La Suède dénonce l’intrusion de deux navires militaires russes dans ses eaux territoriales

En novembre 2014, après des semaines de recherches, l’état-major suédois confirma, preuve à l’appui, qu’un sous-marin de « petite taille » avait bien navigué parmi les 30.000 îles, îlots et récifs de l’achipel de Stockholm. « Nous ne savons pas qui est responsable de cette violation […] mais laissez-moi leur dire clairement : ceci est absolument inacceptable, nous ne voulons pas d’activité de renseignements dans nos eaux », avait prévenu Stefan Löfven, alors chef de l’exécutif suédois. Et d’ajouter : « Ceux qui envisagent d’entrer sur le territoire suédois illégalement doivent bien savoir quels risques énormes cela implique pour ceux qui prennent directement part à une telle violation. »

À l’époque, il fut avancé que l’analyse des éléments recueillis par la marine suédoise ne permettait pas d’identifier la nationalité de l’intrus. Mais, par la suite, Stockholm décida de renforcer les capacités de ses forces armées [via des hausses budgétaires], de remettre au goût du jour le concept de « défense totale », de rétablir le service militaire et de renouer avec les manoeuvres militaires de grande ampleur. Et cela, alors qu’un rapport gouvernemental soulignait, en 2017, que le risque d’une attaque – limitée – contre la Suède ne pouvait être exclu.

Une telle attaque venant de ses voisins scandinaves étant inconcevable, il était sous-entendu que la menace ne pouvait venir que de Russie… D’autant plus qu’il y avait eu quelques « incidents » les années précédentes. Ce qui rend particulièrement nerveux les dirigeants suédois, comme on a pu le voir en août dernier.

En effet, la présence de bâtiments de la marine russe, dont des navires de débarquement, près de l’île stratégique de Götland [le « porte-avions de la Baltique », ndlr], a contraint l’état-major suédois à mettre ses troupes en alerte et à y renforcer temporairement les capacités déjà déployées.

« Il y a actuellement une intense activité militaire en mer Baltique, menée par des acteurs russes et occidentaux, à une échelle qui n’a pas été vue depuis la guerre froide », a commenté le ministère suédois de la Défense au sujet de cet épisode. D’où, d’ailleurs, les missions régulièrement effectuées dans la région par les deux avions de renseignement Gulfstream IV des forces aériennes suédoises… Avions par ailleurs tout aussi régulièrement interceptés par les chasseurs russes.

Quoi qu’il en soit, le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist a élevé le ton à l’égard de la Russie, l’accusant de provocation « totalement inacceptable » après que deux navires de guerre russe ont violé les eaux territoriales suédoises [c’est à dire qu’ils ont franchi la limite des 12 nautiques en partant de la côte, ndlr].

Selon M. Hultqvist, les deux navires se sont approchés de l’île de Vinga, à 10 nautiques à l’ouest de Göteborg… et sans y avoir été invités. « C’est une violation et nous devons réagir et la dénoncer. […] Nous avons convoqué des diplomates russes », a-t-il dit, le 23 septembre, sur la chaîne de télévision suédoise SVT, alors qu’il venait de signer un accord de défense trilatéral associant la Norvège et la Finlande.

« Ceci est naturellement lié à la situation sécuritaire, qui a changé au fil du temps. […] Nous constatons une augmentation des forces russes dans la région de Mourmansk en termes de capacités et autres. Nous pouvons voir l’établissement d’une base près des frontières avec la Finlande. Et nous constatons un renforcement militaire dans toute la région arctique du côté russe », a justifié M. Hultqvist au sujet de cet accord trilatéral, auprès de la chaîne de télévision TV4.

Quant à l’intrusion des deux navires russes, elle a précisément eu lieu le 14 septembre. Selon l’état-major suédois, il s’agirait de deux corvettes, dont il n’a pas précisé le type. Ces dernières seraient restées 11 minutes dans les eaux suédoises, avant d’être invitées à partir par des messages radio.

Selon le quotidien Dagens Nyheter, les deux corvettes russes appartiendraient aux classes Steregouchtchi et Gremyashchiy, de conception récente.

Sollicité par le quotidien Expressen, Jonas Kjellén, analyste à l’agence suédoise de recherche pour la défense, n’a pas totalement exclu une possible erreur de la part des deux corvettes russes. Cependant, il pourrait surtout s’agir, selon lui, « d’un test ou d’une provocation » car « 11 minutes est une période assez longue pour comprendre, côté russe, que l’on se trouve du mauvais côté ».

À noter que les deux corvettes russes n’ont pas été les seules à « s’égarer » dans les eaux territoriales suédoises. Selon Stockholm, un navire militaire danois a également commis la même indélicatesse, pratiquement au même endroit… mais deux jours plus tard.

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