Krauss Maffei Wegmann s’associe à Elbit Systems pour proposer un lance-roquettes multiple « européen »

Selon les auditions de son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, l’armée de Terre voudrait remplacer ses Lance-roquettes unitaires [LRU], dont elle a cédé deux de ses treize exemplaires à l’Ukraine, à l’horizon 2027 et non plus en 2030, comme il en était question jusqu’alors.

En effet, dans une réponse écrite à un député, publiée en janvier 2021, le ministère des Armées avait expliqué que le remplacement de cette « capacité de feux dans la profondeur » ferait l’objet d’un « dialogue avec l’Allemagne » et que des financements de l’Union européenne [PEDID et FEDef] seraient orientés vers le projet E-COLORSS [European COmmon LOng Range indirect Fire Support System], lequel vise à « préparer une solution européenne pour le remplacement du châssis et de la conduite de tir LRU à l’hozizon 2030 ».

Pour rappel, le LRU est une évolution du Lance-roquettes multiples [LRM ou MLRS], développé à partir de la fin des années 1970 dans le cadre d’un programme ayant associé les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la France. L’armée de Terre en reçut 56 exemplaires… Et treize furent donc modifiés afin de pouvoir tirer des roquettes à charge explosive unitaire M31 en lieu et place des roquettes à sous-munitions M26, interdites par la Convention d’Oslo.

Cela étant, si l’armée de Terre songe à remplacer ses LRU, une réflexion est en cours dans d’autres pays pour en faire de même avec le MLRS. Tel est par exemple le cas de l’Allemagne, qui a envoyé quelques uns de ses exemplaires [désignés MARS II] en Ukraine.

Pour le moment, l’une des options consisterait à se procurer des M142 HIMARS auprès des États-Unis. À moins que la solution que compte proposer l’allemand Krauss-Maffei Wegmann [associé au français Nexter au sein de KNDS, ndlr], en collaboration avec l’israélien Elbit Systems fasse l’affaire.

En effet, après avoir signé un accord en vue d’intensifier leur « coopération stratégique », l’été dernier, Elbit Systems et KMW ont annoncé, le 2 décembre, avoir élaboré le concept « Euro-PULS » pour la « prochaine génération européenne de systèmes d’artillerie de longue portée » destinée à remplacer le MLRS.

Ce concept, qui aurait déjà été proposé à des clients européens, repose sur le PULS [Multi-Purpose Universal Launching System ou système de lancement universel polyvalent], développé par Elbit System, ainsi que sur des munitions guidées. Et KMW apporterait son savoir-faire et son expérience en matière d’artillerie de longue portée [notamment en matière de conduite de tir].

D’après Elbit, le dispositif PULS est « adaptable » aux systèmes d’artillerie existants, « ce qui permet une réduction significative des coûts de maintenance et de formation qui seraient nécessaires avec une nouvelle plate-forme de véhicules », tout en étant précis jusqu’à 300 km, selon les différents types de munitions tirées.

« Les deux sociétés envisagent une production locale afin d’assurer l’indépendance de l’Europe », avancent KMW et Elbit Systems dans le communiqué commun.

« Je suis convaincu que l’Euro-PULS fournira une solution efficace aux besoins opérationnels et industriels des pays européens. Je suis encouragé par l’intérêt que cette initiative suscite déjà chez des des pays européens de l’Otan », a commenté Yehuda Vered, le directeur général d’Elbit System Land.

Cela étant, l’américain Lockheed-Martin, avec son M142 HIMARS, a un temps d’avance… Après la Pologne et la Roumanie, l’Estonie a confirmé, ce 3 décembre, l’achat de plusieurs exemplaires de ce système d’artillerie pour 200 millions d’euros. La Lettonie et la Lituanie ne devraient pas tarder à en faire autant.

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