Les États-Unis et l’Inde renforcent leur coopération militaire
Pour équiper ses forces armées, l’Inde a longtemps compté sur l’Union soviétique (puis la Russie) et, dans une moindre mesure, sur la France. Depuis les années 2000, les choses ont commencé à changer et le pays s’est tourné vers Israël pour la défense antimissile et les États-Unis, auprès desquels il a commandé des avions de transport C-130 Hercules et C-117 Globmaster III ainsi que des appareils de surveillance maritime P-8 Poseidon et des hélicoptères AH-64 Apache et CH-47 Chinook.
Ces commandes passées auprès de l’industrie américaine de l’armement coïncident avec le rapprochement opéré par New Delhi et Washington en 2004, avec la signature du Next Step in Strategic Partnership (NSSP) et celle, un an plus tard, d’un accord sur le nucléaire civil. Et cela, alors que les États-Unis cherchaient aussi à ménager le Pakistan – ennemi historique de l’Inde et allié de la Chine – dans le cadre de leur engagement en Afghanistan.
Depuis, les relations entre les deux pays ne cessent de s’intensifier, le Premier ministre indien, Narendra Modi, s’étant déplacé au moins à 4 reprises aux États-Unis depuis 2014.
En septembre 2015, l’objectif d’arriver à 500 milliards de dollars d’échanges commerciaux par an entre New Delhi et Washington a ainsi été fixé. Et les deux capitales ont des sujets de préoccupation communs, comme la lutte contre le terrorisme et la sécurité maritime dans l’océan Indien et en mer de Chine méridionale.
Sur ce dernier point, l’Inde s’inquiéte du dispositif naval que la Chine met en place dans environnement immédiat (le « collier de perles »), avec l’installation de facilités portuaires au Pakistan (Gwadar), en Birmanie (Kyaukpyu) et au Bangladesh (Chittagong).
En juin, devant le Congrès américain, Narendra Modi a estimé qu’un partenariat entre les États-Unis et son pays pouvait « contribuer à assurer la sécurité des voies maritimes internationales et la liberté de navigation. »
D’où, sans doute, l’accord trouvé en avril (après 10 ans de discussions) et officiellement signé le 29 août à l’occasion d’une rencontre en le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, et son homologue indien, Manohar Parrikar.
Appelé Logistics Exchange Memorandum of Agreement (LEMOA), cet accord vise à donner, aux forces armées des deux pays, un accès réciproque aux bases militaires pour la maintenance et le réapprovisionnement de leurs équipements. En clair, il s’agit de faciliter les opérations et les manoeuvres conjointes. « Aujourd’hui, l’Inde a plus d’exercices avec les Etats-Unis qu’avec n’importe quel autre pays dans le monde », avait souligné, en avril, M. Parrikar.
Cela étant, deux autres accords font encore l’objet de discussions : le Communications and Information Security Memorandum of Agreement (CISMOA), qui permettrait à l’Inde de disposer d’un réseau sécurisé de communications, et le Basic Exchange and Cooperation Agreement (BECA) pour le renseignement spatial.
Mais c’est surtout sur le plan industriel que l’Inde attend le plus des États-Unis, lesquels lui ont donné, en juin, le statut de « partenaire majeur de la Défense« . Ainsi, il a été rapporté que, dans le cadre de la « Defense Technology and Trade Initiative« , New Delhi chercherait l’appui de Washington pour concevoir l’un de ses deux prochains porte-avions, lequel sera en configuration CATOBAR (Catapult Assisted Take Off But Arrested Recovery), c’est à dire doté de catapultes et de brin d’arrêt.
En attendant, après avoir signé le LEMOA, le ministre indien de la Défense a été convié à visiter la DARPA (l’agence de recherche du Pentagone), la Defense Innovation Unit Experimental (DIUx), l’US Cyber Command ainsi que la 480e escadre spécialisée dans les missions ISR (Intelligence, Surveillance, and Reconnaissance).