Les États-Unis accusent les forces russes d’avoir recours à des armes chimiques en Ukraine

Récemment, l’état-major ukrainien a accusé les forces russes d’avoir utilisé, à plusieurs reprises, des substances chimiques contre des positions tenues par ses unités d’infanterie. Dans un communiqué publié le 9 février, il a ainsi fait état de l’usage courant de grenades K-51 chargées de chloropicrine, un gaz de combat qui, apparu sur les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale, provoque un effet suffocant quand il est inhalé.

Outre le recours à la chloropicrine, les forces russes auraient également utilisé des gaz lacrymogènes, comme le 2-Chlorobenzylidène malonitrile. Si de telles substances sont d’un usage courant pour assurer le maintien de l’ordre, elles sont en revanche interdites dans les opérations militaires, comme le précise l’article 1 de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. En effet, « chaque État partie s’engage à ne pas employer d’agents de lutte antiémeute en tant que moyens de guerre », stipule-t-il.

Les allégations sur l’usage de substances chimiques interdites par les forces russes avaient été en réalité évoquées par certains médias ukrainiens quelques jours plus tôt. Ce qui avait conduit Moscou à les démentir.

« Toutes les allégations selon lesquelles la Russie utilise des grenades à base de chloroacétophénone interdites par la Convention de Genève sont basées sur des données non confirmées. Il n’y a pas d’armes chimiques dans les stocks de l’armée russe, comme l’ont confirmé les enquêtes internationales », avait réagi, dès le 26 janvier, l’ambassade de Russie aux Pays-Bas, où est implanté le siège de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC].

Puis, fin février, le gouvernement russe a retourné l’accusation contre Kiev, en affirmant avoir constaté une « intensification de l’utilisation de produits chimiques toxiques par les formations armées ukrainiennes ». Et d’ajouter : « De nombreux cas ont été constatés dans lesquels la partie ukrainienne a utilisé la substance irritante chloropicrine comme moyen de guerre, souvent mélangée à de la chloroacétophénone ». Enfin, pour donner plus de poids à ses allégations, il a souligné que les analyses avaient été réalisées par un laboratoire désigné [en 2000] par l’OIAC, à savoir le Laboratoire de contrôle chimique et analytique du Centre de recherche militaire de son ministère de la Défense.

En attendant, pour la diplomatie américaine, les accusations de Kiev ne font guère de doute. Le 1er mai, elle les a reprises à son compte, dans un communiqué publié pour annoncer de nouvelles sanctions contre la Russie.

« Le Département d’État a déterminé […] que la Russie a utilisé l’arme chimique [à base de] chloropicrine contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques [CIAC]. Nous prenons cette décision en plus de notre évaluation selon laquelle la Russie a utilisé des agents anti-émeutes comme méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la CIAC », avance le document.

« L’utilisation de tels produits chimiques n’est pas un incident isolé. Il est probablement motivé par la volonté des forces russes de déloger les forces ukrainiennes des positions fortifiées et de réaliser des gains tactiques sur le champ de bataille. Le mépris persistant de la Russie à l’égard de ses obligations envers la CIAC découle du même scénario que ses opérations visant à empoisonner Alexeï Navalny, Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques Novitchok », souligne le département d’État.

Parmi les entités sanctionnées par Washington figurent le 48e Institut central scientifique et de recherche du ministère russe de la Défense [48e TSNII], les « troupes de défense radiologique, chimique et biologique de la fédération de Russie » et l’Institut de recherche scientifique en acoustique appliquée [FGP NIIPA] pour sa participation à « l’achat de produits susceptibles d’être utilisés dans la production d’armes chimiques ».

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