expliqué un responsable américain à CNN.

Auparavant, et de voulant pas renoncer à mener des missions de renseignements aux abords des territoires contrôles par les forces russes en Ukraine après un incident au cours duquel un Su-27 avait tiré un missile air-air à proximité de l’un de ses RC-135 Rivet Joint, la Royal Air Force fait désormais escorter ses avions « espions » par des chasseurs Eurofighter Typhoon. Ce qui suppose une logistique importante… et entame davantage le potentiel de ses appareils.

En effet, ce 24 mars, encore, et selon les données du trafic aérien, le vol d’un RC-135 Rivet Joint britannique aux abords de la Crimée, a mobilisé deux Typhoon ainsi qu’un avion ravitailleur KC-2 Voyager [ou A330 MRTT].

Cela étant, les missions de renseignement effectuées dans la région de la Baltique [et au-delà] seront probablement moins mouvementées et assurément plus faciles à l’avenir. Et cela grâce à… la Finlande, dont l’adhésion à l’Otan est imminente après le feu vert de la Turquie et de la Hongrie [qui bloquent encore celle de la Suède].

Et bien que cette adhésion ne soit pas encore effective, Helsinki a ouvert son espace aérien, le 23 mars, à un RC-135 Rivet Joint de l’US Air Force afin de lui permettre de collecter du renseignement d’origine électromagnétique [interception des communications radio et de signaux émis par les radars adverses, ndlr] à deux pas de la frontière avec la Russie. Une telle mission est inédite, même si ce n’est pas la première fois qu’un avion espion de l’Otan est autorisé à survoler la Finlande. Cela s’est par exemple produit en octobre 2021… mais pour un ravitaillement en vol.

Le RC-135 Rivet Joint en question [indicatif : JAKE 11] a décollé du Royaume-Uni et survolé les Pays-Bas et l’Allemagne, avant de passer au large de l’enclave russe de Kaliningrad au moment d’arriver en Lituanie. Puis, il a continué sa route jusqu’à Helsinki avant de longer à deux reprises [une fois à l’aller, un autre au retour] une partie des 1340 km de frontière entre la Finlande et la Russie. À noter qu’il ne s’est apparemment pas porté à la hauteur du port militaire de Mourmansk qui, situé à un peu plus de 200 km du territoire finlandais, abrite la flotte russe du nord. Par ailleurs, il est essentiel à la stratégie pour le Grand Nord élaborée par Moscou.

De telles missions sont appelées à s’intensifier à l’avenir. « Des vols similaires dans l’espace aérien finlandais seront également effectués à l’avenir, avec différents types d’avions, avec ou sans pilote. Ces vols sont effectués sous la direction et la supervision nationales, conformément aux lois et réglementations finlandaises », a fait savoir le ministère finlandais de la Défense.

Pour celui-ci, ces missions de renseignement seront d’autant plus importantes que Moscou a promis de renforcer son district militaire occidental après l’annonce de la candidature de la Finlande à l’Otan. « Les opérations aériennes avec des partenaires internationaux relèvent de la coopération bilatérale et multilatérale normale. Ces vols permettrant de développer l’interopérabilité, […] améliorent la connaissance commune de la situation et renforcent la défense nationale », a-t-il ainsi expliqué.

Pour rappel, en matière de guerre électronique, les forces aériennes finlandaises ont des moyens très limités, reposant sur un unique avion CASA C-295M.

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