Mer Rouge : Le commandement de l’opération navale européenne Aspides sera assuré par la Grèce

Malgré trois séries de frappes massives menées par les forces britanniques et américaines contre l’infrastructure militaire des rebelles Houthis [liés à l’Iran] au Yémen, il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu’il ne soit rapporté de nouvelles tentatives d’attaque contre des navires transitant par la mer Rouge ou dans le golfe d’Aden.

Ainsi, le 12 février, alors qu’il naviguait dans le détroit de Bab el-Mandeb, le vraquier Star Iris, battant pavillon des îles Marshall et exploité par la société Star Bulk, établie en Grèce, a été visé par deux missiles tirés par les Houthis, ceux-ci ayant affirmé qu’il était lié à des intérêts américains [son propriétaire est coté au Nasdaq, ndlr]. Parti du Brésil, ce navire devait rejoindre Bandar Imama Khomeini, en Iran.

Par ailleurs, les Houthis adaptent leurs modes opératoires. Si, jusqu’à présent, ils ont privilégié les missiles antinavires et les munitions télé-opérées [MTO ou « drones kamikazes »], il apparaît qu’ils ont de plus en plus recours à des drones de surface chargés d’explosifs. Cependant, aucune attaque tentée avec de tels moyens n’a pour le moment réussi.

Quoi qu’il en soit, afin d’assurer la sécurité maritime en mer Rouge, les États-Unis ont lancé l’opération « Gardien de la prospérité » en s’appuyant sur les Forces maritimes combinées [Combined Maritime Forces, CMF] déjà déployées dans la région. À noter que les frappes contre les infrastructures militaires houthies ont été effectuées en dehors du cadre de cette coalition.

Comme annoncé en janvier, celle-ci sera bientôt rejointe par une force navale de l’Union européenne, appelée EUNAVFOR Aspides. La création de cette dernière avait d’ailleurs été encouragée par la France et l’Italie, qui firent part de leur « volonté d’impulser une dynamique franco-italienne au niveau européen, pour accroître et coordonner les efforts des États européens et partenaires dans la zone ».

Les modalités de cette opération navale viennent d’être en partie précisées par le Journal officiel de l’Union européenne, le 12 février. Dotée d’un budget de [seulement] 8 millions d’euros et devant durer un an, elle sera commandée par le contre-amiral grec Vasileios Gryparis, depuis un quartier général établi à Larissa [Grèce].

La zone d’opération d’EUNAVFOR Aspides sera large… puisqu’elle comprend « le détroit de Bab el-Mandeb et le détroit d’Ormuz, ainsi que les eaux internationales de la mer Rouge, du golfe d’Aden, de la mer d’Oman, du golfe d’Oman et du golfe Persique ». Son objectif « stratégique » visera à assurer une « présence navale » de l’UE afin de « garantir la liberté de navigation des navires, en étroite coopération avec des prestataires de sécurité maritime partageant les mêmes idées ».

Sa mission consistera donc à escorter les navire dans sa zone d’opération, d’assurer une « connaissance de la situation maritime » et de protéger le trafic « contre les attaques multi-domaines en mer, dans le plein respect du droit international, » et selon les règles « de nécessité et de proportionnalité ».

Enfin, cette force navale devra se « coordonner étroitement » avec l’opération navale européenne EUNAVFOR Atalanta, dont la mission est de « contribuer à la sécurité maritime dans l’océan Indien occidental et dans la mer Rouge ». Elle pourra également coopérer avec l’opération Gardien de la prospérité, les Forces maritimes combinées ainsi qu’avec les « États disposés à contribuer à la sécurité maritime dans sa zone d’opération ».

Sur ce point, le document n’évoque à aucun moment la mission de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz [EMASoH, pour European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz] « Agenor », lancée à l’initiative de la France en 2019, avec la participation opérationnelle de l’Italie, du Danemark et de la Belgique.

Quant aux moyens devant être mis à la disposition d’EUNAVFOR Aspides, on sait que la frégate allemande Hessen en fera partie, que la Grèce entend déployer la frégate HS Hydra et que l’Italie dispose de la frégate de défense aérienne [FDA] Caio Duilio dans la région. La Belgique a annoncé sa participation avec la frégate Louise-Marie. Quant à la France, rien n’a filtré pour le moment, alors que la FREMM Languedoc et la FREMM à capacité de défense aérienne renforcée Alsace sont déjà en mission en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.