L’aviation américaine a frappé un camp d’al-Qaïda à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan

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Après en avoir pris le contrôle fin septembre, ce qui a donné lieu à une contre-offensive des forces afghanes, appuyées par la mission de l’Otan « Resolute Support », le mouvement taleb a annoncé, le 13 octobre, son retrait de la ville de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan.

« Nous assurons à notre peuple et au monde que nous sommes en mesure de prendre la ville », a affirmé Zabihullah Mujahid, le porte-parole des taliban, via un communiqué. « Le retrait de Kunduz et des installations gouvernementales est le fruit de consultations destinées à protéger les civils des bombardements et prolonger (notre présence) provoquerait des pertes humaines et un gâchis de munitions », a-t-il ajouté.

Cela étant, le souci d’épargner les civils n’est visiblement pas la priorité des insurgés, si l’on en juge par un rapport d’Amnesty International, qui a compilé de nombreuses exactions commises à l’endroit de la population de Kunduz par des escadrons de la mort taliban.

« Les témoignages que nous avons recueillis dépeignent le règne de la terreur imposé par les talibans lorsqu’ils ont pris Kunduz cette semaine. Les nombreux témoignages crédibles faisant état d’homicides, de viols et d’autres atrocités infligées aux résidents de la ville doivent inciter les autorités afghanes à en faire plus désormais pour protéger les civils, en particulier dans les zones où de nouveaux affrontements semblent imminents », a déclaré Horia Mosadiq, spécialiste de l’Afghanistan à Amnesty International, cité dans un communiqué publié par l’ONG le 1er octobre.

La prise puis le retrait de Kunduz illustre sans doute une nouvelle stratégie du mouvement taleb, consistant à mener des actions de guérilla contre les grandes villes dont il n’est pas en mesure de s’assurer le contrôle sur le durée afin de mettre à l’épreuve les forces de sécurité afghane.

Ainsi, après la conquête momentanée de Kunduz, qui a servi leur propagande, les insurgés ont tenté de s’attaquer à Maïmana, la capitale de la province de Faryab. Seulement, ils y ont été tenus en échec par les forces afghanes, appuyées par des milices locales.

Même chose à Ghazni, chef lieu de la province du même nom, située à seulement 130 km de Kaboul. Le 14 septembre, les insurgés y avaient mené une opération audacieuse contre la prison de la ville en libérant plus de 350 détenus appartenant en grande majorité au mouvement taleb.

« Quelques 2.000 combattants talibans ont lancé dans la matinée une attaque depuis plusieurs directions sur Ghazni », a affirmé, le 12 octobre, Mohammad Ali Ahmadi, le vice-gouverneur de la province. « Ils ont réussi à s’approcher jusqu’à 5 kilomètres de la ville, provoquant des combats farouches, mais ont été rapidement repoussés par les forces afghanes », a-t-il ajouté.

La ville de Ghazni a une importance stratégique étant donné qu’elle est située sur l’axe routier reliant Kaboul à Kandahar, fief historique des talibans dans le sud de l’Afghanistan.

Justement, les insurgés y étendent leur influence. Après que ces derniers ont affirmé, cet été, avoir pris le contrôle de plusieurs districts, en particulier dans la province du Helmand, ils se seraient emparés de celui de Ghorak, dans celle de Kandahar.

A priori, les talibans cherchent à contrôler plusieurs districts allant des provinces de Farah et de Zaboul afin de fondre par la suite sur Lashar Gah et Kandahar, deux importantes villes dont la perte porterait un coup majeur au gouvernement afghan.

Signe que l’influence des taliban s’enracine, des camps d’entraînement d’al-Qaïda réapparaissent, notamment dans le sud de l’Afghanistan. Et cela a obligé l’armée américaine, qui compte plus de 10.000 hommes au sein de la mission Resolute Support, d’intervenir dans la province de Kandahar.

Et, apparemment, il a fallu y « mettre le paquet » puisque, d’après le général américain Wilson Shoffner, le porte-parole de Resolute Support, une vaste opération a été menée à partir du 7 octobre contre deux importants camps d’al-Qaïda implantés dans le district de Shorabak (province de Kandahar), après des mois de recueil de renseignements et de planification.

Au final, il a fallu 5 jours, 63 frappes aériennes, assurées par l’aviation américaine et une force terrestre de 200 soldats afghans et américains pour en venir à bout. Cette opération a permis de saisir de nombreuses armes et munitions, dont des systèmes anti-aériens, ainsi que des documents (passeports étrangers) et du matériel électronique (ordinateurs, téléphones, caméras).

Toutefois, l’annonce de cette opération est une surprise (relative) dans la mesure où elle contredit les déclarations officielles de l’administration Obama, qui assurait il y encore peu, qu’al-Qaïda ne comptait qu’entre 50 et 100 combattants en Afghanistan, essentiellement dans les provinces de Kunar et du Nouristan.

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