Les légionnaires ont engagé leurs nouveaux véhicules HT 270 dans l’opération Harpie pour la première fois

Lancée en 2008, l’opération « Harpie » n’a pas encore permis de mettre un terme à l’orpaillage illégal en Guyane, source d’une criminalité galopante et d’atteintes graves à l’environnement, en raison de l’usage de mercure pour amalgamer l’or. Pourtant, les Forces armées en Guyane [FAG] et la Gendarmerie nationale n’épargnent pas leurs efforts contre ce fléau, qui porte un préjudice majeur à l’économie locale et aux finances publiques, évalué à plus de 500 millions d’euros par an.

Et cela malgré les patrouilles en forêt, les saisies de matériels et d’avoirs criminels, les destructions de sites illégaux d’orpaillage, les arrestations de « garimpeiros » [orpailleurs originaires du Brésil] ou encore les actions contre les flux logistiques de ces derniers.

Ce phénomène n’est pas près de s’arrêter, pour au moins deux raisons : le cours de l’or a atteint, en 2023, son plus haut niveau, à 2072 dollars l’once [soit 77’000 euros le kilo] et les activités des garimpeiros sont, en quelque sorte, encouragées par des « acteurs chinois ».

« Les 120 comptoirs chinois établis le long de la rive surinamaise du Maroni jouent un rôle clé dans la logistique de l’orpaillage en approvisionnant en matériel et biens du quotidien les chantiers et en permettant leur financement », a en effet expliqué la Fondation pour la recherche stratégique [FRS], dans une note publiée en septembre 2023.

Et d’ajouter : « Les réseaux transnationaux qui les accompagnent facilitent le recel et le blanchiment de près de dix tonnes d’or extrait illégalement chaque année et sont impliqués dans divers pans de la criminalité environnementale […]. Comptoirs et réseaux chinois renforcent enfin la résilience des orpailleurs illégaux, ce qui nuit durablement à l’action de l’État et va à l’encontre des intérêts français ».

Pour autant, l’opération Harpie est plus que jamais nécessaire… car, sans les actions menées par les militaires français contre les orpailleurs clandestins, la situation en Guyane serait bien plus grave. Cela étant, l’État-major des armées [EMA] ne donne plus systématiquement le bilan détaillé de celles-ci.

Ainsi en a-t-il été pour l’opération « CRABE », menée entre le 30 janvier et le 8 février par les légionnaires de la 3e compagnie du 3e Régiment Étranger d’Infanterie [REI] dans la commune de Saint-Élie [la cinquième plus grande de France]. Dans son point hebdomadaire, l’EMA a en effet seulement indiqué qu’elle a permis d’obtenir un « bilan conséquent », avec la saisie et la destruction de « plusieurs matériels destinés à l’extraction d’or, d’antennes de télécommunications, d’armements, de groupes électrogènes et de quads ».

Mais la particularité de cette « manoeuvre » est qu’elle « a vu pour la première fois le déploiement de véhicules chenillés HT 270 dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illégal ». L’EMA explique que l’objectif était de « planifier et de conduire une opération en y associant ces nouveaux véhicules chenillés utilisés lors de l’opération TITAN de protection du centre spatial guyanais ».

Jusqu’alors, le 3e REI était doté de Véhicules articulés chenillés [VAC] de type Bandvagn 206 [BV 206]. En 2021, dans le cadre du programme VAC NPNG, la Section technique de l’armée de Terre [STAT] fit savoir qu’elle avait commencé l’évaluation d’un nouvel engin, à savoir le BV270 [ou HT 270], un véhicule civil acquis par l’entremise de l’Union des groupements d’achats publics [UGAP] et militarisé par Technamm.

Doté d’un moteur diesel W5A-580 de 169 ch fourni par Mercedes-Benz, le HT 270 affiche un Poids Total Autorisé en Charge [PTAC] d’un peu plus de 6,5 tonnes. Il peut rouler à la vitesse maximale 58 km/h et transporter jusqu’16 fantassins. Enfin, il dispose d’un affût pour une mitrailleuse MAG 58.

Visiblement, le HT 270 a apporté une plus-value appréciable à l’opération CRABE.

« Directement insérés dans la manœuvre tactique, les HT 270 ont permis d’assurer un soutien logistique mobile et rapide aux légionnaires progressant à pied, améliorant ainsi l’efficacité opérationnelle sur le terrain », a en effet expliqué l’EMA.

Le 3e REI a livré d’autres précisions. « Ces véhicules chenillés possèdent une importante capacité de franchissement », a-t-il d’abord rappelé. Aussi, leur « déploiement a permis de bloquer le passage sur les différentes pistes empruntées par les garimpeiros tout en assurant un soutien logistique mobile et rapide aux légionnaires progressant à pied, là où les autres ne vont pas », a-t-il conclu.