La marine espagnole veut plus de frégates F-110 et de sous-marins S-80

Publié peu avant le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, un rapport parlementaire avait plaidé en faveur d’un « sursaut capacitaire » de la Marine nationale afin de lui permettre de faire face à l’évolution de la situation sécuritaire dans le bassin méditerranéen, marquée par des disputes territoriales, le durcissement des politiques d’affirmation de puissance, le réarmement de certains pays riverains, le risque du terrorisme maritime, les trafics et l’instrumentalisation des flux migratoires.

« Une réflexion sur l’accroissement du nombre de nos bâtiments de premier rang […] parait nécessaire en vue de consolider la position de la Marine nationale, au regard du réarmement naval des puissances en Méditerranée », avait soutenu ce document.

Seulement, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 n’est pas allée dans le sens de cette recommandation, le format des forces navales françaises devant rester inchangé dans les années à venir, avec quinze frégates de premier rang.

Ce qui ne sera pas le cas de celui de la marine italienne, Rome ayant lancé un plan ambitieux en 2019 en vue d’accroître significativement sa puissance maritime. Ainsi, à l’horizon 2030-35, la Marina Militare pourrait aligner dix-neuf frégates, deux « destroyers », sept patrouilleurs hauturiers polyvalents, huit corvettes, huit à douze sous-marins U-212 et deux porte-aéronefs [le Trieste et le Cavour].

Le contexte sécuritaire en Méditerranée nourrit aussi la réflexion de la marine espagnole [Armada española], laquelle souhaiterait disposer de davantage de moyens.

Actuellement, celle-ci se concentre sur la modernisation de ses cinq frégates F-100 [classe Álvaro de Bazán], l’appropriation de son nouveau sous-marin S-80 [quatre unités prévues] et la construction de cinq frégates de type F-110, destinées à remplacer celles de la classe Santa Maria, dont la plus ancienne a été admise au service actif en 1986. En outre, une enveloppe de 400 millions d’euros doit lui être attribuée pour qu’elle puisse renouveler sa flotte de navires auxiliaires dans les années à venir.

Il est donc question pour l’Armada española d’aller au-delà de ce renouvellement capacitaire. Mais cela dépendra de la volonté de Madrid de porter effectivement ses dépenses militaires à 2% du PIB d’ici 2028/29. En tout cas, c’est ce qu’a récemment expliqué l’amiral Ricardo Hernández, responsable du soutien logistique de la Marine [AJAL – Almirante Jefe de Apoyo Logístico], lors d’une conférence organisée par le quotidien El Confidencial à Cordoue.

« Jusqu’à présent, nous remplaçons un navire par un autre. Si le gouvernement maintient son engagement d’augmenter le budget [de la défense] jusqu’à 2% du PIB en 2029, nous pourrons augmenter la taille de notre flotte », a-t-il en effet déclaré.

« En pensant à la prochaine décennie, nous envisageons d’acquérir une ou deux frégates F-110 de plus, un cinquième, voire un sixième, [sous-marin] S-80 ainsi qu’un ou deux autres navires d’assaut amphibie », a détaillé l’amiral Hernández.

Cependant, la hausse des crédits militaires est une condition nécessaire mais pas suffisante… Il faudra en effet à la marine espagnole recruter davantage. Et cela, dès maintenant… car former des marins prend du temps. « On parle de dix ou quinze ans », a souligné l’AJAL.

Si ses voeux se réalisent, la marine espagnole pourrait donc disposer de douze frégates de premier rang [cinq F-100 et sept F-110] et de six sous-marins S-80, le premier – l’Isaac Peral – ayant été admis au service actif en novembre dernier, vingt ans après avoir été commandé à Navantia. Selon les plans actuels, le dernier – pour le moment – de la série, le S-84 « Mateo García de los Reyes », devrait être opérationnel en 2028.

À noter que l’Armada española a rarement mis en oeuvre plus de quatre sous-marins appartenant à une même classe. Actuellement, elle n’en compte que deux, le S-81 Isaac Peral ayant rejoint le S-71 Galerna, de conception française [il appartient à la classe Agosta, ndlr].

Cela étant, l’amiral Hernández n’a pas abordé l’avenir de l’aviation navale espagnole [Flotilla de Aeronaves, FLOAN], qui attend une décision sur le remplacement de ses avions de combat EAV-8B+ Matador II, qu’elle exploite à partir du porte-aéronefs Juan Carlos I. Le seul appareil susceptible de lui convenir est le F-35B, à décollage court et à atterrissage vertical [STOVL].

Photo : Navantia