La France et la Moldavie vont signer un accord de coopération en matière de défense

La semaine passée, abritant une importante population russophone, la république moldave du Dniestr [ou Transnistrie], en rupture de ban avec la Moldavie depuis la fin de l’Union soviétique, a appelé la Russie « à mettre en oeuvre des mesures » pour la protéger face à la « pression accrue » exercée par Chisinau à son endroit. Dans la foulée, Moscou a fait savoir que cette demande serait examinée « avec attention », sans plus de précision.

Un tel appel n’est pas surprenant. La guerre qui avait opposé les séparatistes de Transnistrie à l’armée moldave, en 1991-92, s’était terminée par un accord entre Moscou et Chisinau, aux termes duquel la Moldavie accepta d’accorder une large autonomie à la région sécessionniste et de renoncer à tout rapprochement avec la Roumanie en échange de la neutralité de la Russie.

Depuis, la Moldavie a noué des relations avec l’Otan et a obtenu le statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne [UE]. Cette évolution n’est pas au goût de Moscou… D’où les campagnes de déstabilisation dont font régulièrement état les autorités moldaves. En 2023, le Kremlin a abrogé un décret qui reconnaissait la souveraineté de Chisinau sur la Transnistrie en expliquant qu’il s’agissait de « garantir les intérêts nationaux de la Russie dans le cadre des profonds changements qui se produisent dans les relations internationales ».

En outre, à plusieurs reprises depuis le début de la guerre en Ukraine, des responsables russes ont suggéré que la Transnistrie serait le prochain objectif du Kremlin. Cela pourrait-il aller jusqu’à une invasion de la Moldavie ?

En attendant, l’armée moldave n’a pas les moyens de faire face à une telle menace. Ces derniers mois, quelques pays membres de l’UE ont contribué à renforcer [modestement] ses capacités, en lui livrant des blindés [comme l’a fait l’Allemagne avec des Piranha III acquis auprès du Danemark].

De son côté, en septembre dernier, la France a signé une lettre d’intention en vue d’établir une coopération militaire avec la Moldavie. Ce qui s’est ensuite concrétisé par la livraison d’un radar GM 200 au ministère moldave de la Défense. Reste à voir comment il pourra exploiter de telles capacités de détection étant donné qu’il ne possède plus d’aviation de combat [ses MiG-29 ont tous été revendus dans les années 1990, faute de moyens pour les entretenir…].

Quoi qu’il en soit, la lettre d’intention signée il y a six mois va se muer en « accord de coopération en matière de défense », à l’occasion d’un déplacement de Maia Sandu, la président moldave, à Paris, le 7 mars. Telle est en effet l’annonce que vient de faire l’Élysée, via un communiqué.

Selon ce dernier, le président Macron « redira le soutien de la France à l’indépendance, à la souveraineté et à la sécurité de la République de Moldavie, dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine ». Ce sera aussi l’occasion pour le locataire de l’Élysée de « confirmer la détermination de la France à continuer d’accompagner la Moldavie sur son chemin européen, à la suite de la décision du Conseil européen d’ouvrir les négociations d’adhésion ».

Le contenu de cet accord de « coopération en matière de défense » n’a pas été précisé. Probablement qu’il reprendra les bases qui avaient été posées en septembre dernier et qu’il portera sur la formation militaire, l’échange de renseignements et la défense aérienne [l’achat de missiles sol-air Mistral 3 avait été évoqué].

Photo : Radar GM 200 – Thales