L’Aviation royale canadienne recevra 11 drones MALE MQ-9B SkyGuardian à partir de 2028

Encore récemment, l’Aviation royale canadienne [ARC] disposait de deux drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] de type Heron, loués auprès du groupe israélien IAI en 2008 afin de soutenir l’engagement militaire d’Ottawa en Afghanistan. Afin de palier ce déficit capacitaire, le projet de « Système d’aéronefs télépilotés » [SATP] fut lancé en 2017, avec une enveloppe de 5 milliards de dollars canadiens [soit 3,46 milliards d’euros]. L’objectif était alors d’acquérir 12 appareils.

Seulement, la procédure prit beaucoup de retard, en raison de la « difficulté à mobiliser les fournisseurs compte tenu de la complexité du projet », fit valoir le ministère canadien de la Défense. Mais aussi à cause des débats sur l’opportunité d’armer ou non de tels appareils. Finalement, deux offres lui furent soumises, l’une par l’américain General Atomics, avec le MQ-9B SkyGuardian, l’autre par la filiale canadienne de L3 Technologies, associée à IAI pour proposer le drone Artemis, développé à partir du Heron TP israélien.

Cependant, l’issue de ce dialogue « compétitif » ne laissa aucun doute quand, en septembre dernier, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains, publia un avis autorisant le Canada à acquérir, pour 290 millions d’euros, des munitions et des équipements destinés au… MQ-9B SkyGuardian, dont 219 missiles air-sol AGM-114R2 Hellfire, 12 bombes Mk82, 12 radars à synthèse d’ouverture AN/APY-8 Lynx et des nacelles de guerre électronique Sage 750 pour l’identification et le suivi des émissions radar. Il ne restait plus qu’à attendre la confirmation du type de drone qu’Ottawa envisageait alors d’acquérir.

Ce qui a été fait le 19 décembre. Ainsi, le ministère canadien de la Défense ainsi que celui des Services publics et de l’Approvisionnement ont annoncé l’achat de 11 MQ-9B SkyGuardian et six stations au sol pour 2,5 milliards de dollars canadiens [soit 1,7 milliard d’euros]. Le coût des infrastructures nécessaires à la mise en oeuvre de ces drones est compris dans cette somme.

En outre, General Atomics a pris des engagements en matière de retombées économiques, avec la création de 700 emplois au sein de l’industrie canadienne.

« Nous devons nous assurer que le Canada dispose d’une armée moderne, adaptable et prête à répondre aux défis de sécurité émergents et en constante évolution », a commenté Bill Blair. « Le Canada doit répondre à la demande croissante d’aide nationale tout en préservant sa capacité de défendre le Canada, de protéger l’Amérique du Nord et d’appuyer ses alliés », a-t-il ajouté.

Selon le communiqué publié par le gouvernement canadien, les premiers MQ-9B SkyGuardian seront livrés à l’ARC à partir de 2028. Il faudra attendre encore cinq ans pour que cette flotte soit déclarée pleinement opérationnelle… En clair, seize années se seront écoulées depuis le lancement du projet SATP.

Ces drones permettront aux Forces armées canadiennes de « surveiller le vaste territoire et le long littoral du Canada » et « ils soutiendront les opérations d’aide civile telles que les interventions lors d’incendies de forêt et d’inondations », explique Ottawa.

Mais, étant donné leur capacité à « détecter, reconnaître, identifier, suivre et engager des cibles dans des environnements complexes », ces appareils pourront également être engagés dans des opérations extérieures, afin de « fournir aux commandants une vue d’ensemble des situations opérationnelles avec des informations en temps quasi réel ».

Enfin, soutient encore le gouvernement canadien, les MQ-9B SkyGuardian « permettront également au Canada de remplir de façon optimale ses missions du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord [NORAD] et de l’Otan, tout en assurant une plus grande interopérabilité avec les forces des États-Unis » ainsi qu’avec celles de l’Alliance.

Ces drones MALE seront exploités par la 14e Escadre Greenwood [Nouvelle-Écosse] et la 19e Escadre Comox [Colombie-Britannique]. « Le centre de contrôle au sol, qui abritera les postes de pilotage des aéronefs, sera situé à Ottawa », précise le ministère canadien de la Défense.