La Suède envisage de déployer un bataillon en Lettonie pour renforcer la dissuasion de l’Otan

Pour le moment, l’adhésion de la Suède à l’Alliance atlantique est toujours suspendue au bon vouloir des Parlements turc et hongrois. Si la commission des Affaires étrangères de la Grande Assemblée nationale de Turquie a récemment envoyé un signal positif en approuvant un accord préliminaire en vue de la ratification de la candidature suédoise, la Hongrie s’inscrit dans une autre logique. Cela dépendra « de la rapidité et de l’efficacité avec laquelle la confiance pourra être instauré entre Budapest et Stockholm », a expliqué János Boka, le ministre hongrois des Affaires européennes, dans les pages du quotidien finlandais Ilta-Sanomat.

Cela étant, sans attendre le feu vert de la Turquie et de la Hongrie, la Suède se prépare à renforcer le flanc oriental de l’Otan. C’est en effet ce qu’a annoncé son Premier ministre, Ulf Kristersson, lors de la Conférence annuelle sur la sécurité et la défense « Folk och Försvar », le 8 janvier.

Ainsi, a-t-il indiqué, Stockholm a l’intention de déployer l’équivalent d’un bataillon en Lettonie, où le Canada est la « nation cadre » d’un groupement tactique multinational. En décembre 2023, celui-ci réunissait des unités fournies par l’Albanie, la République tchèque, l’Islande, l’Italie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Pologne, la Slovaquie, la Slovénie et l’Espagne.

Lors du sommet organisé par l’Alliance à Madrid, en 2022, il fut décidé de renforcer les huit groupements tactiques multinationaux déployés sur le flanc oriental. « Leur taille passera, là où et lorsque cela sera nécessaire, du bataillon à la brigade », précise l’Otan.

Déjà, le Canada a fait savoir qu’il doublerait sa présence militaire en Lettonie d’ici 2026, avec 2200 soldats déployés en permanence. Ceux-ci devraient donc être rejoints par un bataillon suédois, issu en l’occurrence du « régiment de Scanie du sud (P7) », doté de véhicules de combat d’infanterie CV-90. Telle est l’annonce faite par le ministère suédois de la Défense, le 9 janvier.

Dans le détail, cette participation se fera en alternance avec un bataillon danois, une relève devant avoir lieu tous les six mois. Au moins 600 soldats du régiment de Scanie du sud devraient être envoyés en Lettonie en 2025.

« Ce sera l’une de nos contributions les plus visibles à la défense collective de l’Otan. C’est une tâche que nous prenons très au sérieux. Tout comme la possibilité de recevoir un soutien militaire en Suède en cas de besoin, la capacité de déployer des forces au-delà de nos frontières est également cruciale pour notre futur rôle au sein de l’Otan », a fait valoir le général Jony Lindfors, le chef d’état-major de l’armée suédoise.

Quoi qu’il en soit, M. Kristersson a estimé que son pays peut en faire plus. « La Suède dispose de capacités militaires uniques – dans les airs et sous la mer, grâce à ses capacités de renseignement et à ses soldats prêts à affronter l’hiver. Nous pouvons assumer une plus grande responsabilité dans la région de Baltique et au sein des structures de commandement de l’Otan. Et nous connaissons les conditions maritimes dans cette zone qui sera désormais encerclée par les Alliés », a-t-il fait valoir. « Nous avons un rôle clé à jouer dans le déploiement et le transport des forces de combat alliées, permettant à l’Otan d’opérer dans notre partie de l’Europe », a-t-il conclu sur ce sujet.

Photo : Felix Sundbäck/Forces armées suédoises