La Turquie lance la phase de conception d’un second porte-aéronefs

Élaborée dans les années 2000 sous l’impulsion de l’amiral Cem Gürdeniz, le concept de « Patrie Bleue » [Mavi Vatan] vise à faire de la Turquie une puissance navale afin de lui permettre de préserver ses intérêts en mer Égée, en mer Noire et en Méditerranée orientale, voire d’y affirmer ses prétentions territoriales, en particulier face à la Grèce et à Chypre. Évidemment, elle suppose un vaste effort en faveur de la modernisation et de l’accroissement de ses forces navales.

Cet effort s’est en partie concrétisé en avril 2023, avec l’admission au service actif du TCG Anadolu, un porte-aéronefs qui fait désormais office de « navire amiral » de la marine militaire turque.

Construit selon le modèle du navire d’assaut amphibie Juan Carlos I du constructeur naval espagnol Navantia, le TCG Anadolu affiche un déplacement de 27’000 tonnes pour une longueur de 231 mètres et une largeur de 32 mètres. Il a été conçu pour mettre en oeuvre des drones de combat [des Baykar TB-3 et des « Kızılelma »], des hélicoptères, voire des avions légers d’attaque Hürjet. En plus de ses capacités aéronavales, il est également en mesure de déployer l’équivalent d’un bataillon, grâce à quatre péniches de débarquement.

Pour autant, Ankara n’entend pas en rester là. Depuis maintenant plusieurs années, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, évoque l’idée de construire un second porte-aéronefs [le TCG Trakya] encore plus imposant que le TCG Anadolu. Il l’a d’ailleurs fait en octobre dernier, à l’occasion du centenaire de la République de Turquie.

« Nous conclurons un nouvel accord avec l’Espagne afin d’accorder à notre pays une version améliorée du navire TCG Anadolu et de porter le nombre de nos porte-avions [sic] à deux », avait en effet déclaré M. Erdogan. Et d’insister : « Aucune puissance impérialiste ne pourra empêcher la République turque d’emprunter le chemin vers le bonheur, le succès et la victoire ».

Cependant, la construction de ce second porte-aéronefs n’était encore qu’à l’état de projet. Ce qui n’est désormais plus le cas. En effet, réuni sous la présidence de M. Erdogan, le 3 janvier, le comité exécutif de l’industrie de défense turque a décidé de lancer la phase de conception d’un « porte-avions ».

À noter qu’une éventuelle coopération avec l’Espagne n’a pas été évoquée. En tout cas, Navantia se tient prêt à répondre aux besoins d’Ankara, comme son directeur commercial pour l’international, Jorge Gardia Monendero, l’avait assuré dans un entretien accordé en février 2023 à Defense Turkey.

Par ailleurs, d’autres décisions ont été prises lors de cette réunion. Ainsi, la construction de quatre frégates de type « Istanbul » supplémentaires a également été confirmée. La première de la série – la TCG Istanbul – devrait être admise au service actif dans les semaines à venir et trois autres [les TCG Izmir, TCG İçel et TCG İzmit] seront en principe livrées à la marine turque d’ici 2027. Enfin, d’autres patrouilleurs hauturiers de type Hisar [dont deux unités sont en cours de construction] seront commandés.

Les frégates de la classe Istanbul et les patrouilleurs de type Hisar font partie du projet « Milgem », lequel prévoit aussi la construction de huit « destroyer » TF-2000 de 8500 tonnes. Or, aucune décision n’a été encore prise à leur sujet.

Photo : TCG Anadolu