Le ministère des Armées va commander 2000 munitions téléopérées « Colibri », dont 100 seront livrées à Kiev

En mai 2022, l’Agence de l’innovation de défense [AID] lança un appel à projets afin de développer deux types de munitions téléopérées [MTO ou « drone kamikaze »], appelées Larinae et Colibri. L’objectif de cette procédure, qualifiée d’innovante, était alors de disposer de solutions rapides et peu onéreuses.

Un an plus tard, l’AID annonça qu’elle avait retenu deux consortiums pour le projet Colibri, à savoir MBDA/Novadem et Nexter/Delair. Il était alors question d’évaluer deux conceptions différentes de MTO.

Ainsi, celle proposée par MBDA et Novadem reposait sur un drone à voilure tournante, plus facile à utiliser, notamment en milieu urbain tandis que celle présentée par Nexter et Delair consistait à adapter un drone de surveillance à voilure fixe, mieux adapté pour les environnements « ouverts et possiblement plus vastes ».

Des démonstrations devaient être menées vers la fin de l’année 2023, pour « alimenter la connaissance des capacités de ces types de solutions d’un point de vue technique et opérationnel, ainsi que les aspects relatifs à la sécurité de mise en œuvre », avait-il été avancé à l’époque.

Visiblement, la solution de Nexter/Delair a pris un avantage. En effet, le 29 février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé que 100 MTO produites par ce consortium allaient être commandées pour être livrées à l’Ukraine d’ici l’été prochain.

« J’ai pris la décision de commander 2000 munitions téléopérées, autant pour les besoins de l’armée française que pour l’Ukraine », a déclaré M. Lecornu, lors d’une visite de l’usine du constructeur de drones Delair, près de Toulouse. « Les drones kamikazes sont absolument fondamentaux dans la conduite des opérations » et pourront constituer un « complément du [canon] CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie] en matière d’artillerie », a-t-il ajouté.

Pour rappel, selon son cahier des charges, la MTO Colibri doit être en mesure d’atteindre une cible potentielle située à au moins cinq kilomètres de distance [et pour un coût unitaire inférieur à 20’000 euros]. Peut-elle être effectivement complémentaire du CAESAr, dont la portée est de plus de quarante kilomètres ? Sans doute que la MTO Larinae serait mieux adaptée pour ce rôle, son rayon d’action étant de 50 kilomètres.

Cela étant, rien ne dit que les 2000 MTO de type Colibri seront tous produits par Delair et Nexter. Probablement que la solution proposée par Novadem et MBDA fera aussi l’objet d’une commande.

Quoi qu’il en soit, la MTO développée par Delair et Nexter est une adaptation du drone UX11, mis en service au sein des forces spéciales françaises depuis 2019. Optimisé pour les vols BVLOS [Beyond Visual Line of Sight] et résistant au brouillage, il affiche une envergure de 1,1 mètre pour une masse de 1,4 kg. Ayant une autonomie de vol d’environ une heure, cet appareil a un rayon d’action de 50 km. Mais cette distance sera moindre avec l’intégration de la charge à fragmentation contrôlée et effets contrôlés fournie par Nexter Arrowtech [il est question de 25 km, ndlr].

Actuellement, Delair a déjà livré 150 drones aux forces ukrainiennes, dont 100 UX11 et 50 DT-26 [utilisés pour les missions ISR]. L’industriel s’apprête en outre à en expédier 150 autres en Ukraine.

Photo : Drone UX-11 – Delair

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