Selon la Marine nationale, le nombre d’actes de piraterie et de brigandage est resté « stable » en 2023

En plein essor dans l’océan Indien, au début des années 2010, la piraterie maritime relève désormais de l’anecdote, grâce notamment au déploiement de forces navales relativement importantes dans la région ainsi que par la présence de gardes armés à bord des navires commerciaux. Pour autant, au niveau mondial, ce phénomène n’a jamais pu être complétement éradiqué. Ainsi, ces dernières années, les détournements de navires et les actes de brigandage ont été les plus nombreux dans le golfe de Guinée, en raison de la situation politique et sociale au Nigeria.

En 2022, le centre d’expertise français à compétence mondiale dédié à la sûreté maritime, le Maritime Information Cooperation & Awareness Center [MICA Center], établi à Brest, avait dit avoir constaté 300 actes de piraterie et de brigandage dans le monde. Selon le rapport qu’il a publié ce 8 janvier, il en a dénombré 295 l’an passé. Soit le plus bas niveau constaté depuis le début des statistiques, en 2008.

« Le nombre global d’actes de piraterie et de brigandage est globalement stable. La tendance à la hausse en Asie du Sud-Est est contrebalancée par la légère baisse observée dans l’arc des Caraïbes. La nouveauté réside cette année en une résurgence possible de la menace pirate au large de la Somalie. Cette tendance alimentée par divers incidents en fin d’année peut être conjoncturelle mais devra être surveillée dans les prochains mois », souligne le MICA Center.

Dans le détail, 107 incidents ont été relevés dans la région « Amériques & Arc des Caraïbes » [dont 105 actes de brigandage], ce qui en fait la zone la plus dangereuse pour le trafic maritime en général et la navigation de plaisance en particulier. L’Asie du sud-est et l’océan Pacifique arrivent en seconde position, avec 104 incidents comptabilisés [dont un acte de piraterie].

Après s’être nettement améliorée en 2022, la situation dans le golfe de Guinée est restée stable, avec 31 incidents répertoriés l’an passé. Avec un bémol toutefois : le nombre de personnes enlevées est reparti à la hausse [18 en 2023 contre seulement 2 un an auparavant]. « On est loin d’être dans une situation complètement sereine. Il y a toujours un potentiel pour que ça redémarre », a commenté le capitaine de frégate Éric Jaslin, le commandant du MICA Center.

Mais l’attention se porte surtout sur la situation dans l’océan Indien, et plus précisément au niveau du détroit de Bab el-Mandeb, où les rebelles Houthis, en soutien au Hamas, ont lancé plus d’une vingtaine d’attaques contre le trafic maritime commercial depuis la mi-novembre. Ce qui, pour le MICA Center, a « semé le chaos dans cette zone où le calme semblait revenu depuis la fin de la piraterie ».

« Même si les activités liées à la piraterie demeurent faibles, grâce à une présence militaire continue dans la région, les conditions pour un retour sont toujours présentes : instabilité politique, pauvreté, insécurité, pêche illégale… Cette dernière continue en effet de créer des conflits entre pêcheurs qui peuvent affecter la sûreté des navires dans la zone », explique-t-il.

Et d’ajouter : « Des incidents récents au large du Puntland peuvent laisser penser à une résurgence de la menace des pirates dans la zone. En première analyse, il semble que ces incidents soient plutôt liés à une situation politique complexe et conjoncturelle à terre. Cependant, un autre cas de piraterie au large de Socotra sur un vraquier [le M/V Ruen, ndlr], en décembre, cimente cette inquiétude et est bien la preuve que ce phénomène qui avait disparu depuis 2017, n’est pas éradiqué ».

Par ailleurs, la sécurité maritime n’est pas seulement affectée par les actes de piraterie et de brigandage. Ainsi, le MICA Center note une « hausse générale des trafics divers et de la pêche illégale ». Si ces phénomènes concernent toutes les régions, certaines sont plus affectées que d’autres.

Tel est le cas, encore, de l’Océan Indien. « C’est dans le domaine de la pêche Illégale, Non réglementée et Non déclarée [INN] que l’on observe la plus forte augmentation parmi toutes les catégories. Au total, 639 incidents de pêche INN ont été enregistrés par l’IFC IOR [Information Fusion Centre – Indian Ocean Region] entre janvier et octobre 2023, soit une augmentation significative de 32 % par rapport à janvier-octobre 2022 », avance le rapport. « Les lacunes juridiques, les zones non réglementées par les organismes régionaux de gestion des pêches, les violations des réglementations locales, la pêche pendant les périodes interdites, l’utilisation de méthodes de pêche illégales et la présence de flottes de pêche extrarégionales/ éloignées sont les principaux facteurs à l’origine des incidents de pêche INN dans l’ensemble de la région », précise-t-il.

Même chose pour les trafics de produits stupéfiants, qui constituent toujours un « sujet de préoccupation » pour la France de l’océan Indien. En 2023, 5,1 tonnes de drogue – héroïne et méthamphétamines – ont été saisies… contre « seulement » 1,5 tonne un an plus tôt. « Cette dynamique semble indiquer une reconfiguration des flux de substances psychotropes adoptant des routes de plus en plus sud dans le canal du Mozambique », estime le MICA Center.

Photo : Marine nationale

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22 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    « Y. GIRON | Les outre-mers français et les nouveaux risques maritimes »
    https://www.youtube.com/watch?v=lhvhgj_kt_Y

    « Les lacunes juridiques, les zones non réglementées par les organismes régionaux de gestion des pêches, les violations des réglementations locales, la pêche pendant les périodes interdites, l’utilisation de méthodes de pêche illégales et la présence de flottes de pêche extrarégionales/ éloignées sont les principaux facteurs à l’origine des incidents de pêche INN dans l’ensemble de la région »
    —> « Inventer la pêchécologie, une agroécologie de la mer »
    Didier Gascuel, directeur du Pôle halieutique, mer et littoral de l’Institut Agro
    https://www.youtube.com/watch?v=EsQMupBW_k0
    —> « Pêcheur 2.0 », documentaire diffusé lors du deuxième jour des Assises de la mer 2023 :
    https://www.youtube.com/watch?v=UH07bAJ2mhg
    (de 4:37:15 à 5:23:10)

    « En 2023, 5,1 tonnes de drogue – héroïne et méthamphétamines – ont été saisies… contre « seulement » 1,5 tonne un an plus tôt. »
    —> « Le narcotrafic au prisme du journalisme d’investigation »
    https://www.youtube.com/watch?v=Z9sJsXexHdI
    Il semblerait que l’on cible particulièrement le narcotrafic qui alimente les groupes armés.

  2. Robmac dit :

    les rebelles Houthis ne pratiquent pas des actes de piratage (dont le but est de voler des cargaisons et des navires, pour obtenir des rançons) mais des actes de guerre.

    La pêche illégale dans l’océan indien, et probablement aussi dans le Pacifique montre la faiblesse de nos moyens pour protéger nos ZEE, les deuxième en importance du monde.

    • Cantatrice dit :

      « La pêche illégale dans l’océan indien, et probablement … »
      On ne met pas de virgule devant et après la conjonction de coordination et.
      Et est une conjonction de coordination (ou coordonnant) qu’on emploie pour lier entre eux des mots, des groupes de mots ou des phrases. Les unités ainsi coordonnées sont toujours de même niveau syntaxique (deux sujets, deux compléments, deux phrases, etc.).

      • Robmac dit :

        Merci de me confirmer pourquoi la grammaire française est un repoussoir

      • Le correcteur corrigé dit :

        On peut très bien mettre une virgule avant la conjonction de coordination « et », en particulier quand elle est présente plusieurs fois dans une même phrase, afin de séparer les propositions. Exemple : « Martine viendra accompagnée de son père et de sa mère, et son frère arrivera plus tard accompagné de son épouse et de ses enfants. »

        • Cantatrice dit :

          La personne qui utilise mon pseudonyme avec un certain sans-gêne semble hélas avoir quelques lacunes.

        • Pirate dit :

          @ cc
          Dans votre exemple, le ⁴4 était de faire deux phrases : « …et sa mère.ŕ Son frère arrivera plus tard. »

      • Cantatrice dit :

        Vous abordez là un répertoire qui dépasse mes compétences vocales. Ceci justifierait que vous adoptiez un autre nom de scène.

      • Abbé Cherèle dit :

        « On ne met pas de virgule devant et après la conjonction de coordination et. »
        Votre approche semble quelque peu réductrice.
        L’article ci-après fournit de nombreux cas d’usages légitimes d’une virgule avant ou après « et » :
        https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/23446/la-ponctuation/virgule/la-virgule-avec-la-conjonction-et

        Dans le cas de ce qu’a écrit @Robmac, cette virgule utilisée seule n’a effectivement pas sa place mais, si une seconde virgule était venue fermer l’incise, elle aurait été admissible, avant ou après le « et » :
        La pêche illégale dans l’océan indien, et probablement aussi dans le Pacifique, montre la faiblesse de nos moyens.
        La pêche illégale dans l’océan indien et, probablement aussi, dans le Pacifique montre la faiblesse de nos moyens.

      • Typographe dit :

        @Cantatrice (ou l’usurpateur de son pseudo)

        D’une part, vous avez tort, comme vous l’indiquent deux participants.
        D’autre part, si vous voulez vous lancer dans les corrections typographiques, faites-le en étant vous-même irréprochable. Ainsi, il ne doit pas y avoir d’espace avant des points de suspension : « et probablement… »

  3. Adam " Caustic" BESSON dit :

    Cit :[ Selon la Marine nationale, le nombre d’actes de piraterie et de brigandage est resté « stable » en 2023 ]

    Et pour le réveillon de la Saint-Sylvestre ? ;0)

  4. PHILIPPE dit :

    Pour contrer les pirates la marine nationale dispose de toute une palette de moyens humains et matériels.
    Il s’agit là d’une utile et noble mission.

  5. Rakam dit :

    Avec ce que nous mettent les Houts c’est exponentielle en 2024…Après les moyens sont là, ont fait au mieux.

  6. Amazonino BESSON dit :

    Cit :[ . La tendance à la hausse en Sud-Est Asie est contrebalancée par la légère baisse observée en zone arc des Caraïbes. ]

    Pour info les Bataves , après les Norskies avec  » Invasion  » , y font leur propre ( ? ) film-série sur une attaque par un  » môchôn vôâsôn dôctotôriôl  » , devinez lequel et où ?
    Bon , c’est le  » Veragua  » …. Un toponyme historique qui a du mal à dissimuler le  » môchôn  » !

    https://www.youtube.com/watch?v=MaJyUEzhSCM

    • Bench dit :

      Ca vous ennuierait d’écrire vos commentaires en français correct et lisible pour le bien de tous? C’est excessivement énervant de devoir se farcir ce sabir indigeste à l’orthographe, la syntaxe et la ponctuation approximatives.

      • Melonite dit :

        Bien sûr que ça l’ennuierait. Vous ne voudriez pas qu’il se mette à écrire comme le commun des mortels ? Ce serait d’un vulgaire !

        • Paul Letissier dit :

          Et surtout, il n’écrit pas pour être lu mais pour se donner l’impression d’exister.
          Être compréhensible lui importe peu.
          Quant à nous, peu nous chaut qu’il le soit.

  7. Speedbird 101A dit :

    Pour faire baisser la piraterie en mer
    c’est très simple : adopter la méthode russo-indo- chinoise avec les pirates c’est à dire : le CWIS et pas de prisonniers….

  8. mikeul dit :

    Bonjour mr Lagneau merci pour votrr site et bonne annee. Une interrogation:
    Le lien suivant avec son graphe indiquant une augmentation ne semble pas tirer les memes conclusions que vous:
    https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/
    Ou est l’erreur?

  9. PAMPAM Président de l'association multinationale des pauvres pirates du monde dit :

    Je reconnais qu’il y a eu du relâchement chez nous en 2023, comme j’ai dû le reconnaître devant nos sponsors mécontents.
    Amollis par nos succès antérieurs, nous n’avons pas atteint nos objectifs cette année.
    Mais je vous promets à tous que nous allons nous reprendre en 2024.