L’US Air Force veut produire du carburéacteur avec du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère

Alors que la 26e conférence annuelle de l’ONU sur le climat vient de s’ouvrir à Glascow, l’US Air Force travaille sur un projet susceptible d’apporter une solution aux problèmes liés aux déréglements climatiques [à moins qu’il n’en crée de nouveaux, mais d’une nature différente…].

Ainsi, un hydrocarbure étant un amas d’atomes de carbone et d’hydrogène, l’idée consisterait à utiliser le dioxyde de carbone [CO2] présent dans l’atmosphère afin de produire du carburant de synthèse, selon le procédé « Fischer-Tropsch », mis au point dans les années 1920.

En clair, il s’agit de « casser » des molécules de CO2 pour en récupérer les atomes de carbone, puis associer ses derniers à des atomes d’hydrogène par catalyse.

En 2014, l’US Naval Research Laboratory [NRL] avait présenté un projet visant à produire du carburant en utilisant de l’eau de mer, qui contient 140 fois plus de dioxyde de carbone que l’air ambiant. Si les premiers résultats furent très encourageants, la difficulté était qu’un tel processus exigeait de grandes quantités d’énergie électrique. En tout cas, les recherches se poursuivent.

S’agissant du projet porté par l’US Air Force, il fait appel à l’entreprise Twelve, sélectionnée en 2020 pour une expérimentation qui s’est avérée concluante.

« Le projet a franchi une étape importante en août de cette année lorsque Twelve a réussi à produire du carburéacteur à partir de CO2, prouvant que le processus fonctionnait et créant les conditions pour produire du carburant synthétique neutre en carbone en plus grandes quantités. La première phase du projet devrait se terminer en décembre avec un rapport détaillant le processus et les conclusions », a en effet indiqué l’US Air Force.

Et pour cette dernière, au-delà de l’aspect financier, les « implications de cette innovation pourraient être profondes », dans la mesure où ses unités seraient en mesure de s’affranchir des contraintes logistiques en disposant de carburéacteur synthétique, appelé E-Jet, « n’importe où dans le monde »… mais à condition, toutefois, d’avoir un accès à de l’eau. Sur ce point, l’entreprise explique qu’elle pourra également être prélevée dans l’air.

Selon les explications données par Twelwe, le carburant E-Jet est fabriqué grâce grâce à un « nouveau réacteur électrochimique [ou électrolyseur] et un catalyseur qui électrifie le CO2 et l’eau, ce qui crée un gaz de synthèse CO + H2, qui est ensuite raffiné en « carburéacteur neutre en carbone ».

« La plupart des carburants synthétiques, qui sont créés par un mélange de monoxyde de carbone et d’hydrogène connu sous le nom de gaz de synthèse, sont produits en brûlant de la biomasse, du charbon ou du gaz naturel. La technologie de Twelve élimine le besoin de combustibles fossiles, produisant du gaz de synthèse en recyclant le CO2 capturé dans l’air et en utilisant uniquement de l’eau et de l’énergie renouvelable comme intrants », assure l’US Air Force. Et si celle-ci admet qu’il reste encore à relever d’autre défis, elle considère que l’expérimentation réussie par Twelve est un « premier pas positif dans un programme véritablement innovant ».

À noter que d’autres projets du même ordre sont en cours, à l’image de celui de l’Université d’Oxford [Royaume-Uni], où des savants travaillent sur un catalyseur d’un nouveau type qui, à base de fer, permettrait à un avion en vol de convertir le dioxyde de carbone en carburéacteur avec un rendement important.

« Comme ce dioxyde de carbone est extrait de l’air et réémis par les carburants pour avions à réaction lors de leur combustion en vol, l’effet global est un carburant neutre en carbone. Cela contraste avec les carburéacteurs produits à partir de sources d’hydrocarbures fossiles, où le processus de combustion libère le carbone fossile, qui finit dans l’atmosphère, sur le long terme, sous forme de dioxyde de carbone », avaient expliqué les scientifiques britanniques dans Nature, en décembre 2020.

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