Français tués au Niger : Le Parquet national antiterroriste ouvre une enquête

Ce 10 août, le Parquet national antiterroriste [PNAT] a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste » après l’attaque qui, la veille, a coûté le vie à 8 personnes, dont sept membres de l’ONG Acted et d’un guide nigérien, partis pour une excursion touristique dans les environs de la localité de Kouré, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Niamey [Niger].

L’enquête a été confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure [DGSI], en co-saisine avec la Sous-direction antiterroriste [SDAT], a-t-il été indiqué dans un communiqué, qui ne précise pas le nombre de victimes françaises.

L’ONG Acted [Agence d’aide à la coopération technique et au développement] a confirmé, ce même jour, que 7 de ses membres avaient été tués lors de cette attaque. « Nous ne savons pas précisément si ces 7 personnes étaient toutes françaises », a-t-elle affirmé. Cela étant, selon Niamey, ce sont six ressortissants français et deux Nigériens qui ont été assassinés par un commando d’hommes armés circulant à moto [un mode de transport pourtant interdit depuis janvier au Niger].

À l’issue d’un entretien avec Mahamadou Issoufou, son homologue nigérien, le président Macron a dénoncé une « attaque meurtrière qui a lâchement frappé un groupe de travailleurs humanitaires », avant d’assurer que « tous les moyens sont et seront mis en œuvre pour élucider les circonstances de cet attentat meurtrier dans les prochaines heures. »

Peu après l’attaque, la force Barkhane a été sollicitée pour appuyer les forces nigériennes [FAN] pour ratisser la zone de Kouré. Des Mirage 2000D ont ainsi été mobilisés. Pour le moment, la traque des assaillants n’a rien donné.

Le communiqué publié par l’Élysée a aussi insisté sur le fait que la détermination des présidents Macron et Issoufou « à poursuivre la lutte en commun contre les groupes terroristes au Sahel demeure intacte. » Et un Conseil de défense est prévu le 11 août au matin, sur la « base des informations qui seront transmises ce lundi par les autorités nigériennes et françaises », est-il précisé dans ce texte.

Quoi qu’il en soit, les soupçons se portent sur l’État islamique au grand sahara [EIGS], par ailleurs particulièrement actif dans l’est du Burkina Faso. Et selon des sources du journaliste Wassim Nasr, de France 24, l’organisation rivale de l’EIGS, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] a nié toute implication dans cette attaque.

La région où l’attaque a eu lieu est relativement éloignée de celle dite des trois frontières, où Barkhane et les forces armées partenaires ont accentué leur pression sur l’EIGS depuis le sommet de Pau du 13 janvier dernier. Mais cela ne signifie pas que les environs de Niamey sont exempts de toute menace.

Ainsi, en mai 2019, l’EIGS a revendiqué l’attaque de la prison « haute sécurité » de Koutoukalé qui, située à 50 km au nord-ouest de la capitale nigérienne, est celle où sont incarcérés de nombreux jihadistes des groupes sahéliens et nigérians. Un tel assaut n’était pas le premier : le centre pénitentiaire avait déjà été visé deux ans plus tôt par des hommes armés venus en moto. Au lendemain de cette nouvelle tentative d’attaque, une patrouille de l’armée nigérienne, lancée à la poursuite des assaillants, a été décimée dans une embuscade tendue à la hauteur de Baley Béri [27 tués].

Un mois plus tard, à quelques jours d’un sommet de l’Union africaine, les faubourgs de Niamey ont été le théâtre d’une attaque « inédite ». En effet, un poste de sécurité, situé au nord-ouest de la ville, a été pris d’assaut par des hommes armés, arrivés en moto. Bilan : deux policiers tués et quatre autres blessés, dont deux gravement. À les époques, les autorités ont évoqué un « acte de banditisme isolé, sans exclue la piste terroriste ». Mais selon RFI, une source officielle avait admis que « parfois, les [jihadistes] descendent à moto de la région de Tillébary ».

Photo : Archive

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