La Marine nationale précise ses plans pour l’avenir de sa réserve opérationnelle

La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit d’accroître significativement le format de la réserve opérationnelle, avec l’objectif d’atteindre le ratio d’un réserviste pour deux militaires d’active à l’horizon 2035… Ce qui supposera de recruter et de fidéliser environ 105’000 volontaires.

Il s’agira ainsi de conforter la « pertinence du modèle d’armée professionnelle » grâce à une « réserve opérationnelle plus nombreuse et mieux équipée, pleinement intégrée à l’armée active et polyvalente dans ses missions, dont l’emploi sera intensifié ».

En outre, comme l’a souligné le contre-amiral Laurent Berlizot, chef du pôle « Cohésion nationale » au sein de l’État-major de la Marine nationale, lors du dernier point de presse du ministère des Armées, ce renforcement de la réserve opérationnelle vise aussi à renforcer la « résilience de la Nation ».

Selon son site dédié au recrutement, la Marine nationale compte actuellement 15 % de réservistes opérationnels dans ses rangs, soit 6000 volontaires. Que feront ceux qui seront recrutés dans les années à venir ?

L’été dernier, alors qu’il s’apprêtait à quitter ses fonctions de chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier avait évoqué le projet de créer des « flottilles côtières de réserve », afin de « durcir » la défense maritime et de combler les « angles morts » en matière de surveillance.

Ces nouvelles unités de réservistes opérationnels sont sur le point de voir le jour. En effet, le contre-amiral Berlizot a annoncé que l’état-major d’une première flottille côtière de réserve sera formé à Brest d’ici l’été 2024, avec deux escouades associées, l’une à Bayonne, l’autre à La Rochelle. Ces entités seront dotées d’embarcations semi-rigides [le modèle n’est pas encore arrêté] et de mini-drones de type Anafi.

« Dans sa forme aboutie, le dispositif prévoit la création de trois flottilles côtières adossées aux façades littorales de l’Atlantique [Brest], de la Méditerranée [Toulon] et de la Manche et mer du Nord [Cherbourg] », a précisé le contre-amiral Berlizot.

Une flottille côtière de réserve sera constituée de dix escouades, comptant chacune 70 marins réservistes. En outre, six autres escouades seront créées en outre-mer. Au total, ce dispositif mobilisera 3000 volontaires, susceptibles d’être sollicités pendant une trentaine de jours par an. Ils auront à assurer quatre types de missions : « patrouiller » [intégration dans la fonction « garde-côtes »], « observer » [renforcement de la posture permanente de sauvegarde maritime], « protéger » [intégration au dispositif de l’action de l’État en mer] et « rayonner ».

Ces unités de réservistes « conduiront par exemple des missions de présence, de surveillance, de sauvetage en mer d’opportunité ou de diffusion des règles de bonnes pratiques aux usagers de la mer. Les escouades seront sous contrôle opérationnel du commandant de zone maritime et coopéreront avec les unités de la Marine nationale », a détaillé le contre-amiral Berlizot.

Cela étant, ces flottilles côtières ne représenteront qu’un quart de l’effectif de réservistes opérationnels de la Marine nationale à l’horizon 2035. Aussi, trois « flottilles spécialisées » vont être créées, en particulier dans les domaines de numérique/cyber, de la logistique opérationnelle et de la formation. Sur ce dernier point, il est question de recruter des professeurs réservistes qui iront ensuite enseigner dans les écoles de la « Royale ».

Enfin, 11 « flottilles maritimes » vont être mises sur pied, avec l’objectif de recruter plus de 2500 réservistes opérationnels. Ces unités seront adossées à une « autorité d’emploi », c’est à dire à l’aéronautique navale, à la force d’action navale, à la force océanique stratégique, etc.

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35 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    Dans l’ordre, c’eut aurait été chouette de commencer par Mayotte, et non de terminer par là.
    Je comprends qu’il doit y avoir des raisons pour cela, mais quand même …

  2. Bastan dit :

    Pourquoi ne pas piocher chez les marins pêcheurs pour la Marine? Surtout pour la surveillance des côtes. Les compagnies aériennes pourraient également être mise à contribution avec des pilotes de transport, voire d’AMRT, AWACS pour les phases de transit. Des routiers pour la logistique, des soignants formés aux interventions en situation de guerre. Autant prendre des gens formés et rapidement opérationnels.

    • Pacha dit :

      Je crois que vous voulez revenir aux « inscrits maritimes » qui ont disparu au début des années 1970. Pourquoi pas ? Il y a là un certain vivier.
      Quant à utiliser les AWACS, cela ne me semble pas possible. Il y a peu de places avec deus équipages en place ou en repos dans ces avions !

      • Bastan dit :

        Le pilote civil formé sur Airbus ou Boeing peut prendre la place d’un pilote dans les phases de vol classique lors des vols de ravitaillement, et faire des hippodromes avec un AWACS. Durant la guerre au Kosovo c’est ce que faisait l’USAF avec ses C135 basés à Mont-de-Marsan. Deux pilotes militaires et deux »civils » peuvent prendre place à bord. En fait je n’évoquait qu’un principe généraliste pouvant s’adapter à de nombreux domaines. La formation étant déjà assurée pour l’essentiel. Et un peu «d’exotisme «  ne déplairait pas à beaucoup de volontaires, avec un coût prix/efficacité permettant de mieux indemniser les volontaires.

        • dolgan dit :

          Une grande partie des pilotes civils sont d ex pilotes militaires qui ont préféré le salaire (sur lequel on ne peut s aligner ) a l exotisme.

          Je ne suis pas certain, mais ils doivent etre soumis a la meme regle de disponibilité durant X années apres leur départ de l armée. Et certains sont sans doute aussi réservistes.

      • ji_louis dit :

        Le vivier des marins de pêche se réduit à grande vitesse : Difficulté du métier, difficultés financières, complexités réglementaires, etc. C’est un peu moins le cas pour les marins de commerce mais la quantité est très limitée (et quasiment pas mobilisable).

    • Rakam dit :

      Intéressant…mais, et il est de taille, on parle de volontaires ,donc le recrutement par profession ben bon courage…

    • Veig dit :

      C’est sûr que pendant 1 mois, ils étaient dispos dans le golfe de Gascogne, sinon 80€ par jour comme QMM ça va pas les faire rêver….

    • dolgan dit :

      Vous proposez de réquisitionner du personnel civil en temps de paix/absence de crise pour effectuer des missions régaliennes?

    • Dominique Mathieu dit :

      les FDO et les pompiers sont ils réservistes?

    • Daniel " Hatteras " BESSON dit :

      Cit :[ Pourquoi ne pas piocher chez les marins pêcheurs pour la Marine? Surtout pour la surveillance des côtes. )

      Peut-être par ce que mesamiraux ont  » honte  » de créer une  » milice maritime  » comme en RPC , au Vietnam , aux Philippines , …Un  » guet à la mer  » comme au Venezuela ou un obligation de service comme le prévoit la nouvelle doctrine navale Russe ? ;0)
      Aux Philippines les chefs militaires ne pratiquent pas cette hypocrisea : Ces unités de réservistes ce seront des  » milices maritimes  » . C’est un terme parfaitement admis dans l’Anglossaxonie et les pays soumis à leur influence puisque les premiers Minutemen étaient des … Miliciens marins .

      https://www.rfa.org/english/news/southchinasea/philippines-southchinasea-08102023144505.html

      Perso la seule chose que je crains avec cette structure c’est d’être emme*** lors d’une sortie en mer avec des aminches par des petits matafs du dimanche péteux qui viendront te donner des cours d’ichtyologie . C’est la traduction de  » Ces unités de réservistes « conduiront par exemple des missions de présence, de surveillance, de sauvetage en mer d’opportunité ou de diffusion des règles de bonnes pratiques aux usagers de la mer.  »

      Cela pose d’ailleurs une simple question : De quelle autorité peut se prévaloir un militaire – ici un petit mataf péteux du dimanche à bord d’un semi rigide – sur un civil pratiquant une activité illégale comme la pêche d’une espèce protégée ? ;0) [ C’est du 2nd degré , hein ! ]

      Cit :[ Autant prendre des gens formés et rapidement opérationnels.]

      Il y avait autrefois , toujours ( ? ) , l’affectation collective-individuelle de défense qui concernait les entreprises et les personnels des sociétés de transport routier , ferroviaire et maritime ( opération  » Daguet  » ) ????? A vérifier , ch’ connais pas tout !!!!

  3. Phil dit :

    Beaucoup de blabla, que l’on commence déjà, par être habillé pareil…ça peut paraître bête, mais un œil sensiblement exercé reconnaît facilement un réserviste d’un active. Pourquoi cette différence de traitement ? On nous assène en permanence qu’il ne faut pas faire de différence entre les personnes, mais dans ce cas c’est possible!

    • Réaliste dit :

      Donner le même aspect aux « torchons » et aux « serviettes », même pas en rêve…
      P.S: j’ai fait 22 ans en RO1, je sais de quoi je parle… 😉

  4. Un civil dit :

    je suis plutôt dubitatif, sur l’ utilité de ces futurs unités, je pense que les réservistes peuvent être très utiles dans des fonctions dans des postes à terre comme dans les bases navale, les sémaphores et les fusiliers marins bien sur
    mais des unités naviguante avec seulement des semi- rigides, à part créer des doublons dans les marges des missions de la gendarmerie maritime, des douanes et de la SNSM

    • Bob dit :

      Même impression que vous ! Ça ressemble à une idée lumineuse portée par un très étoilé et que personne n’ose remettre en cause. Et comme d’habitude, on va devoir se traîner ce fardeau plusieurs années avant que ce ne soit abandonné devant l’évidence de l’échec.

    • trekoll44 dit :

      @Un civil pas moi, des réservistes futés, formés aux nouvelles technologies, prêts à concevoir et piloter des centaines de drones et surtout en outre mer avec tous ces espaces maritimes à défendre et si peu de moyens ou de troupes à disposition …. Il faut s’inspirer du Rex des Ukrainiens en mer noire.

    • vno dit :

      C’est justement pour pallier aux trous dans la raquette de la gendarmerie maritime (pas sur qu’ils travaillent la nuit, c’est quasiment des horaires civils ), des douanes ( la maritime n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été et n’assure quasiment plus aucune permanence à la mer en dehors de quelques gros patrouilleurs qui ont peux de résultats n’ayant pas le don d’ubiquité ) et de la SNSM (non armés). Les réservistes sont corvéables et pas cher ! Certaines mentalités n’évoluent pas dans notre pays.

      • dolgan dit :

        Ben dans ce cas, il faudrait des réservistes gendarmerie maritime et douane. Rajouter un étage au millefeuille de la mission « garde cote » , je suis pas certain que ce soit utile .

        La SNSM , c est une association avec des bénévoles.

        Les réservistes sont des volontaires disponibles sur de courtes périodes quelques jours par an. Une fois retiré le temps de formation, il restera pas grand chose (surtout si gros turn over). loin d une main d oeuvre corvéable.

    • Daniel " Hatteras " BESSON dit :

      Cit :[ à part créer des doublons dans les marges des missions de la gendarmerie maritime, des douanes et de la SNSM ]

      BINGO ! D’autant plus que tous les fonctionnaires que vous citez agissent sous l’autorité de la loi et dans un cadre défini par celle-ci ! Un point de détail …
      Connaissant la nature humaine on va vite avoir des incidents avec des matafs du dimanche péteux chez qui le port de l’uniforme va monter à la bourriche … OUPS ! Au bourrichon …
      En clair : Au delà de la mission d’information ils vont se croire investi d’une autorité qui les poussera à vous faire des injonctions .

      Nota : Je ne critique SURTOUT PAS ces structures qui existent dans d’autres pays mais bien certaines des missions que vous décrivez . Protéger les atterrages c’est une mission que toutes ces structures partagent .

      https://www.youtube.com/watch?v=YbrjsjEaOVg

    • Daniel " Hatteras " BESSON dit :

      Ps : Ma remarque ne concerne pas la SNSM !

  5. Dominique Mathieu dit :

    que ce soit marine, armée de terre ou armée de .’air et espace, les FDO et les pompiers pourraient ils être réservistes? 150000 policiers, 100000 gendarmes et 300000 pompiers, ça compte.

    • PK dit :

      Par définition, leur disposition n’est pas possible, car ces troupes assurent un pouvoir régalien aussi indispensable que celui de l’armée : la sécurité en général (celui du monde civil).

      En revanche, leur coopération avec l’arme militaire est souhaitable et en partie réalisée.

  6. PHILIPPE dit :

    Ne pas négliger l’Outre-Mer reste essentiel.

  7. BobdePlab dit :

    Dubitatif également. Tant d’argent dépensé, pour seulement 30 jrs de présence par an. La moindre embarcation « capable » depasse les 50 k€, plus l’équipement et l’entretien. . . . A peine formés et entraînés les équipages devront rentrer à la maison, jusqu’à l’année prochaine ! !. J’espère qu’ils auront la chance de recruter des marins purs et durs. Car se faire secouer le cuir et tasser les vertèbres à chaques sorties (ou presque), risque de ne pas ravir le civil de base à l’esprit aventurier. En même temps, qui n’essaie rien n’a rien.

  8. jack dit :

    amiral , chef du pôle « Cohésion nationale » au sein de l’État-major de la Marine nationale, la réserve côtière ! tout cela laisse perplexe….

  9. ji_louis dit :

    Patrouiller en semi-rigide en fond de Golfe de Gascogne (à partir de Bayonne), c’est une blague ?
    La taille minimale des navires dédiés jusque là (Douanes, Marine Nationale, Affaires Maritimes), c’était 30m, et c’est justifié par le besoin d’autonomie en mer et la capacité à oeuvrer par mer formée. De plus, la Marine n’ a plus aucune base dans le coin (elle a quitté la base Marine-Adour depuis des années). Et pour la surveillance, il vaudrait mieux installer un radar déporté sur la Rhune (le sommet des Pyrénées le plus proche de l’Océan, il y a déjà des émetteurs du SMDSM) pour « voir » toute la zone.

    • dolgan dit :

      Ils seront limités a 6 nautiques.

      Et la nature de l embarcation indique clairement l absence de missions nécessitant de l autonomie ou des sorties en conditions difficiles.

      Les missions, sont pas claires. la seule vraiment clairement exprimée, c est la distribution de flyer . cela donne une idée du sérieux.

    • themistocles dit :

      IL est certain que pour avoir eu cette idée, il ne faut pas avoir pratiqué le golfe de Gascogne dans ses grands moments. Après, selon l’adage « il faut du gros temps pour faire du marin ». Mais ca me parait quelque peu audacieux

  10. akrak dit :

    de manière plus générale y a-t-il des lecteurs/lectrices qui ont participé ou sont encore dans les réserves de l’armée ?
    des expériences et des avis à partager ?

    • themistocles dit :

      Les plus gros points noirs sont : la prise en charge des déplacement, les délais de paiement des périodes de réserve qui peuvent prendre plusieurs mois , les difficultés d’équipement (habillement) , ce dernier point n’étant pas spécifique aux réservistes, le système chaotique de la gestion de l’habillement affectant également le personnel d’active. Le fait d’être réserviste ne fait qu’accroitre les difficultés.

  11. Pldem806 dit :

    J’ai passé dix ans dans la réserve opérationnelle de la Marine nationale dans ma spécialité (120 jours/an) et, ceci est un avis personnel que je partage avec moi-même, pense avoir rendu des services, enfin j’ai continué de servir.
    Pour le reste, l’idée n’est pas nouvelle mais nécessitera des moyens adaptés : soit les unités de réserve sont dotées de pneumatiques et font des patrouilles en rade de Brest ou de Toulon et là, ma foi, cela peut suffire, soit leur mission est plus large et alors, dans ce cas, il faudra investir dans le matériel et dans le personnel.
    Une idée pourrait être de créer des équipages de réserve avec du personnel quittant le service (2 équipages par bâtiment en 2 fois 120 jours/an) qui armeraient des bâtiments dédiés à la surveillance côtière (limite de 12/25 Nq, 25 m/250 tonnes, armement léger – cal .50).
    Pour créer la vocation : solde de réserve non soumise à l’impôt pour le personnel réserviste, délivrer des ordres de commandement aux réservistes ayant les aptitudes (officiers ou officiers mariniers chef du quart), câd créer une véritable marine de réserve avec un commandement composé par du personne de réserve, indépendant organiquement d’ALFAN, sous les ordres du commandement de région. Le problème majeur : le coût et, surtout, la volonté d’agir.
    Pour ma part, je n’ai pas eu à me plaindre : j’ai toujours eu la confiance de mes chefs, j’ai enchainé les missions et n’ai jamais eu de bâtons dans les roues mais je n’étais pas « à la mer » et de surcroit dans une spécialité où pas grand monde entravait quelque chose !
    Je crains que les missions évoquées ci-dessus ne créent des problèmes : la marine nationale a de moins en moins de passerelles donc de commandements, en proposer à des réservistes va être problématique sauf si le Chef tape du poing, ce dont je doute fort, en créant une garde nationale distincte de l’armée d’active avec des missions bien définies et un commandement organique à part (confié à une officier général 2S bien sûr !).
    A suivre.

  12. Twouan dit :

    C’est même le seul endroit où c’est nécessaire.

    Si on a un problème sur une petite île, si on doit mettre 1 mois pour une première action un peu vive c’est mort.

    Et puis cela donnerai des moyens mobilisables rapidement pour les secours en cas de catastrophe.
    Enfin, cela augmentera la cohésion locale comme le font les pompiers volontaires dans nos campagnes.

  13. LaMeuse dit :

    Autant de missions civiles, qui sont à exclure des effectifs militaires à vouer exclusivement aux combats de demain.

  14. Phil dit :

    « realiste » encore un planqué de l’arrière dont le bureau doit se trouver près des cabinets.