L’US Air Force surveille un ballon espion présumé chinois évoluant au-dessus du territoire américain

Lors d’un colloque organisé à l’École militaire, en janvier, le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, avait souligné les enjeux militaires de la « très haute altitude » avant d’insister sur la nécessité de mener une réflexion sur ce sujet afin d’éviter une « potentielle lacune capacitaire ».

Pour rappel, un État peut faire valoir sa souveraineté jusqu’à l’altitude de 66’000 pieds [soit un peu plus de 20 km]. Aussi, la couche située entre cette limite et celle où commence l’espace extra-atmosphérique n’est régie par aucun aucun traité international. Aussi, tout y est permis… Comme par exemple y faire voler un ballon au-dessus d’installations sensibles que l’on veut espionner. Comme la Chine est actuellement soupçonnée de le faire par les États-Unis.

Le 2 février, et alors que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu à Pékin pour renouer le dialogue avec les autorités chinoises, le Pentagone a fait savoir qu’il venait de détecter un ballon espion – présumé chinois – au-dessus du territoire américain. Évoluant à très haute altitude, celui-ci s’est particulièrement intéressé à des sites militaires sensibles, notamment des bases abritant les silos de missiles stratégiques Minuteman III.

« Nous avons détecté un ballon de surveillance à haute altitude qui se trouve actuellement au-dessus de la zone continentale des États-Unis », a ainsi déclaré le général Pat Ryder le porte-parole du Pentagone. « Le gouvernement américain, avec le NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, commun avec le Canada, ndlr], continue de le suivre et de le surveiller de près », a-t-il ajouté.

Des chasseurs F-22A Raptor ont décollé de la base aérienne de Nellis [Nevada] afin de suivre ce ballon espion. Pour rappel, cet appareil peut voler à l’altitude maximale de 65’000 pieds. Des avions de type E-3 AWACS ont également été mobilisés. La possibilité d’abattre cet aérostat, aux dimensions apparemment imposantes, a été envisagée alors qu’il survolait les zones peu peuplées du Montana. Mais finalement, le Pentagone a décidé qu’il y avait trop de risques à le faire.

Cependant, étant donné que ce ballon vole à une altitude à laquelle les États-Unis ne sont pas fondés à faire valoir leur souveraineté, la décision de le détruire souleverait probablement des questions juridiques…

« Le ballon vole actuellement à une altitude bien au-dessus du trafic aérien commercial. Il ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol », a expliqué le général Pat Ryder. Aussi, le Pentagone se contente de prendre des mesures pour se « protéger contre la collecte d’informations sensibles ».

De son côté, le Canada a également fait part d’un « deuxième incident potentiel », après l’annonce faite par les États-Unis.

« Les Canadiens sont en sécurité et le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien, y compris la surveillance d’un deuxième incident potentiel », a en effet déclaré le ministère canadien de la Défense, via un communiqué.

Quoi qu’il en soit, et selon un responsable américain, Washington a fait part de ses préoccupations auprès de Pékin. « Nous leur avons dit clairement que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger notre peuple sur notre territoire », a-t-il ajouté.

Cela étant, le survol du territoire américain par un ballon espion ne serait pas inédit. « C’est arrivé une poignée d’autres fois au cours des dernières années, y compris avant cette administration [Biden] », a dit le même responsable. Sauf que, cette fois, il « semble traîner plus longtemps ». D’après le Washington Post, de tels ballons avaient été précédemment repérés au-dessus de Guam et de Hawaï

La Chine a répondu en disant « vérifier » les informations américaines. « Une vérification est en cours », a en effet déclaré Mao Ning, une porte-parole de la diplomatie chinoise, pour qui « émettre des conjectures et monter les choses en épingle avant même que les faits ne soient établis n’aide pas à une résolution appropriée du dossier ».

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