Mer Rouge : Le navire espion iranien M/V Behshad aurait été visé par une cyberattaque américaine

Actuellement, l’Iran dispose d’au moins deux navires aux abords du détroit de Bab el-Mandeb [mer Rouge], à savoir la frégate IRIS Alborz et le M/V Behshad, un cargo reconverti en navire espion et mis en oeuvre par la composante navale du Corps des gardiens de la révolution.

Officiellement, la mission de ses bâtiments se concentre sur la lutte contre la piraterie maritime dans la région. Sans doute est-ce vrai pour l’IRIS Alborz. En revanche, le M/V Behshad est soupçonné de fournir aux rebelles Houthis des renseignements sur le trafic maritime afin de leur permettre de lancer des attaques contre des navires liés aux intérêts israéliens, britanniques et américains depuis le Yémen.

En janvier, suite à la mort de trois soldats américains affectés à la base « Tower 22 », en Jordanie, lors d’une attaque revendiquée par l’organisation « Résistance islamique en Irak », alignée sur les intérêts iraniens, les États-Unis avaient assuré qu’ils riposteraient de manière « graduée ». Il n’y aura pas « un seule action, mais potentiellement plusieurs », avait expliqué John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

Le premier acte de cette riposte s’est joué dans la nuit du 2 au 3 février, avec des bombardements menés en Syrie et en Irak contre des positions tenues par des groupes armés inféodés à l’Iran. Il a été suivi, quatre jours plus tard, à Bagdad, par une frappe ciblée contre un commandant Kataëb Hezbollah, accusé par Washington d’avoir « directement planifié et participé à des attaques contre les forces américaines dans la région ».

Peu après, Téhéran a anticipé une possible action contre le M/V Behshad en affirmant que ceux qui seraient tentés de s’en prendre à ses navires auraient à « assumer la responsabilité de potentiels risques internationaux ». Et de suggérer, dans une vidéo diffusée via la messagerie Telegram, que le groupe aéronaval américain actuellement déployé dans la région pourrait être visé.

D’autant plus qu’il y a déjà eu un précédent. En 2021, après plusieurs attaques contre des navires liés à des intérêts israéliens, le prédécesseur du M/V Behshad, le M/V Saviz, avait en effet été attaqué au moyen de mines patelles posées par des commandos israéliens.

Quoi qu’il en soit, malgré l’avertissement de Téhéran, selon NBC News, les États-Unis s’en sont pris au M/V Behshad… via une cyberattaque, lancée dans le cadre de leur réponse à l’attaque de la base Tower 22.

« L’opération visait à empêcher le navire iranien de partager des renseignements avec les rebelles Houthis au Yémen », ont confié trois responsables américains. L’un d’eux a confirmé qu’il s’agissait bien du M/V Behshad, lequel se trouverait actuellement à proximité de la base militaire chinoise implantée à Djibouti.

« Les analystes militaires estiment qu’il est possible que l’Iran ait choisi de déplacer ce navire près de la base chinoise pour décourager les forces navales américaines de tenter d’attaquer physiquement ou d’aborder le navire espion présumé », rapporte NBC News.

La nature de la cyberattaque menée contre le M/V Behshad n’a pas été précisée. Avec le développement de la marétique [*], les possibilités ne manquent pas. Par exemple, il est possible d’introduire un logiciel malveillant dans le système informatique d’un navire afin de perturber le fonctionnement des ordinateurs du bord et, donc, sa capacité à manoeuvrer.

Mais la cyberattaque dont le M/V Behshad a été la cible n’a, a priori, pas été aussi loin puisque son but était de l’empêcher de communiquer avec les rebelles Houthis. C’est ce qui pourrait expliquer la raison pour laquelle ces derniers ont visé, la semaine passée, le MV Star Iris… un cargo grec qui faisait route vers Bandar Imam Khomeini, c’est à dire le principal terminal céréalier iranien.

[*] Ensemble des systèmes informatiques et électroniques utilisés dans la gestion et l’utilisation des opérations relatives aux activités maritimes.