Avec l’appui aérien de la coalition, les forces irakiennes ont repris Ramadi à Daesh
Après 7 mois de silence, Abu Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique (EI ou Daesh) a fait diffuser un enregistrement sonore de 24 minutes via les réseaux sociaux au lendemain de Noël pour lancer un appel à la révolte en Arabie Saoudite et à lancer des attaques contre Israël. Mais, surtout, il a assuré que l’organisation jihadiste qu’il dirige n’est pas affaiblie par les raids aériens dont elle est la cible.
« Soyez sûr que Dieu donnera la victoire à ceux qui le vénèrent et écoutez la bonne nouvelle : notre État se porte bien. Plus la guerre s’intensifie contre lui, plus il devient pur et résistant », a en effet affirme al-Baghdadi.
Seulement, ce genre de propos relèvent de la méthode Coué… Car, ces derniers jours, Daesh a encore perdu du terrain, que ce soit face aux troupes irakiennes ou aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition formée par des combattants kurdes et arabes et soutenue par les États-Unis.
Ainsi, dans la province syrienne d’Alep, trois jours seulement après avoir lancé leur offensive, les FDS ont réussi, le 26 décembre, à reprendre aux jihadistes le barrage stratégique de Tichrine, situé sur l’Euphrate, qu’ils contrôlaient depuis 2014 après en avoir chassé plusieurs groupes rebelles, dont le salafiste Ahrar al-Cham.
Les FDS ont « libéré le barrage de Tichrine », a ainsi affirmé le colonel Talal Sello, leur porte-parole. Mais, toujours selon ce dernier, les « affrontements se poursuivaient dans la zone des logements de fonction des employés, autour du barrage ».
Mais c’est en Irak où Daesh a subi son plus grave revers, avec la perte de Ramadi, la capitale de la province d’al-Anbar. En mai, la conquête de la ville par les jihadistes avait été abondamment commentée et des doutes sur la stratégie de la coalition anti-EI emmenée par les États-Unis furent exprimés.
L’attitude des forces irakiennes, chargée de la défendre, fut également vivement critiquée. « Nous avons un problème avec la volonté des Irakiens de combattre l’EI et de se défendre », avait même affirmé Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense. Aussi, la reprise de Ramadi était importante aussi bien d’un point de vue militaire que symbolique.
Après des semaines de préparation, les forces de sécurité irakienne (FSI) ont fini par encercler Ramadi avant de progresser vers le centre-ville, avec l’objectif de chasser les jihadistes de l’ancien siège du gouvernement provincial. Et cela a donné lieu à de violents combats, notamment à un carrefour stratégique situé dans le quartier de Hoz.
La progression des militaires irakiens, dont ceux appartenant aux forces d’élite du contre-terrorisme (CTS), formés et entraînés par la coalition anti-EI, a été ralentie par des engins explosifs improvisés et des tireurs d’élite de Daesh. L’organisation jihadiste a même eu recours à des attaques suicides.
« La 8e division de l’armée et les forces d’élite du contre terrorisme avancent », a affirmé, le 26 décembre, le colonel américain Steven Warren, le porte-parole de la coalition. « Les CTS ont encore progressé de quelques centaines de mètres vers le siège du gouvernement », a-t-il ajouté.
Finalement, le lendemain, Sabah al-Numan, un porte-parole des CTS, a affirmé, à l’AFP, que « tous les combattants de Daesh étaient partis » du complexe gouvernemental. « Il n’y a pas de résistance », a-t-il précisé.
Plus tard, le porte-parole des CTS a confirmé la prise du bâtiment. « Contrôler ce complexe signifie qu’ils ont été vaincus », a-t-il dit, en parlant des jihadistes. « La prochaine étape est de nettoyer les poches qui pourraient encore exister ici et là dans la ville. Le complexe est complètement sous notre contrôle, il n’y a plus aucune présence de Daesh », a-t-il poursuivi.
A priori, l’appui aérien de la coalition a joué, là encore, un rôle majeur. « Nous voyons beaucoup de cadavres de (combattants) de Daesh, tués dans les frappes aériennes sur le complexe », a fait savoir Sabah al-Numan.
Selon un bilan donné par des sources médicales à Bagdad, les combats du 27 décembre auraient quand même fait 93 blessés par les forces irakiennes et plus de 50 jihadistes auraient été tués en 48 heures.
La reprise de Ramadi par les FSI fait suite à un autre revers infligé récemment à Daesh par les combattants kurdes irakiens (peshmergas) à Sinjar. Appuyés, là-aussi, par les frappes aériennes de la coalition, ces derniers ont ainsi réussi à couper une route stratégique utilisée par les jihadistes entre l’Irak et la Syrie.