Opération Agenor : Un navire danois se joint à la frégate Languedoc pour surveiller le détroit d’Ormuz

Doubler les équipages des frégates multimissions [FREMM] afin de fidéliser les marins, améliorer la prépation opérationnelle [grâce à des simulateurs] et accroître le nombre de jours en mer ainsi que la qualité de la maintenance : telle était la mesure défendue par l’amiral Christophe Prazuck, qui quittera bientôt ses fonctions de chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM]. Et elle vient d’être mise en pratique.

En effet, le 6 août, l’équipage A de la FREMM Languedoc, actuellement déployée dans l’océan Indien au titre de l’opération navale européenne Agenor, a relevé l’équipage B qui avait appareillé de Toulon, le 25 avril dernier, après trois jours de passation de consignes à la base navale d’Abu Dhabi [Émirats arabes unis]. « Cette première relève d’équipage à l’étranger pour une FREMM marque une étape importante dans la manœuvre ‘bâtiment à double équipage’ [B2E] », souligne la Marine nationale.

Cette relève va ainsi permettre « de conserver pendant 6 mois le Languedoc en opération de sécurisation du détroit d’Ormuz dans une mission essentielle pour protéger nos intérêts », a fait valoir le capitaine de vaisseau Helluy, le commandant de l’équipage B. « Au-delà de réaliser une économie de 30 jours de mer et de deux franchissements du canal de Suez, cette relève d’équipage permet de maintenir la FREMM en opérations tout l’été », a confirmé le capitaine de vaisseau Le Goff, son homologue de l’équipage A.

Si la FREMM Languedoc restera déployée six mois de plus dans l’opération Agenor, ce ne sera pas le cas de la frégate antiaérienne néerlandaise HNLMS De Ruyter, arrivée dans l’océan Indien en février dernier. Ce navire, qui quitté la zone en juin pour l’opération Atalanta, vient en effet d’être remplacé par la frégate danoise Iver Huitfeldt, comme annoncé il y a quelques semaines par Copenhague.

Affichant un déplacement de 6.645 tonnes, la frégate Iver Huitfeldt a notamment été conçue pour la défense aérienne, avec 32 missiles RIM-66 Standard, 24 missiles RIM-162 ESSM [mis en oeuvre par 6 systèmes de lancement vertical] et 1 canon antiaérien Oerlikon Millennium de 35 mm CIWS. Elle dispose de capacités anti-navires, avec 8 à 16 missiles Harpoon, 2 canons de 76 mm et des lanceurs de torpilles MU-90. Enfin, elle embarque un hélicoptère Lynx ou SH-60 Seahawk.

L’opération européenne Agenor, dont les moyens sont complétés par un avion de patrouille maritime Atlantique 2, a été lancée à l’initiative de la France, après une série de sabotages et de détournements de pétroliers dans les environs du détroit d’Ormuz, durant l’été 2019. Sa pleine capacité opérationnelle a été prononcée le 25 février. Les Pays-Bas, le Danemark et la Grèce ont indiqué qu’ils mettraient des navires à sa disposition [ce qui a donc été fait avec les frégates De Ruyter et Iver Huitfeldt]. L’Allemagne, la Belgique, le Portugal et l’Italie ont exprimé un « soutien politique » à cette initiative.

À noter que les États-Unis ont également lancé une opération du même ordre, avec la participation du Royaume-Uni, de l’Australie, l’Arabie Saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis.

Par rapport à l’an passé, la situation dans le détroit d’Ormuz paraît plus calme. Ainsi, le bulletin mensuel publié par l’état-major de l’opération européenne mentionne le cas du pétrolier MT Gulf Sky [ex-MT Nautica], qui, recherché par les États-Unis après son rachat par des membres présumés du Corps des gardiens de la révolution iranien via des sociétés écran, fut détourné alors qu’il se trouvait au large des Émirats arabes unis. Le navire fut ensuite localisé dans le port iranien de Bandar Abbas.

Autre élément notable : les manoeuvres « Payambar-e Azam 14 » [Le Grand Prophète 14], au cours desquelles les forces navales iraniennes ont utilisé une maquette de porte-avions américain. Maquette qui a accidentellement chaviré lors de son remorquage vers Bandar Abbas.

« Bien que les autorités iraniennes ont émis des avertissements à tous les navires en VHF pour garder une distance de sécurité par rapport aux tirs, ce type d’activité n’est jamais sans risque dans une zone où la densité de navires est ussi élevée. Néanmoins, ces événements n’ont pas eu d’incidence directe sur la sécurité maritime de la région », a commenté l’état-major d’Agenor.

Photo : frégate danoise Iver Huitfeldt, par DanNav, via Wikimedia

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