La Marine nationale va recevoir 15 systèmes de mini-drones aériens embarqués supplémentaires

En 2021, suite à l’annonce du plan de soutien gouvernemental à la filière aéronautique décidé lors de la pandémie de covid-19, la Direction générale de l’armement [DGA] notifia à Survey Copter, une filiale d’Airbus, une commande portant sur 11 Systèmes de mini-drones aériens embarqués pour la Marine [SMDM], comprenant chacun deux aéronefs de type « Aliaca » et une station de contrôle. Le montant du contrat s’était élevé à 19,7 millions d’euros, formation et soutien logistique compris.

Déployable en moins de quinze minutes par deux opérateurs et doté d’une propulsion électrique, l’Aliaca affiche une autonomie de 3 heures pour un rayon d’action de 27 nautiques. À bord d’une frégate ou d’un patrouilleur, il est lancé au moyen d’une catapulte et sa récupération se fait automatiquement, grâce à un filet. Les données et les images qu’il collecte durant sa mission grâce à sa batterie de capteurs sont transmises en temps réel, de jour comme de nuit.

La Marine nationale mit très vite à l’épreuve ses premiers SMDM, en menant une phase d’évaluation opérationnelle [EVALOPS] depuis le patrouilleur de haute mer [PHM] « Commandant Bouan », avec le concours du Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale [CEPA/10S].

Ces mini-drones agissent comme des « capteurs déportés », c’est à dire qu’ils permettent à un patrouilleur de surveiller une zone donnée ainsi que de repérer et d’identifier les navires qui y naviguent tout en « caractérisant » leurs activités. Et cela à distance supérieures aux portées radar. L’an passé, dans le golfe de Guinée, le PHM « Premier-maître L’Her » a démontré l’apport du SMDM lors de la saisie de 4,7 tonnes de cocaïne à bord d’un cargo et en retrouvant la trace du pétrolier Monjasa Reformer, qui avait été détourné par des pirates.

Puis, en septembre dernier, la DGA fit savoir qu’elle venait de qualifier le SMDM. « Grâce à ces performances, le potentiel d’emploi de ces drones tactiques est large : identification et prise de photos de navires inconnus, repositionnement discret de navires d’intérêt, ou encore recherche de naufragés », avait-elle alors souligné. Et d’ajouter qu’il allait « intégrer progressivement de nouvelles technologies » afin d’améliorer ses capacités.

Initialement, le SMDM devait être uniquement destiné aux patrouilleurs et aux frégates de surveillance. Cela étant, la Marine nationale indiqua qu’elle avait l’intention d’en équiper ses sémaphores – ou du moins un partie d’entre eux – à moyen terme. Peut-être qu’elle sera bientôt en mesure de mettre en oeuvre ce projet.

En effet, ce 5 février, la DGA a annoncé qu’elle venait de commander 15 SMDM supplémentaires pour environ 30 millions d’euros.

« Les premières intégrations de SMDM ayant donné pleine satisfaction sur le plan opérationnel, cette commande complémentaire permettra de répondre aux attentes de massification de la Marine Nationale. Les nouvelles livraisons débuteront dès la fin de l’année 2024 », a précisé la DGA, via un communiqué. Et d’ajouter que ce système de mini-drones pourrait disposer bientôt d’un « transpondeur ».

De son côté, Survey Copter a dit voir dans cette « commande additionnelle » la confirmation de « la relation de confiance » nouée avec la DGA et la Marine nationale. En outre, a souligné l’industriel, depuis le 4 septembre dernier, le « SMDM s’illustre dans une configuration côtière afin d’appuyer les opérations de recherche et secours dans la Manche, menées par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage [CROSS] Gris-Nez [Pas-de-Calais].

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29 contributions

  1. Aymard de Ledonner dit :

    Un bon exemple de système robuste, efficace, suffisamment bon marché pour qu’on puisse multiplier les commandes.

    • HMX dit :

      C’est en effet un premier pas, qui mérite d’être salué. Ces drones vont très largement augmenter les capacités de surveillance et donc l’efficacité de nos patrouilleurs. Il faut continuer en ce sens.

      Au chapitre des regrets, on peut s’interroger sur le gigantesque différentiel de performance qui existe entre ce drone ALIACA, et ses 3 petites heures d’autonomie, comparé à des drones de conception proche et de même gabarit comme le bien-connu SCAN EAGLE de Boeing Insitu. Le Scan Eagle, c’est 20h d’autonomie, et outre des capteurs optiques, il peut également embarquer si nécessaire un radar nano-SAR permettant une utilisation tout-temps. L’ALIACA est de conception récente et avec une motorisation électrique, alors que le Scan Eagle a été conçu au début des années 2000, et dispose d’un petit moteur thermique.

      Puisque c’est la motorisation thermique qui semble expliquer cette énorme différence d’autonomie, pourquoi ne pas avoir retenu ce type de motorisation sur l’ALIACA ? Une autonomie de 3 heures, c’est la possibilité de maintenir une permanence d’observation d’une durée maximale d’1h à 100km du navire (par exemple, pour observer et suivre discrètement un navire en mer, ou des activités suspectes à terre). Avec 20h d’autonomie, on peut tenir la même position près de 18h, et pour peu qu’on dispose d’un relais radio (par exemple, un second drone dédié à cet usage), on peut surtout espérer aller beaucoup plus loin que 100km. Bref, pour un prix similaire, on change totalement de dimension en termes d’allonge et de capacités opérationnelles…

      Loin de moi l’intention de mettre en doute les capacités de Survey Copter, qui a certainement répondu à un cahier des charges très précis de la DGA. Je ne parviens juste pas à comprendre le manque d’ambition de ce cahier des charges, sachant que des produits équivalents ou supérieurs en termes d’autonomie étaient déjà en service et largement utilisés dans le monde (y compris par des navires de pêche !) à la date où ce cahier des charges a été rédigé… Le drame, c’est que « quelqu’un » à la DGA et/ou à la MN s’est simplement dit que 3h d’autonomie, c’était largement suffisant pour nos patrouilleurs et l’usage qu’on pourrait en avoir…

      • Aymard de Ledonner dit :

        Il semble que la furtivité est été une caractéristique importante. Surveycopter indique même que son drone plane très bien ce qui permet de couper le moteur pour s’approcher de la cible en toute discrétion.
        Le SCAN EAGLE est un drone terrestre avant tout. Mais son moteur thermique ne lui permet pas de s’approcher discrètement d’un navire pour préparer l’intervention d’un group de commandos par exemple.
        Apparemment l’autonomie peut monter jusqu’à 6h. Mais encore une fois entre l’autonomie et la discrétion, c’est la discrétion qui manifestement a été choisie.
        Concernant le radar miniature Nano-SAR, c’est évident que ça a un intérêt mais boeing garde son jouet jalousement à mon avis.

    • Oliver dit :

      En Manche via les sémaphores…
      Pour surveiller les réseaux de migration vers le Royaume-Uni ?
      Toujours moins cher qu’un Reaper ou l’emploi d’un Atlantique II.

      Balkans, Méditerranée… Les 3 années à venir seront terribles !

  2. LesChiffres dit :

    Un rayon d’action de 27 nautiques ? Supérieur aux portées radar ? N’y a-t-il pas une coquille quelque part ?

    • Pour Info dit :

      Ben non, le terre est ronde … Un navire, relativement bas sur l’eau, a un horizon assez proche.
      Un drone en altitude à 20 nautiques du porteur peut étendre considérablement la surface surveillée.
      Du coup la coquille on la détecte de très loin. ;).

      • Marine dit :

        Si vous pouvez détecter la « coquille », alors elle aussi peut vous détecter… L’horizon radioélectrique, ça marche dans les deux sens.

        • Pour Info dit :

          Oui et non … essaye de trouver un drone qui te filme, d’expérience pas évident, même quand tu l’entends.
          Il y a aussi la taille qui compte (la SER pour les radars).

    • Huon dit :

      Ca dépend de la hauteur où se situe le radar (et de la hauteur de la cible qu’on veut repérer), mais assez vite le radar est bloqué par la rotondité de notre planète.

    • Roland Desparte dit :

      Je me pose la même question …

      • Tu abuses un peu... dit :

        Prends de la hauteur… tu te la poseras plus….

        • Abbé Cherèle dit :

          Défense et illustration du « ne plus ».

          Quand, à l’écrit, on omet d’utiliser « ne » dans une phrase négative, on prend le risque d’exprimer l’exact opposé de ce qu’on voulait dire.
          Ainsi, « tu te la poseras plus » signifie littéralement qu’il se posera davantage encore la question, alors que l’intention était vraisemblablement(1) de dire qu’il cessera de se la poser, ce qui aurait dû s’écrire « tu ne te la poseras plus ».

          Ce petit « ne » fait toute la différence.

          (1) : Si, comme cela reste néanmoins possible, l’intention de « Tu abuses un peu… » était bien d’exprimer une augmentation de la perplexité de son interlocuteur proportionnellement à l’altitude, je lui présente mes excuses les plus contrites.

  3. Félix GARCIA dit :

    « En outre, a souligné l’industriel, depuis le 4 septembre dernier, le « SMDM s’illustre dans une configuration côtière afin d’appuyer les opérations de recherche et secours dans la Manche, menées par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage [CROSS] Gris-Nez [Nord-Pas-de-Calais]. »
    —> Des Cabri G2 et des ULM/paramoteurs/autogires en appui de nos unités côtières et fluviales, notamment à partir d’une réserve étendue.
    Voire proposer aux pilotes amateurs d’être défrayés (carburant) si lors de leurs vols de plaisance ils remplissent des missions pour l’état (de surveillance/recherche et sauvetage/patrouille avant tout), et ce, en accord et en coordination avec les Armées ?

    • Mica X dit :

      Faire de l ULM au dessus de la mer… tu es déjà monté dans ces scarabées ? Déjà le long de la côte ça secoue…

      Bon ils ont des parachutes déjà, faudra voire si ils peuvent emporter des bouées.

      • Avekoucenzeh dit :

        Une fois n’est pas coutume, c’est bien le verbe « voir » qui convient ici, pas l’adverbe « voire » (qui signifie « et même »).

        Faudra voir s’ils peuvent emporter des bouées.

      • Félix GARCIA dit :

        Même ce type d’ULM ?
        https://www.xl8.fr/

        « Bon ils ont des parachutes déjà, faudra voire si ils peuvent emporter des bouées. »
        « D’une pierre, deux coups » alors : des Kodiak 100 !
        ^^

    • HMX dit :

      @Felix GARCIA
      Pourquoi pas, mais pour la surveillance de ces voies de passage maritime, un réseau de ballons mis en œuvre à poste fixe depuis des barges flottantes ancrées sur les fonds marins serait certainement beaucoup plus efficace et moins coûteux à l’usage. Les ballons, dotés de capteurs appropriés, permettraient une surveillance continue 365 jours par an. Ils seraient supervisés depuis les CROSS, et pourraient automatiquement être redescendus à distance pour être mis à l’abri dans un hangar sur la barge, par exemple en cas de tempête, ou pour les opérations de maintenance. Pour les passages maritimes les plus étroits, comme le Pas-de-Calais et le CROSS du Cap Gris-Nez, il est peut être même possible de faire l’économie d’une barge et d’implanter les ballons directement sur la côte.

      L’investissement initial de quelques dizaines de millions d’euros serait rapidement amorti, comparé à l’usage ponctuel de drones. Surtout, le confort, la qualité et la sécurité des observations serait très largement amélioré par l’usage de ces ballons d’observation… une technologie pourtant très ancienne, mais qui est toujours promise à un grand avenir !

    • Prof de physique dit :

      Votre esprit survolté et inventif, votre vaste connaissance de notre Base Industrielle de Défense ne vous ont elles pas apporté des jalousie et autres hostilités dans la vie réelle ?
      J’apprécie vos commentaires même si je ne les lis pas tous avec l’attention qu’ils méritent.
      Mais tout le monde ne réagit peut être pas comme moi.

  4. Rakam dit :

    Bien,la surveillance, empêchez de ce prendre un drone dans le buffet c’est mieux…donc a tout prendre j’opterais pour une défense accrue de nos navires et si il reste un peu de tune et bien pourquoi pas.

    • Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? dit :

      Empêcher de Se prendre un drone dans le buffet, c’est mieux.

  5. Le Suren dit :

    On progresse, c’est bien.

  6. Vins dit :

    En regardant les caractéristiques, 3000 m de plafond.
    Après tout dépend de la qualité des capteurs.
    Mais l’engin semble performant. Un peu faible en distance et vitesse moyenne de 65 km/h. Mais avec quelques amélioration, ça peut être un bon produit.

  7. Achille-64 dit :

    ‘il est lancé au moyen d’une catapulte et sa récupération se fait automatiquement, grâce à un filet’
    Le pilote du drone ne doit pas être un ‘novice’, car le filet n’est sûrement pas très grand. Si la mer est formée, la récupération est certainement difficile, sur un petit bâtiment.

  8. Félix GARCIA dit :

    « Le groupe Etienne Lacroix acquiert Milton dans le cadre de la pyrotechnie avec des drones »
    https://www.helicomicro.com/2024/02/06/etienne-lacroix-milton/

    Intéressant …

  9. Prof de Physique dit :

    Un drone de surveillance côtière est une bonne idée.
    Puisque l’on est moins limité en place et en poids à terre, ne serait il pas sage de prévoir une version bimoteur de cet engin pour aller au dessus des flots ?

    • Grossous dit :

      Dans l’absolu, vous avez peut-être raison, mais la perte d’un tel engin en mer n’aurait d’autre conséquence que pécuniaire pour la Marine nationale (pas d’équipage, risque infinitésimal qu’il chute sur un bateau).
      L’arbitrage doit donc se faire entre l’augmentation du coût du programme en passant d’un système monomoteur à un système bimoteur (et celui lié au fait de devoir gérer deux systèmes différents : monomoteur embarqué, bimoteur à terre) et le coût financier sur la durée de vie estimée du programme du remplacement des éventuelles pertes dues à un problème moteur.
      Étant donné la très rapide évolution des technologies en matière de drones et le coût relativement faible de ces équipements, il semble probable que ces machines seront de toute façon remplacées à assez brève échéance par une nouvelle génération et qu’il ne soit donc pas vraiment pertinent de se lancer d’emblée dans l’étude d’une solution bimoteur pour les seules machines basées à terre.