La production de l’Eurofighter Typhoon pourrait prendre fin en 2018

En février dernier, le Pdg d’Airbus Group, Thomas Enders, ne s’était guère montré optimiste sur l’avenir de l’avion de combat Eurofighter Typhoon, que son groupe produit avec BAE Systems et Finmeccanica. « Nous espérons remporter encore un ou deux succès à l’exportation mais nous devons aussi nous préparer à un scenario où, en raison d’absence de commandes à l’exportation, nous devrons bientôt réduire la production », avait-il affirmé.

Le patron d’Airbus Defense & Space, Bernhard Gerwert, a quant à lui clairement évoqué la fin prochaine de la production de l’appareil européen. « Airbus Group et ses partenaires arrêteront de construire l’Eurofighter en 2018 s’ils n’engrangent pas de nouvelles commandes à l’export », a-t-il en effet indiqué le 19 mai, lors d’un point presse à Berlin.

« Certaines décisions finales doivent encore être prises mais notre hypothèse est qu’il n’y aura pas de phase 3B », a-t-il ajouté, en faisant une référence à la dernière tranche de commande de l’Eurofighter Typhoon, la plus évoluée et censée lui donner des capacités vraiment multirôles. « Sans 3B et sans autres perspectives d’export, le programme Eurofighter s’arrêtera en 2018 », a-t-il expliqué.

Récemment, l’Allemagne a annoncé qu’elle renoncerait à  37 exemplaire de l’Eurofighter Typhoon 3B. Et les perspectives pour les autres clients à l’origine de ce programme n’incitent guère à l’optimisme dans la mesure où leurs dépenses militaires sont sous contraintes budgétaires, avec, à la clé, des réductions de commandes. « Nous demandons des dédommagements à nos clients », a averti M. Gerwert.

Le salut de l’Eurofighter passe donc par l’exportation. La perte du contrat MMRCA en Inde (126 unités) face au Rafale de Dassault Aviation a été un rude coup, de même que l’éviction de l’appareil européen aux Emirats arabes unis, alors que, pendant un temps, il était même donné favori… A cela s’ajoute l’échec en Suisse, où le Typhoon (ainsi que le Rafale) furent écartés au profit du Gripen suédois. Victoire de courte durée, cela dit, pour ce dernier, puisque les électeurs suisses ont rejeté le mécanisme de financement prévu pour son acquisition.

Reste les appels d’offres en cours, notamment au Koweit, au Qatar, à Bahreïn et en Malaisie. Sur ces marchés, « nous faisons face à une concurrence ardue », a déclaré Bernhard Gerwert. Et le fait de donner une date pour la fin de la production du Typhoon laisse penser qu’Airbus Defense & Space ne semble plus trop y croire… En mars dernier, le directeur général délégué d’Airbus Group, Marwan Lahoud, soulignait que « le nombre de campagnes s’amenuise » et qu’il « est de plus en plus difficile de vendre des avions de combat ».

Qui plus est, le récent rapport de la cour fédérale des comptes allemande (confirmant celui remis 3 ans plus tôt par le National Audit Office britannique) sur les coûts d’exploitation et de maintenance de l’appareil jugés trop élevés n’est évidemment pas le meilleur argument publicitaire…

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