La Marine américaine cherche à fabriquer du carburant avec de l’eau de mer
Qu’est qu’un hydrocarbure? Une combinaison d’atomes de carbone et d’hydrogène. Or, l’eau de mer (H2O) contient beaucoup de dioxyde de carbone (C02), 140 fois plus que dans l’air.
Aussi, l’idée de l’US Naval Research Laboratory (NRL), une unité de recherche de la marine américaine, est simple : pour produire du carburant, il suffirait de combiner le C02 avec de l’hydrogène après avoir réussi à l’extraire de l’eau de mer. Plus facile à dire qu’à faire…
Et cela fait plus de 9 ans que les chercheurs de ce laboratoire travaillent dessus. Mais, a priori, ils viennent de franchir une étape après avoir mis au moins, en octobre 2012, une cellule électrochimique capable de récupérer jusqu’à 92% du dioxyde de carbone contenu dans l’eau de mer par électrolyse. Les éléments obtenus sont ensuite catalysés selon une manière semblable au procédé Fischer-Tropsch pour être transformés en hydrocarbures.
Avec le carburant ainsi obtenu, qui « a sensiblement la même apparence et la même odeur qu’un kérosène conventionnel » et ‘peut être utilisé sur n’importe quel moteur actuel », les chercheurs ont pu faire voler la reproduction miniature d’un P-51 Mustang.
« Pour la première fois, nous avons été capables de mettre au point une technologie pour capturer de façon simultanée le CO2 et l’hydrogène contenue dans l’eau de mer et d’en faire un carburant liquide, c’est une percée importante », a expliqué, à l’AFP; Heather Willauer, une chimiste du NRL.
L’unité de production mise au point – appelée E-CEM -, installée sur une palette d’1,5 mètre de côté, ne peut sortir qu’une petite quantité de carburant. Pour en produire davantage, il faudra donc passer à l’échelle supérieure… « Nous avons démontré la faisabilité, nous voulons améliorer l’efficacité », a commenté Heather Willauer.
Pour l’US Navy, qui consomme chaque année 2 millions de tonnes de carburant, cette avancée ouvre des perspectives intéressantes. « On ne va pas nécessairement à la station-service pour se ravitailler, c’est la station-service qui vient à nous par le biais d’un pétrolier ou d’un navire de ravitaillement », a expliqué le vice-amiral Philip Cullom, chef d’état-major adjoint de la marine américaine.
Et ravitailler un navire en pleine mer peut être délicat, surtout quand les conditions météorologiques sont mauvaises. Et pendant ce temps, la mission est mise provisoirement entre parenthèses. Ce type d’opération pourrait donc ne plus exister à l’avenir. En outre, cela permettrait de s’affranchir de la dépendance au pétrole, ce qui n’est pas non plus un mince argument.
Cependant, il faudra attendre encore au moins 10 ans, selon les chercheurs du NRL, pour que les navires de la marine américaine puissent être capables de produire leur propre carburant.
D’autres projets – civils cette fois – sont actuellement en cours afin de trouver un substitut au pétrole. Comme celui de la start-up américaine Joule, soutenue par le constructeur automobile allemand Audi, qui utilise des bactéries plongées dans des tubes transparents remplis d’eaux usées et de CO2. Exposées à la lumière, elle serait en mesure de produire de l’éthanol ou du gazole par photosynthèse.