Malgré son intérêt pour le F-35A, Prague veut garder ses avions de combat Gripen C/D jusqu’en 2035

Alors qu’elle venait de rejoindre l’Otan, la République entreprit de moderniser son aviation de combat en louant, à partir de 2004, quatorze avions de combat JAS-39 Gripen C/D auprès du constructeur Saab pour une durée de dix ans. Étant arrivé à échéance en 2014, le contrat de location fut reconduit jusqu’en 2027, avec une clause permettant de le prolonger de deux ans supplémentaires.

Cette solution se voulait provisoire étant donné qu’elle était censée donner du temps à Prague pour se doter, en propre, de nouveaux avions de combat. Ce qui, théoriquement, devrait être le cas puisque, en juillet 2022, le gouvernement tchèque a fait connaître son intention d’acquérir 24 chasseurs-bombardiers F-35A afin d’en équiper deux escadrons de ses forces aériennes.

Et cela, malgré une ultime proposition de Saab qui, pour conserver le marché tchèque, avait proposé à Prague de garder gratuitement les 14 Gripen C/D au terme du contrat de location à la condition d’acquérir des Gripen E/F par la suite.

« Nous pensons que le nouveau Gripen E est l’un des meilleurs avions au monde, avec un excellent rapport qualité-prix. Aucun autre constructeur ne peut vraiment nous concurrencer dans ce domaine », fit d’ailleurs valoir Fredrik Jörgensen, l’ambassadeur de Suède en République tchèque, l’été dernier. Mais cette déclaration fut mal accueillie, la ministre tchèque de la Défense, Jana Černochová ayant estimé qu’elle avait été faite « non pas par un diplomatie mais par un homme d’affaires ».

Seulement, et alors que les discussions avec Lockheed-Martin et l’administration ont débuté, il n’est pas certain que les forces aériennes tchèques pourront disposer de F-35A avant l’échéance du contrat de location de leurs Gripen C/D… D’autant plus qu’il leur faudra aussi du temps pour s’approprier l’appareil américain [formation des pilotes et des techniciens, infrastructures adaptées, etc].

Aux États-Unis, les livraisons de F-35 sont suspendues, tant que les causes de l’accident de l’un d’entre-eux [un F35B, à Fort Worth, en décembre] ne seront pas formellement établies. À cela s’ajoute la forte demande pour ce type d’appareil, Lockheed-Martin ayant enchaîné les intentions de commandes ces derniers mois [Suisse, Finlande, Allemagne, etc]. En outre, les difficultés pour l’approvisionnement en composants [semi-conducteurs, notamment] sont susceptibles de susciter des retards. Enfin, la version Block 4, qui comporte toutes les capacités inscrites dans le cahier des charges de cet avion, n’est pas encore prête.

Aussi, afin d’éviter de se retrouver le bec dans l’eau, Prague souhaiterait garder ses Gripen C/D encore plus longtemps, c’est à dire jusqu’en 2035. Des négociations ont d’ailleurs été ouvertes à cette fin, selon la presse tchèque.

« Les négociations avec les États-Unis ne ferment pas la voie aux autres plateformes. L’objectif fondamental de la République tchèque a toujours été sera d’être en mesure de protéger notre espace aérien avec nos propres moyens, même pendant la transition vers une nouvelle plate-forme », a confirmé David Jareš, le porte-parole du ministère tchèque de la Défense, auprès du journal Právo.

Selon un député qui a assisté à une réunion à huis clos sur ce sujet, le ministère tchèque de la Défense envisage d’exploiter deux types d’avions de combat simultanément « pendant un certain temps ». Reste à voir si la Suède sera d’accord pour prolonger le contrat de location des Gripen… alors que la proposition qu’elle a faite en juillet a été écartée. Ce qui, selon Právo, serait loin d’être acquis, malgré la récente commande 210 véhicules de combat d’infanterie CV90 auprès de BAE Hägglunds.

Photo : Milan Nykodym – flickr, CC BY-SA 2.0

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