L’opération Sentinelle « révisée » prévoit un dispositif « plus imprévisible », avec toujours 10.000 militaires

Durant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait dit que, s’il était élu, l’opération intérieure (OPINT) Sentinelle devait être « adaptée progressivement, en fonction de l’appréciation de la menace terroriste sur le territoire ». Et son entourage de préciser alors qu’elle n’avait pas vocation à « perdurer » et que « ses effectifs et moyens diminueront au fur et à mesure que la menace diminuera ».

Actuellement, l’opération Sentinelle mobilise 7.000 soldats, auxquels il faut ajouter une « réserve » de 3.000 autres, susceptibles d’intervenir en cas de besoin.

En juillet, alors que le président Macron venait d’annoncer une étude « approfondie » sur les modalités de l’opération Sentinelle, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser, estima qu’il fallait mobiliser au moins 9.000 hommes pour cette OPINT, dont 3.000 « sur des points clés de Paris », 3.000 « en réserve pour pour monter en puissance en cas de coup dur, n’importe où en France » et 3.000 pour travailler sur des scénarios de crise en relation avec les forces de sécurité intérieure.

Puis, un mois plus tard, sans attendre les résultats de l’étude menée par le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées (CEMA), le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avança que 7.000 militaires resteraient impliqués dans l’opération Sentinelle.

« Nous allons redéfinir le dispositif de manière à le rendre plus mobile. C’est-à-dire qu’on n’ait pas simplement un dispositif de 7.000 personnes (…) qui soient sur des postes fixes mais peut-être 3.500 dans des postes définis et 3.500 dans des postes plus souples de manière à pouvoir garantir par exemple la Braderie de Lille », avait explique M. Collomb.

Finalement, le dispositif sera maintenu à son niveau actuel, comme l’ont annoncé, le 13 septembre, les ministres de l’Intérieur et des Armées.

« C’est toujours 7.000 femmes et hommes de nos armées qui seront mobilisés, 10.000 en cas de crise », a en effet déclaré M. Collomb, à l’issue d’un conseil de Défense. « Nous n’avons pas du tout l’intention de baisser la garde » a, de son côté, dit Florence Parly, la ministre des Armées.

La nouvelle approche annoncée prévoit trois niveaux, avec un « dispositif permanent » pour sécuriser les sites sensibles et touristiques, un « échelon de renforcement planifié » pour assurer la protection des évènements occasionnels et une « réserve stratégique » de 3.000 soldats, appelée à intervenir en cas de coup de dur.

Les effectifs des deux premiers échelons seront répartis en fonction des besoins, contrairement, donc, à ce qu’avait indiqué M. Collomb le mois dernier. « On va adapter la ressource selon le principe du paratonnerre, en déployant là où la foudre est susceptible de tomber plutôt que de dire aux hommes ‘attendez ici, peut-être qu’un jour cela tombera' », a expliqué Mme Parly.

« Il faut être plus imprévisible, plus discret, plus à la manœuvre (…) pour ne pas permettre à l’agresseur de disposer d’un certain nombre d’informations qui rendraient l’opération moins efficace et exposeraient de façon inutile les forces engagées », a continué la ministre. En clair, il est donc question de miser sur les effets et non plus sur le nombre.

« Ce que nous voulons, c’est faire mieux pour être plus efficace », a insisté Mme Parly, sur les ondes d’Europe1, ce 14 septembre. « Il s’agit de rendre le dispositif plus flexible, plus mobile, moins anticipable. Il faut éviter que l’opération Sentinelle soit prévisible par avance », a-t-elle continué. Et de conclure : « Il y aura des missions aléatoires qui auront été planifiées mais qui ne seront connues ni des élus ni de la population. »

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